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Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point n°66 sur
la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au
Maroc
Non, l’ASDHOM n’ira pas faire du tourisme
droits-de-l’hommiste à Marrakech aux frais de la
princesse
La
2ème édition du Forum mondial des Droits de l’Homme (FMDH) aura lieu du 27 au 30 novembre 2014 à
Marrakech avec la participation de près de 5.000 acteurs gouvernementaux et non
gouvernementaux. Le premier forum dont la conception s’inspire des forums
sociaux mondiaux, a eu lieu en 2013 au Brésil.
« Le Forum mondial des Droits de
l’Homme est une reconnaissance internationale des réalisations du Royaume dans
ce domaine et de la vitalité des institutions nationales », a souligné le
président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Driss El Yazami, dans une déclaration en
marge du 1er séminaire international préparatoire du FMDH. La messe est
dite….
L’État marocain n’a pas lésiné sur
les moyens pour accueillir ce forum. Des billets d’avion sont distribués sans
compter et des hôtels huppés ont été réservés pour loger les convives et ce, au
moment où les citoyens marocains, dont les droits sont censés être au cœur de ce
forum, sortent pratiquement toutes les semaines pour crier leur colère contre la
cherté de la vie et notamment contre la hausse des factures d’eau et
d’électricité.
Rien ne doit entraver
l’organisation de ce « grand évènement » ; Pas même l’épidémie d’Ebola qui a,
par contre, été évoquée et son drapeau agité quant à l’organisation de la coupe
d’Afrique des Nations (CAN) du
football que le Maroc accueillera en 2015.
Le président du CNDH, Driss El Yazami, ne se trompe pas quand,
dans ses innombrables tournées mondiales, il n’arrête pas de répéter à ceux qui
veulent l’entendre que l’image du Maroc sera soignée en terme de respect des
droits de l’Homme.
À l’annonce de ce FMDH à Marrakech, les organisations
marocaines de défense des droits de l’Homme avaient espéré que l’État marocain
donne des signaux positifs et fasse des gestes forts en matière de libertés
démocratiques comme la libération des prisonniers d’opinion et l’arrêt des
poursuites contre syndicalistes, les journalistes, les avocats et les défenseurs
des droits de l’Homme, etc.
Ceci aurait pu garantir une
participation dans un climat apaisé, et ainsi donner au Maroc une chance de
couper enfin avec le passé des violations.
Non seulement ces espoirs ont été
déçus, mais au contraire, nous avons enregistré une volonté d’escalade contre le
mouvement des droits de l’Homme. Les faits sont là et ils sont têtus. Nous vous
renvoyons au point précédent (n°65) pour
s’en rendre compte
-
Dans son discours du 15 juillet
devant la Chambre des conseillers, le ministre de l’Intérieur charge et
criminalise les organisations de défense de droits de l’Homme en les traitant
« d’agents de l’étranger qui cherchent à entraver l’action du pays contre le
terrorisme et pour son intégrité territoriale » ;
-
Plusieurs associations dont
l’AMDH, la LMDDH, Amnesty International-Maroc et Freedom-Now, etc. se sont vues interdire
leurs activités ;
-
Les procès d’opinion se sont
multipliés contre les étudiants de l’UNEM, les défenseurs des droits de l’Homme,
les militants du mouvement
20-Février, les syndicalistes, les Sahraouis, les enseignants, etc.
Pire encore, des jugements -jugés cléments par le parquet- ont été durcis à
l’encontre de plusieurs d’entre eux. C’est le cas des 35 ouvriers, syndicalistes
et militants politiques de Ouarzazate dont Hamid Majdi qui, à lui seul, il est
poursuivi depuis 2009 dans 9 affaires, de la jeune Wafae Charaf et Boubker El Khamlichi de Tanger qui ont vu
leur peine passer respectivement à deux ans de prison ferme et un an de prison
avec sursis, et des 9 enseignants de
Rabat, jugés à deux ans et 4 mois après 7 mois de détention
préventive, etc.
-
Les conditions de détention sont
exécrables et les responsables pénitentiaires les laissent pourrir condamnant
ainsi des détenus à la mort comme on l’a vu avec les prisonniers politiques de
l’UNEM Noureddine Abdelouahab et
Mustapha Méziani et du Sahraoui
Hassana
Elouali
Plus généralement, et au-delà de
l’opacité qui entoure l’organisation de ce FMDH, l’État marocain n’a donné aucune
garantie quant à l’application des recommandations faites par l’ex-IER en 2006. S’il a signé et ratifié des
traités et conventions internationaux tels que ceux concernant la torture et les
disparitions forcées, ce dont nous nous félicitons, il n’en demeure pas moins
qu’il n’a toujours pas déposé auprès de l’ONU les instruments pour leur mise en
pratique au niveau du pays. Aucun mécanisme national de protection (MNP) n’a été mis en place au jour
d’aujourd’hui.
Les quelques tentatives de dépôt
de plainte pour torture et traitement dégradant et inhumain ont été balayés d’un
revers de main. Le jeune Zakaria
Moumni, champion du monde de boxe thaïe, ainsi que le prisonnier
politique sahraoui Naâma Asfari,
ont vu leurs plaintes recevoir une fin de recevoir. Les jeunes militant(e)s de
l’AMDH et du mouvement 20-Février,
Wafae Charaf et Oussama Housni, ont quant à eux été
condamnés à des peins de prison pour s’être plaints de tortures. C’est dire que
l’impunité sévit encore au Maroc et que les autorités marocaines, contrairement
au discours officiel, protègent encore les responsables de crimes et exactions
et ne sont toujours pas prêtes à ouvrir une page de vérité et de justice.
Nous avons malheureusement toutes
les raisons de craindre que ce forum ne soit qu’une nième initiative de l’État
marocain pour embellir sa façade démocratique et masquer la réalité des
atteintes et violations des droits de l’Homme. L’ASDHOM refuse de donner quitus aux
responsables marocains tant qu’ils ne font pas preuve d’une volonté réelle de
couper avec les méthodes du passé et de faire le choix d’un État de droit. C’est
pour cette raison qu’elle n’ira pas à Marrakech.
L’ASDHOM vous donne, par contre, rendez-vous
le vendredi 21 novembre, à une
semaine de ce FMDH, pour sa soirée
de solidarité avec les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Cette
soirée est organisée dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale
(SSI) qui se déroule du 15 au 22
novembre. Une communication spéciale vous parviendra dès que le programme sera
finalisé. Mais sachez d’ores et déjà qu’elle se fera en présence de l’écrivain
et démocrate Gilles Perrault,
parrain de notre campagne internationale de parrainage. Des organisations
internationales des droits de l’Homme seront également associées à cette
rencontre pour insuffler une nouvelle dynamique à cette campagne de
solidarité.
Ce sera l’occasion pour l’ASDHOM de faire le point et un bilan
chiffré de deux ans de cette campagne qui n’a cessé de gagner en visibilité et
en crédibilité. Nous avons, à titre d’exemple, enregistré avec satisfaction le
parrainage dernièrement de Wafae
Charaf par un professeur de
droit à Toulouse, par le Maire de
Saint Denis (93) et par le groupe des élus communistes et républicains de la ville
d’Evry (91).
Nous avons reçu d’autres
informations préoccupantes concernant des procès en cours et d’autres plus
joyeuses sur quelques libérations en fin de peine, notamment de prisonniers
politiques sahraouis. Nous les traiterons dans le prochain point à l’occasion de
la soirée du 21 novembre
2014.
Bureau exécutif
de l’ASDHOM
Paris, 2
novembre 2014
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