Jeunes Français : est-ce que voyager au Maroc serait dangereux ?
un article de Marie-Jo solidmar.blogspot.fr, 2/11/2014
Souad, Franco-Algérienne dont le frère est en prison à Tanger, me
raconte : « Lors de mon voyage au Maroc, à la prison de Tanger j'ai
trouvé mon frère Abdel-Aziz très affaibli avec un regard vide comme s’il n'avait
plus d'espoir.
Je lui ai ramené des médicaments et des vitamines de France et au
parloir je l'ai forcé à manger une barre de céréales devant moi. Il y a trois
mois ma sœur Sonia l’a aussi trouvé amaigri et affaibli, et l’a forcé à manger
un peu devant elle.
Ma sœur et
moi avons été très mal traitées lorsque nous sommes allées rendre
visite à mon frère. Le personnel pénitentiaire ainsi que le directeur de la
prison nous ont très mal parlé. J'ose à peine imaginer ce que mon
frère subit dans cette prison où il est détenu depuis décembre.
Lui et Yassine
continuent leur grève de la faim. »
A son retour de
Tanger, Souad me donne de
nouvelles précisions sur cette incroyable affaire, qui est en fait une
double affaire :
Au départ
ils étaient quatre amis, trois Franco Maghrébins et un Marocain, partis au Maroc
pour passer des vacances à la fin de l’année dernière. Mon frère Abdel-Aziz
pensait y rencontrer Karima, une jeune Marocaine de Tanger qu’il a connue sur
facebook.
A cette époque une
“bande des quatre” malfrats sévissait dans les environs de Tanger, association
de malfaiteurs qui commettaient vols, braquages, même un crime ... Ils
sont recherchés par la police. Arrive à Tanger une “bande de quatre “amis qui souhaite passer des
vacances tranquilles.
Nos quatre
voyageurs ne comprennent pas pourquoi on les appelle parfois la “bande des
quatre”, ni surtout pourquoi le 5 décembre des membres de la DST les
arrêtent brutalement pour “détention d’armes à feu”, leur bandent les yeux, leur
attachent les mains et les pieds et les amènent en fourgonnette au commissariat
de Casablanca, à 200 km de Tanger.
Pendant cinq jours
ils sont torturés. Souad raconte : « Les policiers les ont tabassés, leur ont
craché dessus ; ils leur ont mis la tête sous l'eau, leur ont envoyé des
décharges électriques dans les testicules à l'aide de batterie de voiture. Ils
les ont pendus par les pieds, et j'en passe, toujours en prenant soin de ne pas
laisser de traces. “
La
DST se serait-elle rendue compte de son erreur? Fallait-il trouver une autre
raison à cette brutale arrestation ?
Souad
poursuit :” Arrêtés
sans la moindre preuve de culpabilité, les inspecteurs de police les ont forcés
à s'accuser les uns les autres afin d'obtenir des aveux. Il n’a plus été
question de détention d’armes à feu, mais la torture devait les amener à avouer
un trafic de stupéfiant. Par la torture il était facile de faire avouer
n’importe quoi ! »
Ils ont ensuite été ramenés à Tanger, à la prison où le juge les a informés qu’en appel seuls Abdel-Aziz et Yassine sont condamnés à 2 ans de prison ferme.Tarek, condamné à un an de prison, bénéficiera de la grâce royale le 20 aout lors de l’Aïd. Quant à l’ami marocain il est déjà libéré deux semaines après l’arrestation.
Ils ont ensuite été ramenés à Tanger, à la prison où le juge les a informés qu’en appel seuls Abdel-Aziz et Yassine sont condamnés à 2 ans de prison ferme.Tarek, condamné à un an de prison, bénéficiera de la grâce royale le 20 aout lors de l’Aïd. Quant à l’ami marocain il est déjà libéré deux semaines après l’arrestation.
Abdel-Aziz
et Yassine sont condamnés à deux ans de prison, sans savoir pourquoi.
“Mon
frère est asthmatique, ils l'ont traité comme un chien » écrit Souad. Il ne
semble pas y avoir de suivi médical. Comme il ne connait au Maroc que sa petite
amie à qui les visites sont interdites puisque pas mariés (mais est-elle
vraiment légale, cette interdiction? Moi-même, étrangère, j’ai pu rendre visite
à des prisonniers politiques marocains à la prison
d’Oukacha...)
