Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

lundi 3 novembre 2014

Tragiques "vacances" au Maroc pour des jeunes Français. Comment connaitre la vérité ?

Malheureusement cette version des faits n'est pas la dernière. D'autres révélations,  en livrent l'enchainement, encore plus sordide. Bientôt sur solidmar.NDLR

un article de Marie-Jo  solidmar.blogspot.fr,  2/11/2014
Souad, Franco-Algérienne dont le frère est en prison à Tanger, me raconte : « Lors de mon  voyage au Maroc, à la prison de Tanger j'ai trouvé mon frère Abdel-Aziz très affaibli avec un regard vide comme s’il n'avait plus d'espoir.
Je lui ai ramené des médicaments et des vitamines de France et au parloir je l'ai forcé à manger une barre de céréales devant moi. Il y a trois mois ma sœur Sonia l’a aussi trouvé amaigri et affaibli, et l’a forcé à manger un peu devant elle.
Ma sœur et moi  avons  été très mal traitées lorsque nous sommes allées rendre visite à mon frère. Le personnel pénitentiaire ainsi que le directeur de la prison nous ont très mal parlé. J'ose à peine imaginer ce que mon frère subit dans cette prison où il est détenu depuis décembre.
Lui et Yassine continuent leur grève de la faim. »
A son retour de Tanger,  Souad me donne  de nouvelles  précisions sur cette incroyable affaire, qui est en fait une double affaire :
Au départ ils étaient quatre amis, trois Franco Maghrébins et un Marocain, partis au Maroc pour passer des vacances à la fin de l’année dernière. Mon frère Abdel-Aziz pensait y rencontrer Karima, une jeune Marocaine de Tanger qu’il a connue sur facebook.
A cette époque une “bande des quatre” malfrats sévissait dans les environs de Tanger, association de malfaiteurs qui commettaient vols, braquages, même un crime ...  Ils sont recherchés par la police. Arrive à Tanger une “bande de quatre “amis qui souhaite passer des vacances tranquilles.
Nos quatre voyageurs  ne comprennent pas pourquoi on les appelle parfois la “bande des quatre”, ni surtout pourquoi le 5 décembre des membres de la DST  les arrêtent brutalement pour “détention d’armes à feu”, leur bandent les yeux, leur attachent les mains et les pieds et les amènent en fourgonnette au commissariat de Casablanca, à 200 km de Tanger.
Pendant cinq jours ils sont torturés. Souad raconte : « Les policiers les ont tabassés, leur ont craché dessus ; ils leur ont mis la tête sous l'eau, leur ont envoyé des décharges électriques dans les testicules à l'aide de batterie de voiture. Ils les ont pendus par les pieds, et j'en passe, toujours en prenant soin de ne pas laisser de traces.
La DST se serait-elle rendue compte de son erreur? Fallait-il trouver une autre raison à cette brutale arrestation ?
Souad poursuit :” Arrêtés sans la moindre preuve de culpabilité, les inspecteurs de police les ont forcés à s'accuser les uns les autres afin d'obtenir des aveux. Il n’a plus été question de détention d’armes à feu, mais la torture devait les amener à avouer un trafic de stupéfiant. Par la torture il était facile de faire avouer n’importe quoi ! »

