Par Souad Guennoun, 17/12/2014
Surveillance et répression de peur de soulèvement :
Lundi 15
décembre, près de l’Avenue Royale dans la vieille médina de
Casablanca, 3 maisons se sont écroulées entrainant la mort d’une
femme âgée et d’un homme, ainsi que 3 blessés graves transférés à l’hôpital. Les
premiers secours sont venus des habitants, tandis les pompiers sont arrivés sur
les lieux pendant que les forces de l’ordre dispersaient les habitants qui se
rassemblaient sur le lieu du drame.
A
Casablanca dans la vieille médina, les maisons vétustes s'écroulent, sans
secours aux familles démunies, les constructions et surélévations sans
autorisation, avec la complicité des élus, sous l'œil bienveillant des agents et
techniciens, la corruption et les passe-droit, les budgets détournés, les travaux
exécutés sans contrôle ni respect des règlements de construction.
Rien
n'arrête des projets pharaoniques de la percée de l'Avenue Royale qui traverse
une partie de la vielle médina de Casablanca !
Ainsi une
Commission vient d'être mise en place pour recenser les logements vétustes, pour
expulser les habitants sans solution de rechange. Des drames en perspectives qui
affecteront les populations les plus pauvres des pauvres, les personnes âgées,
les femmes pour plupart divorcées avec enfants et sans ressource, les jeunes
sans emploi, les vieux habitants, les derniers marins, les derniers artisans, la
disparition de petits métiers ...
La
destruction des vieux liens sociaux et de solidarité entre les habitants qui ont
nourri les résistances de la population de la première ville industrielle du
Maroc, Casablanca, qui se transforme en ville pour les services.
Mégapole,
nouvelle gare, en verre et acier en bord de mer, grands
hôtels et constructions sur le domaine maritime, marinas, grands travaux et endettement, financements
internationaux et spéculations à tout vent.
Pour qu’un
tel projet soit viable, il faudrait évacuer les habitants de Casablanca, les
nouveaux indigènes de cette re-conquète de l’espace urbain.
Mais l’ère
de l’ultralibéralisme que traverse le Maroc, Casablanca, première ville
industrielle du Maroc doit se transformer en ville de services et
se conformer au standard international qui transforme tout citoyen en
consommateur.
La lutte pour la survie sera dure. Seules de nouvelles luttes,
unitaires, larges et transversales permettraient de résister à l’effacement
de la mémoire collective de Casablanca et remettre le citoyen au cœur
d’un projet citoyen, collectif, social, à visage humain.
Souad
G.
Rappel
Les
forces de l’ordre ont entouré leurs terres- aujourd’hui vendues à la Société
d’Aménagement Ryad-, par des panneaux de
tôle. Enfermé-e-s dans une prison à ciel ouvert, ces citoyen-ne-s sans terres
sont surveillé-e-s par les chiens du service de sécurité mis en place pour les
empêcher de reconstruire. Parallèlement, au mois de mars, les forces de l’ordre
sont intervenues au Douar Drabka, également situé à Guich Loudaya, pour
procéder à la destruction des pépinières et des échoppes commerciales dans
lesquelles les habitant-e-s vendaient légumes et fruits issus de leurs
cultures.
Situé
en plein dans le quartier résidentiel de Hay Ryad, les terres de la tribu Guich
Loudaya, sont des terres collectives agricoles, dans lesquelles la tribu Guich
vit depuis plusieurs générations. Ces terres leur ont été octroyées par le
Sultan Moulay Abderrahmane en 1838, en compensation de leurs services - en tant que tribu guerrière – au royaume
chérifien. Depuis son installation sur ces terres, la tribu Guich, à l’origine
nomade, a opté pour l’agriculture vivrière.
Du
fait de l’expansion de la ville de Rabat, ces terres constituent un enjeu
foncier considérable convoité par les promoteurs immobiliers et par les
politiques urbaines. L’accaparement des terres Guich, se fait par
l’intermédiaire de la mise sous tutelle du ministère de l’Intérieur qui revend ces terres à des prix dérisoires
aux promoteurs immobiliers sous couvert d’un besoin d’urbanisation de la ville
de Rabat. Ces opérations sont menées en violation des dispositions du Dahir
(décret royal)
du 27 avril 1919 qui avait retiré au Ministère de l’Intérieur la tutelle de ces terres et avait accordé la propriété pleine et entière à la collectivité de la tribu Guich.
Aujourd’hui, les
destructions continuent. Depuis le 17 juin, les habitants vivent sous la menace de
l’expulsion. Le jeudi 18 décembre 2014, les forces de l'ordre vont procéder à
la destruction des maisons restantes et des baraquements en plastique.
Nous assistons à un démantèlement brutal du dernier bastion existant d’agriculture paysanne de la ville de Rabat et ce au profit de promoteurs immobiliers qui façonnent une ville blanchie de toutes les formes populaires et collectives d’occupation de l’espace. Sous la bénédiction du ministère de l’Intérieur et sous couvert de lutte contre les bidonvilles, la privatisation des terres collectives laisse chaque jour des Marocain-e-s sans terre. La prédation foncière nationale couverte par les directives des instances internationales doivent cesser ! Nous ne voulons pas d’une ville façonnée par des standards internationaux libéraux mis au profit d’une minorité au pouvoir qui, sous couvert de modernisation, entraîne la marginalisation urbaine, détruit toute forme d’autonomie agricole et alimentaire, et massacre les formes traditionnelles de gestion de l’espace.
Nous,
organisations signataires de cet appel :
·
Réclamons
l’arrêt immédiat des expulsions.
· Réclamons
qu’une solution de relogement adaptée soit proposée aux habitants
·
Soutenons
les citoyens de Guich Loudaya dans leur droit légitime à disposer de leurs
terrains et de préserver leur activité agricole.
·
Appelons
toutes les organisations et tous les individus à se mobiliser dans la lutte
contre la prédation foncière et exprimer toute la solidarité avec les habitants
de Guich Loudaya ainsi que toutes les victimes d’expulsion illégales et
illégitimes.
Stop aux
expulsions et à la prédation foncière !
La terre appartient
à ses habitant-e-s et à ceux/celles qui la travaillent !
Organisations signataires
de l’appel :
·
ATTAC Maroc
·
Droit au
logement (France)
·
No Vox
international
·
AMDH/ Paris
Ile de France
·
ATMF
(France)
·
ACSUR
Catalunya
·
Observatoire
de la Dette dans la Globalisation, Catalogne
·
CGT
Andalucia
·
Confédération
paysanne France
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