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samedi 20 décembre 2014

" Le Maroc commence à vivre avec la très probable possibilité de perdre sa guerre coloniale "( L'Ambassadeur sahraoui au Nigeria )

M. Oubi, peut-on savoir quelle est l’importance, de la tenue de la 5e Conférence d’Alger consacrée au peuple sahraoui ?
L’intitulé de cette conférence parle de lui-même : « Droits des peuples à la résistance : cas du peuple sahraoui ». Il marque le contexte historique de la lutte de notre peuple. Le rendez-vous d’Alger s’est déroulé dans un contexte juridiquement clair, appuyé par des résolutions très solides des Nations unies et du Conseil de sécurité. Il y a une très grande littérature en la matière qui consolide les aspirations du peuple sahraoui comme étant la dernière colonie en Afrique. Dans le contexte actuel du conflit, il n’est un secret pour personne que le Maroc se trouve face à des problèmes très sérieux, d’une façon très claire, peut-être pour la première fois depuis le début des années 1990. Le royaume est en confrontation ouverte non seulement avec les Sahraouis et le Front Polisario, mais aussi avec les Nations unies, l’envoyé personnel et la représentante spéciale de Ban-Ki-moon… et les organisations humanitaires internationales. Cette attitude négative et impulsive, on la trouve dans le dernier discours suicidaire du roi qui a ouvert le feu sur tous les partisans de la justice, de la justesse et du respect des droits de l’homme. Ce discours renseigne sur l’Etat d’esprit de Mohamed VI, qui commence à vivre avec la très probable possibilité de perdre sa guerre coloniale.

Vous dites que le contexte juridique est clair, mais ne pensez-vous pas que c’est sur ce plan qu’il faille, d’abord, avancer ?
Bien évidemment. Mais le monde n’est pas seulement « gouverné » par les lois. Le Droit international est clair, très clair même. Toutefois, comme vous le savez d’ailleurs, il y a des realpolitiks qui empêchent notre lutte d’évoluer rapidement. A ces considérations, s’ajoutent les positions de grandes puissances, comme la France. Ce pays qui est un pays membre permanent du Conseil de sécurité a, notamment ces dernières années, joué un rôle très négatif et a empêché les Nations unies d’assumer leurs responsabilités. Je le répète, la base juridique était très claire depuis le début. Maintenant, avec l’intifada de notre peuple, le soulèvement pacifique, on a réussi à intéresser le monde à notre sort, et notre cause est désormais discutée au sein des grandes capitales internationales.

Néanmoins, en Europe, en dépit du travail extraordinaire qu’effectuent parlementaires et représentants de la société civile, notamment espagnols et français, la cause sahraouie n’est traitée dans les médias de ces pays que d’une manière sporadique. Un paradoxe ?
Il faut être réaliste. Avant, le problème du Sahara occidental se résumait ainsi : il n’y avait pas de guerre, pas de confrontation directe entre les citoyens autochtones et les forces d’occupation. Maintenant ce n’est plus le cas, l’Intifada et le soulèvement pacifique, comme je l’ai dit, ont réussi à attirer l’attention des médias et des missions des organisations humanitaires internationales. Je crois que, d’une part, cette confrontation directe entre le Maroc et la communauté internationale, et d’autre part, la résistance des Sahraouis dans les territoires libérés et les camps de réfugiés, ont convergé et débouché sur  une solidarité humanitaire, exemplaire à travers le monde.


Il y a un début de processus pour le règlement du conflit du Sahara occidental qui est différent des années précédentes. La communauté internationale se rend compte, de plus en plus, que l’argumentaire marocain, qui se base sur la realpolitik et l’intérêt, ne conduit pas le monde dans la direction correcte, celle du respect des droits du peuple sahraoui, qui a le droit de vivre libre et indépendant, comme tout autre peuple du continent africain. 

Le Maroc, en dépit des pressions internationales qui sont désormais exercées constamment sur lui, n’est-il pas en train de gagner du temps par rapport aux échéances qui lui ont été fixées ?
Je ne le crois pas. L’atmosphère et la conjoncture en général sont favorables à la lutte de notre peuple. Le Maroc commence à sentir la très forte et probable perte de son aventure coloniale au Sahara occidental. L’histoire ne lui est pas favorable, pas plus que ne lui est la loi.

