Par Mohammed Jaabouk, 18/12/2014
Démantèlement d'un camp de migrants
subsahariens au Maroc / Archive - DR |
Le 18 décembre est la journée mondiale du migrant. Quarante-huit heures auparavant, les autorités de Oujda ont tenu à fêter cet évènement, à leur manière, par le démantèlement, en plein hiver, d’un campement de fortune de Subsahariens situé dans la forêt Sidi M’Afa, tout près du quartier Al Massakine (les pauvres).
Une quarantaine de tentes en plastique servant d’abri à environ 80 ressortissants du Nigéria, dont 27 femmes et 11 enfants, ont été complétement détruites. Des sources locales avancent que, lors de l’opération, les forces publiques n’auraient pas lésiné sur les moyens, citant la participation d’un hélicoptère de la gendarmerie royale et de plusieurs véhicules des différents corps de la sûreté.
Pour faire plaisir à l'UE ?
La section de l’AMDH de l’Oriental, qui rapporte la nouvelle, avance même qu’un espace en plastique dédié aux prières des migrants a subi le même sort. Dans une lettre de protestation adressée conjointement à Mohamed Hassad, Mustapha Ramid et Anis Birou, l’ONG s’interroge si le recours à la force contre des migrants subsahariens serait-il en phase avec « la nouvelle politique migratoire », préconisée par l’Etat depuis septembre 2013 et concrétisée par le lancement d’une campagne de régularisation des sans-papiers ?
Le timing de l’attaque de Oujda a coïncidé avec la tenue à Bruxelles de la 12ème session du conseil d’association Maroc- Union européenne. Le volet migratoire était au menu des entretiens entre les deux parties. L’UE tente de convaincre le royaume d’accueillir définitivement sur son territoire les migrants subsahariens.
Fin novembre, la Commission européenne a annoncé l’octroi d’une aide de 10 millions euros destinée à soutenir « la politique migratoire et d’asile suivie par le Maroc ». Plusieurs membres au sein des Vingt-huit, menée par l’Allemagne, souhaitent que Rabat accède à une demande datant de 2004, visant à construire des centres de rétention pour migrants, moyennant des compensations financières.
Dans le cas présent, le démantèlement des tentes en plastique à Oujda semble obéir à des considérations économiques. En effet, une partie de la forêt Sidi M’Afa devrait être aménagée pour accueillir un projet touristique.
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