Ils ont ensuite été ramenés à Tanger, à la prison où le juge les a informés qu’en appel seuls Abdel-Aziz et Yassine sont condamnés à 2 ans de prison ferme.Tarek, condamné à un an de prison, bénéficiera de la grâce royale le 20 aout  lors de l’Aïd. Quant à l’ami marocain il est déjà libéré deux semaines après l’arrestation.
Abdel-Aziz et Yassine sont condamnés à deux ans de prison, sans savoir pourquoi.
Mon frère est asthmatique, ils l'ont traité comme un chien » écrit Souad. Il ne semble pas y avoir de suivi médical. Comme il ne connait au Maroc que sa petite amie à qui les visites sont interdites puisque pas mariés (mais est-elle vraiment légale, cette interdiction? Moi-même, étrangère, j’ai pu rendre visite à des prisonniers politiques marocains à la prison d’Oukacha...)
Seule sa famille, qui vit en France, peut le prendre en charge. Tous les trois mois, une de ses deux sœurs, ou sa mère fait le déplacement pour soutenir ce fils et frère parti en vacances qui se trouve en prison pour trafic de drogue qu’il n’a  avoué que sous la torture, mais qu’il a sinon toujours nié.
Désespéré en apprenant qu’il aura à passer deux ans dans cette prison, il a tenté de se suicider, heureusement ses codétenus l’en ont empêché.
Souad l’ainée des deux sœurs d’Abdel-Aziz  compte d’abord sur la justice marocaine pour rétablir la vérité.
«J’en suis au 4ème avocat. Ils ne servent à rien. Ils ont toujours menti en me disant: “Ça y est, il va bientôt passer devant le juge et de là il sortira”. Nous avons ainsi perdu plusieurs mois.»
Le consul, averti de la grève de la faim rend visite aux prisonniers... pour leur demander de l’arrêter . Maigre assistance consulaire ! Le juge leur rend visite pour leur parler d’une caution de 40 000€ !
Les gardiens volent plusieurs fois l’argent que la famille leur envoie.
Au bout de quelques mois, ne voyant rien bouger, découragée, Souad s’adresse à Amnesty, à l’ACAT, à des associations de droits de l’Homme, à la presse, à Hollande. Amnesty et l’ACAT craignent que tenter une action pour leur libération ne politise l’affaire et leur porte préjudice. Les associations de Droits de l’Homme ne réagissent pas, à part le Comité de soutien aux familles des prisonniers européens détenus au Maroc et Solidarité Maroc 05 qui lance une pétition sur cyberacteurs (http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/liberte-trois-francais-partis-vacan-802.html). A signer, même s’il manque les données récentes.
Début juin 2014 les prisonniers entament une grève de la faim, seul moyen pour des prisonniers de crier leur innocence. Depuis plus de 4 mois ils obligent ainsi l’administration pénitentiaire à assurer un suivi médical minimum et fournir ce qu’il faut pour, malgré tout, survivre (sucre, un peu d’eau, etc.), ce qui rend furieuse cette administration qui réagit par des menaces : vols, transfèrement vers une prison plus éloignée ...
Les conditions de vie en prison sont lamentables. Ils sont séparés et internés avec des prisonniers de droit commun. Leur vie est pourtant jalonnée d’espoirs (grâces royales, transfèrement en France) mais aussi de désespoirs et d’incompréhension, puisque toujours exclus.
Les deux prisonniers et leurs familles se posent toujours la question : De quoi Abdel-Aziz et Yassine sont-ils coupables alors que leurs compagnons sont libérés ? Qu’ont-ils fait que les deux autres n’ont pas fait ?
Il semble que le seul point commun qui leur a valu cette “distinction” est le fait d’avoir osé fréquenter des Marocaines . Abdel-Aziz,  amoureux de Karima a loué un appartement à Tanger pour pouvoir y rester quelque temps avec elle. Yassine, son ami franco-tunisien a aussi fréquenté quelque temps une jeune Marocaine, mais il a vite compris que celle-ci était surtout intéressée par ce que les touristes français sont sensés  apporter : argent ... aller en France ... et pourquoi pas : mariage...Pas d’accord il l’a quittée, et c’est à partir de ce moment que les ennuis ont commencé.
Après leur arrestation l’appartement d’Abdel-Aziz a été mis sens dessus dessous. La police n’a trouvé ni armes, ni drogue, mais le passeport de Karima qui a été emporté. Pour le récupérer elle s’est rendue avec l’avocat chez le juge qui lui a reproché :
« Tu n’as pas honte ! Pourquoi tu ne fréquentes pas un Marocain comme toi, au lieu de fréquenter un Français d’origine algérienne ?
- C’est parce que c’est lui que j’aime, tout simplement ! » réponse qui a irrité le juge.
Le 8 septembre : bonne nouvelle : la vraie “bande des quatre” est démasquée et arrêtée !
“Arrestation de 4 personnes recherchées dans une affaire d’association de malfaiteurs, d’enlèvements et de tentative d’extorsion”http://www.medias24.com/SOCIETE/14157-Tanger-deux-policiers-arretes-nouvelle-piste-pour-le-braquage-du-fourgon-blinde.html
C’est la joie ! Formidable espoir de libération ! enfin !!!
Mais rien ne change. Ils ne font pas partie des libérés suivants. Pourquoi ?
C’est le désespoir ! 

Il faut lever le silence sur cette injustice,  partout, par tous les moyens !  Le fait de n’être que de simples citoyens français et pas des militants n’est pas une raison pour ne pas se battre pour la libération de ces deux garçons toujours en prison alors que les vrais coupables ont été arrêtés !!
Publié il y a par

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire