Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

dimanche 2 novembre 2014

Point n°66 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc

 

Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point n°66 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc

Non, l’ASDHOM n’ira pas faire du tourisme droits-de-l’hommiste à Marrakech aux frais de la princesse

La 2ème édition du Forum mondial des Droits de l’Homme (FMDH) aura lieu du 27 au 30 novembre 2014 à Marrakech avec la participation de près de 5.000 acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux. Le premier forum dont la conception s’inspire des forums sociaux mondiaux, a eu lieu en 2013 au Brésil.
« Le Forum mondial des Droits de l’Homme est une reconnaissance internationale des réalisations du Royaume dans ce domaine et de la vitalité des institutions nationales », a souligné le président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Driss El Yazami, dans une déclaration en marge du 1er séminaire international préparatoire du FMDH. La messe est dite….
L’État marocain n’a pas lésiné sur les moyens pour accueillir ce forum. Des billets d’avion sont distribués sans compter et des hôtels huppés ont été réservés pour loger les convives et ce, au moment où les citoyens marocains, dont les droits sont censés être au cœur de ce forum, sortent pratiquement toutes les semaines pour crier leur colère contre la cherté de la vie et notamment contre la hausse des factures d’eau et d’électricité.
Rien ne doit entraver l’organisation de ce « grand évènement » ; Pas même l’épidémie d’Ebola qui a, par contre, été évoquée et son drapeau agité quant à l’organisation de la coupe d’Afrique des Nations (CAN) du football que le Maroc accueillera en 2015.
Le président du CNDH, Driss El Yazami, ne se trompe pas quand, dans ses innombrables tournées mondiales, il n’arrête pas de répéter à ceux qui veulent l’entendre que l’image du Maroc sera soignée en terme de respect des droits de l’Homme.
À l’annonce de ce FMDH à Marrakech, les organisations marocaines de défense des droits de l’Homme avaient espéré que l’État marocain donne des signaux positifs et fasse des gestes forts en matière de libertés démocratiques comme la libération des prisonniers d’opinion et l’arrêt des poursuites contre syndicalistes, les journalistes, les avocats et les défenseurs des droits de l’Homme, etc.
Ceci aurait pu garantir une participation dans un climat apaisé, et ainsi donner au Maroc une chance de couper enfin avec le passé des violations.
Non seulement ces espoirs ont été déçus, mais au contraire, nous avons enregistré une volonté d’escalade contre le mouvement des droits de l’Homme. Les faits sont là et ils sont têtus. Nous vous renvoyons au point précédent (n°65) pour s’en rendre compte

-         Dans son discours du 15 juillet devant la Chambre des conseillers, le ministre de l’Intérieur charge et criminalise les organisations de défense de droits de l’Homme en les traitant « d’agents de l’étranger qui cherchent à entraver l’action du pays contre le terrorisme et pour son intégrité territoriale » ;
-         Plusieurs associations dont l’AMDH, la LMDDH, Amnesty International-Maroc et Freedom-Now, etc. se sont vues interdire leurs activités ;
-         Les procès d’opinion se sont multipliés contre les étudiants de l’UNEM, les défenseurs des droits de l’Homme, les militants du mouvement 20-Février, les syndicalistes, les Sahraouis, les enseignants, etc. Pire encore, des jugements -jugés cléments par le parquet- ont été durcis à l’encontre de plusieurs d’entre eux. C’est le cas des 35 ouvriers, syndicalistes et militants politiques de Ouarzazate dont Hamid Majdi qui, à lui seul, il est poursuivi depuis 2009 dans 9 affaires, de la jeune Wafae Charaf et Boubker El Khamlichi de Tanger qui ont vu leur peine passer respectivement à deux ans de prison ferme et un an de prison avec sursis, et des 9 enseignants de Rabat, jugés à deux ans et 4 mois après 7 mois de détention préventive, etc.
-         Les conditions de détention sont exécrables et les responsables pénitentiaires les laissent pourrir condamnant ainsi des détenus à la mort comme on l’a vu avec les prisonniers politiques de l’UNEM Noureddine Abdelouahab et Mustapha Méziani et du Sahraoui Hassana Elouali     

Plus généralement, et au-delà de l’opacité qui entoure l’organisation de ce FMDH, l’État marocain  n’a donné aucune garantie quant à l’application des recommandations faites par l’ex-IER en 2006. S’il a signé et ratifié des traités et conventions internationaux tels que ceux concernant la torture et les disparitions forcées, ce dont nous nous félicitons, il n’en demeure pas moins qu’il n’a toujours pas déposé auprès de l’ONU les instruments pour leur mise en pratique au niveau du pays. Aucun mécanisme national de protection (MNP) n’a été mis en place au jour d’aujourd’hui.
Les quelques tentatives de dépôt de plainte pour torture et traitement dégradant et inhumain ont été balayés d’un revers de main. Le jeune Zakaria Moumni, champion du monde de boxe thaïe, ainsi que le prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari, ont vu leurs plaintes recevoir une fin de recevoir. Les jeunes militant(e)s de l’AMDH et du mouvement 20-Février, Wafae Charaf et Oussama Housni, ont quant à eux été condamnés à des peins de prison pour s’être plaints de tortures. C’est dire que l’impunité sévit encore au Maroc et que les autorités marocaines, contrairement au discours officiel, protègent encore les responsables de crimes et exactions et ne sont toujours pas prêtes à ouvrir une page de vérité et de justice.   

Nous avons malheureusement toutes les raisons de craindre que ce forum ne soit qu’une nième initiative de l’État marocain pour embellir sa façade démocratique et masquer la réalité des atteintes et violations des droits de l’Homme. L’ASDHOM refuse de donner quitus aux responsables marocains tant qu’ils ne font pas preuve d’une volonté réelle de couper avec les méthodes du passé et de faire le choix d’un État de droit. C’est pour cette raison qu’elle n’ira pas à Marrakech.

L’ASDHOM vous donne, par contre, rendez-vous le vendredi 21 novembre, à une semaine de ce FMDH, pour sa soirée de solidarité avec les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Cette soirée est organisée dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale (SSI) qui se déroule du 15 au 22 novembre. Une communication spéciale vous parviendra dès que le programme sera finalisé. Mais sachez d’ores et déjà qu’elle se fera en présence de l’écrivain et démocrate Gilles Perrault, parrain de notre campagne internationale de parrainage. Des organisations internationales des droits de l’Homme seront également associées à cette rencontre pour insuffler une nouvelle dynamique à cette campagne de solidarité.
Ce sera l’occasion pour l’ASDHOM de faire le point et un bilan chiffré de deux ans de cette campagne qui n’a cessé de gagner en visibilité et en crédibilité. Nous avons, à titre d’exemple, enregistré avec satisfaction le parrainage dernièrement de Wafae Charaf par un professeur de droit à Toulouse, par le Maire de Saint Denis (93) et par le groupe des élus communistes et républicains de la ville d’Evry (91).
Nous avons reçu d’autres informations préoccupantes concernant des procès en cours et d’autres plus joyeuses sur quelques libérations en fin de peine, notamment de prisonniers politiques sahraouis. Nous les traiterons dans le prochain point à l’occasion de la soirée du 21 novembre 2014.

Bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, 2 novembre 2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire