Zakaria Moumni, ex-champion du monde de boxe thaïlandaise.
La publication, il y a
quelques jours, du rapport du Sénat américain sur le recours de la CIA à
la torture et sur la présence de sites hors des Etats-Unis où celle-ci a
été pratiquée par les Américains relance le débat sur la torture dans
certains pays africains.
Ces révélations ont aussi renforcé la détermination de Zakaria Moumni, un ex-champion du monde de boxe thaïlandaise à obtenir justice. Ce sportif marocain, qui a désormais la nationalité française, affirme avoir été torturé en 2010 dans la prison de Témara pendant quatre jours, avant de faire ensuite 18 mois de prison pour une affaire d'escroquerie montée de toutes pièces selon ses défenseurs.
Ces révélations ont aussi renforcé la détermination de Zakaria Moumni, un ex-champion du monde de boxe thaïlandaise à obtenir justice. Ce sportif marocain, qui a désormais la nationalité française, affirme avoir été torturé en 2010 dans la prison de Témara pendant quatre jours, avant de faire ensuite 18 mois de prison pour une affaire d'escroquerie montée de toutes pièces selon ses défenseurs.
Quatre ans après, Zakaria Moumni demande réparation pour les préjudices subis. En
février dernier, faute d'obtenir gain de cause, il porte plainte en
France contre le patron du contre-espionnage marocain Abdellatif
Hammouchi et contre le secrétaire particulier du roi Mounir Majidi. Une
plainte qui manifestement dérange. Ces dernières semaines de nouvelles
pressions ont été exercées sur le sportif opiniâtre via des
photomontages à caractère pornographique.
Pourtant, Zakaria Moumni affiche une détermination sans faille.
Rencontré dans son appartement de la banlieue parisienne, cheveux
gominés, chemise mauve satinée, et chaussures bien cirées, il s'exprime
aux côtés de sa femme Taline Moumni, son plus fidèle soutien. Montrant
avec fierté ses médailles posées sur une étagère, il déclare qu'il ne
demande ni réparation financière ni poste, mais seulement une
reconnaissance des traitements qui lui ont été infligés. Il réclame la
condamnation d'Abdellatif Hammouchi le patron de la DGST, le
contre-espionnage marocain, qu'il affirme avoir aperçu durant les quatre
jours où il était torturé dans la prison de Témara, et celle du
secrétaire particulier du roi Mounir Majidi, qui est selon lui à
l'origine de ses problèmes.
L'abattoir de Sa Majesté
Condamné pour une affaire d'escroquerie suite à des aveux extorqués
sous la torture, dit-il, il a été condamné à trois ans de prison, puis
gracié finalement au bout de 18 mois et libéré le 4 février 2012. Depuis
ce jour, il n'a de cesse de solliciter une audience avec le roi pour
lui demander réparation et lui dire que c'est en son nom que ses
tortionnaires ont agi. « Les bourreaux me disaient, ici c'est
l'abattoir de Sa Majesté, ici on va te découper et faire de toi de la
viande hachée et tu sortiras des boites de conserve. Et ça, c'est les
ordres du roi. »
En mars 2013, le ministre de l'Intérieur Mohand Laenser lui promet
finalement l'audience tant attendue. Dans une conversation téléphonique,
dont Zakaria Moumni a gardé un enregistrement, il lui assure qu'il
n'est pas question de le piéger et l'invite à venir au Maroc avec sa
femme. Le couple sera logé trois nuits dans une suite, à l'hôtel la Tour
Hassan à Rabat, du 3 au 6 mars 2013. Plusieurs rencontres auront lieu
dans la suite avec le ministre, qui propose au boxeur, selon son
témoignage, des compensations financières. L'audience royale elle n'aura
jamais lieu. Le couple rentre donc en France où il réside. Le champion
reste en contact avec Mohand Laenser, qui finit par lui annoncer au
téléphone en novembre 2013 qu'il n'y aurait finalement pas de procédure
judiciaire intentée, et qui lui fait comprendre que les agents
responsables des actes de torture étaient intouchables.
Apprenant la présence à Paris d'Abdellatif Hammouchi début 2014,
Zakaria Moumni décide de porter plainte en France contre le patron du
contre-espionnage marocain et le secrétaire particulier du roi Mounir
Majidi. Une enquête préliminaire a depuis été ouverte par le parquet.
Mais cette plainte déposée devant la justice française déclenche une
nouvelle vague de pression contre Zakaria Moumni.
Le 14 octobre dernier, il reçoit un message émanant d'un numéro
marocain non masqué. On y voit une capture de vidéo, montrant le
champion en peignoir, sur le canapé de la suite de l'hôtel dans lequel
il était logé. Mais le bas du corps a fait l'objet d'un montage à
caractère pornographique. Ce message est accompagné d'un SMS qui
prévient le boxeur : « Cette séquence vidéo est la première sur 57 autres disponibles. »
La seconde photo arrive le 25 novembre avec un message, « 2/57 » et se
double d'une menace verbale, proférée par un inconnu qui sonne à
l'interphone de l'immeuble du boxeur : « Si tu ne retires pas ta plainte contre Majidi et Hammouchi, on va rendre public les vidéos et tu auras des représailles ».
Le boxeur se précipite alors en bas de son immeuble, en vain. Il dépose
une main courante le jour même. Et ses avocats, Maître Patrick Baudouin
et Maître Clémence Bectarte, décident de déposer plainte contre X le 3
décembre au parquet de Nanterre pour menace et atteinte à l'intimité de
la vie privée.
Pour Maître Patrick Baudouin, « ce sont des méthodes choquantes de basse police un peu inhabituelles au Maroc ». L'avocat dénonce une « dérive inadmissible de la part des autorités marocaines dont l'implication paraît établie ». Il dit espérer que la justice française mène l'enquête sans interférence politique.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Lire aussi :
Zakaria Moumni balance sur Youtube des enregistrements audio avec de hauts responsables marocains,
http://www.demainonline.com/category/culture-medias/
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