Le Maroc exerce des lobbyings, notamment en Afrique, pour s’attirer des soutiens à son occupation du Sahara occidental. Cette conférence vise-t-elle à cesser l’influence de ce pays ?
Les membres de mouvement de solidarité internationale ne sont pas forcément réunis à Alger pour faire cesser les moyens de corruption que le Maroc emploie à grande échelle. Certains documents, récemment parus, montrent les tentatives marocaines de corrompre plusieurs capitales, africaines ou étrangères. Les solidaires avec le peuple sahraoui ne peuvent pas rentrer en compétition avec le Maroc pour qui la corruption est un terrain de prédilection par excellence. A contrario, des gouvernements, des représentants de partis politiques et de la société civile, des juristes et universitaires qui sont venus de tous les continents sont là pour transmettre ce message noble et leur soutien au peuple sahraoui jusqu’à son indépendance. Tous s’accordent à dire qu’il est temps, grand temps, de régler ce problème de façon définitive. Dans ce contexte, permettez-moi de dire, à travers votre quotidien El Moudjahid, que les Sahraouis n’ont besoin que d’une journée de démocratie, une journée qui nous ouvre les portes du référendum de l’autodétermination et de la paix. Cette doléance ne relève pas de l’impossible, pourquoi cet espoir est toujours remis à plus tard...  

D’aucuns estiment que ces conférences, à l’image de celle d’Alger et les mobilisations internationales sont très prometteuses. Mais n’est-il pas temps d’aller au-delà de ce genre de rencontres ?
Bien évidemment. Il y a de longues discussions sur la manière de changer les modalités d’exprimer la solidarité. Les participants à la Conférence d’Alger ont été unanimes pour aller, comme vous le dites, au-delà des communiqués, de la rhétorique. Il faut s’adapter aux nouvelles dynamiques des conflits. Et presser davantage le Maroc pour se conformer à la légalité internationale.

Qu’entendez-vous par « au-delà ? »   
Je pense à des démarches pratiques. A titre informatif, permettez-moi de souligner qu’un accord a été trouvé entre les différents participants. Objectif : entamer les mêmes actions qui ont été appliquées contre l’apartheid. Il faut dire la vérité crûment : on a laissé beaucoup de temps au Maroc pour qu’il coopère et honore ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale et du peuple sahraoui. Entretemps, on a perdu trop de temps, si j’ose dire.

Après la Conférence d’Abuja, celle prévue en octobre dernier au Bénin n’a pas encore eu lieu. Un simple retard ?
Justement, je saisis l’occasion qui m’est offerte pour dire que l’année 2015 connaîtra la tenue de deux très grandes conférences. La première est une conférence universitaire internationale qui aura lieu au cours de la première semaine d’avril prochain à Abuja. Des enseignants universitaires viendront des quatre coins de la planète se réunir pendant deux jours afin de discuter, de débattre la cause sahraouie dans toute ses dimensions, notamment historique et légale. A Abuja, les professionnels vont aborder de nouveaux angles. Outre l’Union européenne, appelée à consentir des efforts en faveur de notre cause juste, les universitaires auront aussi à rappeler à l’Union africaine la nécessité de passer à la phase offensive.
Après l’activation de son rôle l’année dernière et la nomination de son envoyé spécial, en l’occurrence Joaquim Chissano, ancien président mozambicain, cette Union est appelée à être davantage présente. Quant à la Conférence africaine, dont la première édition avait lieu au Nigeria, celle-ci se tiendra en octobre 2015 à Johannesburg, et non au Bénin comme cela a été annoncé. Ce changement est d’ordre organisationnel. Pour nous les Sahraouis, tenir un aussi important évènement au pays de Mandela, outre la symbolique qu’il représente, est un honneur. Les Sud-Africains ayant vécu des décennies durant sous un régime d’apartheid, aussi cruel que sanglant, auront certainement beaucoup de choses à dire et de messages à transmettre. L’objectif des Sahraouis et des solidaires avec notre combat, est d’inscrire cette initiative dans la durée.
Et je vous promets, que nous n’allons pas nous en arrêter là !

 http://www.spsrasd.info/fr/content/lambassadeur-sahraoui-au-nigeria-le-maroc-commence-%C3%A0-vivre-avec-la-tr%C3%A8s-probable-possibilit%C3%A9

1 commentaire:

  1. Les marocains sont colonisés & Harcelés depuis des siècles par les predators ALAOUITES...je vous exhorte à continuer à lutter contre la dictature Marocaine.
    Bon courage
    Une Citoyenne du monde (marocaine indignée)

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