Aussi l’association des Amis de la RASD n’est jamais indifférente à ce qui se passe au Maroc, à tout ce qui pourrait permette à ce pays du sortir du carcan d’une monarchie autoritaire, qui se sert de la question du Sahara occidental pour sauvegarder son pouvoir. Mais l’actualité récente de ce pays, de ses rapports avec la France, n’est pas encourageante alors que nous pouvions espérer des avancées à la veille de la réunion du Conseil de sécurité. La Monarchie a fixé le cadre fin 2014 avec le Forum mondial des droits de l’homme, tenu à Marrakech. Une grande opération de communication où le Conseil des droits de l’homme marocain (CNDH) est à la manœuvre pour vendre l’existence d’un Etat de droit. Mais en même temps, l’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) est pratiquement interdite de bouger, dénoncée comme « agent de l’étranger », Wafae Charaf, militante du 20 février, condamnée à 2 ans pour avoir porté plainte contre les policiers qui l’avaient agressée. En France c’est l’ACAT (Association des chrétiens pour l’abolition de la torture) qui a reçu une convocation de la justice marocaine dans le cadre d’une plainte pour « diffamation, outrage envers les corps constitués, utilisation de manœuvre et de fraude pour inciter à faire de faux témoignages, complicité et injure publique ». C’est ensuite la presse qui est dans la ligne de mire. Un journaliste de F24 expulsé, deux autres venus réaliser un documentaire pour FR3, également expulsés et dépouillés de l’ensemble de leur matériel. Jean-Louis Perez et Pierre Chautard ont été suivis, surveillés, puis « rattrapés » par la police marocaine dans les locaux de l’AMDH. Intrusion musclée d’une trentaine de policiers qui ont également molesté une des militantes de cette association, Rabia Bouzidi. Face à cette violence hors de proportion, les autorités françaises, à Rabat comme à Paris, ont prudemment tourné le regard, pour ne pas compromettre la toute récente réconciliation franco-marocaine. Réserve qui n’a pas manqué d’interroger ces deux journalistes qui ne se sont pas sentis protégés dans ce pays dit « ami ». Mais cette prudence n’a pas été suivie par tous ceux qui ne se satisfont pas de la situation marocaine ! Ainsi l’association qui décerne le prestigieux prix Albert Londres, a refusé de tenir son édition en mai 2015 à Tanger : « Le prix Albert Londres ne peut pas laisser planer le doute d’une quelconque connivence avec des autorités qui ordonnent ou laissent faire ». Ainsi, les principales associations des droits de l’homme, LDH, FIDH, REMDH (réseau euro- méditerranéen des droits de l’homme), FEMED et OMCT (associations qui luttent contre la torture), « s’inquiètent, déplorent, voire condamnent les actes de violence et la recrudescence des entraves à la liberté d’information, d’association et de réunion au Maroc depuis plusieurs mois ». Mais c’est surtout, le prix payé par nos autorités, pour sceller notre « réconciliation » avec le Maroc, qui a suscité l’ incompréhension et l’indignation de nombreuses associations. (MRAP, AFASPA, ACAT, ASDHOM, LDH, Maître Baudoin, Président honoraire de la FIDH, Plate-forme solidarité avec le peuple sahraoui, Camion Citerne pour les Sahraouis etc) : Abdellatif Hammouchi, chef des renseignements marocains, élevé au rang d’officier de la légion d’honneur. Ce dernier, est en effet l’objet de plaintes déposées par l’ACAT, pour torture et complicité de torture. Plaintes retenues par la justice française. L’ACAT, traque partout dans le monde les pratiques de tortures et l’impunité des bourreaux. Ses dossiers sur le Maroc sont épais et anciens. Aussi il faut saluer sa forte protestation aux portes de la Grande Chancellerie : « C’est la légion d’honneur que l’on déshonore. Abdellatif Hammouchi est mis en cause par au moins deux victimes qui allèguent avoir été torturées au centre de détention de Temara, administré par la DST dont il était responsable ». Le délégué général de l’ACAT, Jean Etienne de Linares, est intervenu de son côté : « La remise de la légion d’honneur à M.Hammouchi est un affront aux victimes de la torture, aux droits de l’homme et à un symbole de la République française ». L’association des Amis de la RASD, s’étonne que cette logique de la raison d’Etat impose à nos autorités de brader ainsi nos valeurs, qui pourtant sont depuis janvier, sans cesse rappelées et exaltées. Elle les appelle à préparer avec fermeté dans le respect du droit international, la réunion du prochain Conseil de sécurité, qui devra statuer sur le mandat de la Mission de paix de l’ONU, la MINURSO. Compte-tenu du contexte marocain, dénoncé par l’ensemble des associations des droits de l’homme, il est urgent qu’avec un mandat élargi, la MINURSO ait le pouvoir de protéger les Sahraouis soumis à l’occupation marocaine et à tous les excès d’un système sécuritaire. La liberté d’expression ne peut s’arrêter aux portes du Maroc. |
Association des Amis de la RASD 356 rue de
Vaugirard 75015 Paris
www.sahara-info.org / www.ecrirepourlesliberer.com |
mercredi 4 mars 2015
La réconciliation franco-marocaine, à quel prix ?
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