Seule
sa famille, qui vit en France, peut le prendre en charge. Tous les trois mois,
une de ses deux sœurs, ou sa mère fait le déplacement pour soutenir ce fils et
frère parti en vacances qui se trouve en prison pour trafic de drogue qu’il
n’a avoué que sous la torture, mais qu’il a sinon toujours nié.
Désespéré en apprenant qu’il aura à passer
deux ans dans cette prison, il a tenté de se suicider, heureusement ses
codétenus l’en ont empêché.
Souad
l’ainée des deux sœurs d’Abdel-Aziz compte d’abord sur la
justice marocaine pour rétablir la vérité.
«J’en suis au 4ème avocat. Ils ne servent à rien. Ils ont toujours
menti en me disant: “Ça y est, il va bientôt passer devant le juge et de là il
sortira”. Nous avons ainsi perdu plusieurs mois.»
Le consul, averti de la grève de la faim rend visite aux
prisonniers... pour leur demander de l’arrêter . Maigre assistance consulaire !
Le juge leur rend visite pour leur parler d’une
caution de 40 000€ !
Les gardiens volent plusieurs fois l’argent que la famille leur
envoie.
Au bout de quelques mois, ne voyant rien bouger, découragée, Souad
s’adresse à Amnesty, à l’ACAT, à des associations de droits de l’Homme, à la
presse, à Hollande. Amnesty et l’ACAT craignent que tenter une action pour leur
libération ne politise l’affaire et leur porte préjudice. Les associations de
Droits de l’Homme ne réagissent pas, à part le Comité de soutien aux familles
des prisonniers européens détenus au Maroc et Solidarité Maroc 05 qui lance une
pétition sur cyberacteurs (http://www.cyberacteurs.org/ cyberactions/liberte-trois- francais-partis-vacan-802.html ). A signer, même s’il manque les données récentes.
Début juin 2014 les prisonniers entament une grève de la
faim, seul moyen pour des prisonniers de crier leur innocence. Depuis
plus de 4 mois ils obligent ainsi l’administration pénitentiaire à assurer un
suivi médical minimum et fournir ce qu’il faut pour, malgré tout, survivre
(sucre, un peu d’eau, etc.), ce qui rend furieuse cette administration qui
réagit par des menaces : vols, transfèrement vers une prison plus éloignée ...
Les conditions de vie en prison
sont lamentables. Ils sont séparés et internés avec des prisonniers de droit
commun. Leur vie est pourtant jalonnée d’espoirs (grâces royales, transfèrement
en France) mais aussi de désespoirs et d’incompréhension, puisque toujours
exclus.
Les deux prisonniers et leurs familles se posent toujours
la question : De quoi Abdel-Aziz et
Yassine sont-ils coupables alors que leurs compagnons sont libérés ? Qu’ont-ils
fait que les deux autres n’ont pas fait ?
Après leur arrestation l’appartement d’Abdel-Aziz a été mis sens
dessus dessous. La police n’a trouvé ni armes, ni drogue, mais le passeport de
Karima qui a été emporté. Pour le récupérer elle s’est rendue avec
l’avocat chez le juge qui lui a reproché :
« Tu n’as pas honte ! Pourquoi tu ne
fréquentes pas un Marocain comme toi, au lieu de fréquenter un Français
d’origine algérienne ?
- C’est parce que c’est lui que j’aime, tout
simplement ! » réponse qui a irrité le juge.
Le
8 septembre : bonne nouvelle : la vraie “bande des quatre” est démasquée et
arrêtée !
“Arrestation
de 4 personnes recherchées dans une affaire d’association de malfaiteurs,
d’enlèvements et de tentative d’extorsion”http://www. medias24.com/SOCIETE/14157- Tanger-deux-policiers-arretes- nouvelle-piste-pour-le- braquage-du-fourgon-blinde. html
C’est
la joie ! Formidable espoir de libération ! enfin !!!
Mais
rien ne change. Ils ne font pas partie des libérés suivants. Pourquoi
?
C’est
le désespoir !
Il faut lever le silence sur cette injustice, partout, par tous les moyens ! Le fait de n’être que de simples citoyens français et pas des militants n’est pas une raison pour ne pas se battre pour la libération de ces deux garçons toujours en prison alors que les vrais coupables ont été arrêtés !!
Il faut lever le silence sur cette injustice, partout, par tous les moyens ! Le fait de n’être que de simples citoyens français et pas des militants n’est pas une raison pour ne pas se battre pour la libération de ces deux garçons toujours en prison alors que les vrais coupables ont été arrêtés !!
Publié il y a 17 minutes ago par Luk Vervaet
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