Compte rendu de Gisèle Montaubric
Bonjour à tous,
Voici ce qui s'est déroulé sous mes yeux hier à Toulouse lors de
la manif de soutien à Rémi Fraysse mort sous le jet d'une grenade offensive
lancée dans son dos par les forces de l'ordre à Sivens.
(37 ans plus tôt à Creys Malville le jeune Vital Michalon mourrait déjà
sous l'explosion d'une grenade offensive dans de circonstances
similaires).
Nous étions plusieurs à arriver aux alentours de 16h au bout de la rue
Lafayette, pour rejoindre le rassemblement prévu place du Capitole à 15h. Avec1
heure de retard car nous avions précédemment participé à la manifestation de
soutien aux Kurdes de Kobané. Sur le chemin depuis la place St Etienne à la
place du Capitole nous avons pu nous rendre compte de l'importance du dispositif
déployé par les forces de l'ordre. A commencer par le véhicule blindé de lance à
eau stationné devant la préfecture place St Etienne.
Le passage était bloqué par des forces de l'ordre en impressionnante tenue
de combat. Personne ne pouvait ni entrer, ni sortir côté square de Gaulle. Ni
vers les boulevards nous a-t-il été rapporté. Un hélicoptère tournoyait au
dessus de la place. Nous sommes restés là environ 30mn n'apercevant quasiment
rien de ce qui se passait sur la place, seulement un drapeau du Mouvement de la
Paix, mais n'entendant rien de particulier non plus.
Nous avons alors décidé de rejoindre directement le Palais de Justice où
devait aboutir la manifestation pour un sitting.
L'approche en était impossible: barrières, forces de l'ordre, véhicules de
police et CRS, ainsi que des grenades lacrymogènes dans tous les sens.
Seules voies d'accès libre pour les manifestants, les petites rues depuis
St Michel jusqu'au Capitole. La population y circulant librement aussi, les
voitures, vélos, des familles avec enfants et bébés dans les landaus, alors que
plusieurs petits groupes des forces de l'ordre poursuivaient les manifestants
dispersés par les grenades lacrymogènes lancées à outrance.
L'hélicoptère n'a cessé de tournoyer repérant les groupes de manifestants
pour renseigner les flics.
De jeunes manifestants excédés ont caillassé sous mes yeux le crédit mutuel
place Esquirol au coin de la rue St Rome et tagué le distributeur de billets.
Les commerçants de la rue St Rome ont alors baissé leurs vitrines. Il nous a été
rapporté que certains avaient été conseillés par les flics. Beaucoup de passants
ne savaient absolument pas ce qui se passait. Nous avons mis en garde certains
parents qui s'aventuraient avec leur bébé dans une poussette dans la rue St Rome
et les petites rues transversales emplie de fumées lacrymogènes.
Le métro a été fermé très tôt.
Plus tard, sur les allées Jean-Jaurès, où plusieurs petits groupes de
"robocops" stationnaient à chaque angle du carrefour tentant de bloquer les
manifestants, je les ai vus jeter une première grenade lacrymogène sur un
citoyen assis sur le banc d'un kiosque, qui visiblement ne faisait pas partie
des manifestants. Quelques minutes après sur un véhicule conduit par un Monsieur
très âgé qui terrorisé ne savait plus quoi faire: avancer ou reculer? De même
autour de Wilson et dans le jardin au milieu des passants et de la population.
Sur 2 serveurs d'un café, qui ne s'étant encore aperçus de rien sortaient pour
fumer une cigarette.
Nous avons vu les flics jeter à terre avec rage une banderole arrachée aux
manifestants. Un citoyen effaré nous a confié: "Ils font n'importe quoi, ils
viennent de jeter une grenade sur les pompiers" (stationnés sur les allées
Alsace Lorraine).
Aux alentours de 19h, au gré de la fuite des grenades lacrymogènes, nous
sommes retournés sur la place du Capitole que rejoignaient peu à peu tous les
manifestants. Le côté rue Lafayette avait été bloqué depuis plus d'1 heure par
des fourgons de CRS.
Aux environs de 20h l'autre entrée côté square de Gaulle était fermé par un
cordon de "robocops". Ni entrées, ni sorties possibles même pour les simples
piétons ou cyclistes passant par là.
Les groupes des forces de l'ordre se retiraient par petits groupes (ou se
relayaient?) mais restaient très présents face aux manifestants. Entre 200 et
300 à ce moment là. Les fourgons de CRS massés à proximité des 2 côtés de la
place.
Nous avons aperçu un feu de poubelles sous les arcades, mais aucun autre
signe de dégradation sur la place jusqu'à notre départ peu après 21h.
En conclusion une grande amertume de savoir que l'argent des contribuables,
donc le mien, est ainsi détourné pour semer le trouble et provoquer un réel
climat de terreur et d'insécurité.
J'espère que la réponse à cette effarante dérive sécuritaire sera une
présence massive des citoyens dans la rue au prochain rassemblement en mémoire
du jeune citoyen militant pacifiste Rémi. D'autant qu'il s'avère désormais que
ce projet de barrage est des plus contestable et les dessous financiers pas
vraiment clairs non plus
Gisèle
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Toulouse le 2 novembre 2014 –
communiqué de Ensemble 31, membre du Front de Gauche
En hommage à Rémi Fraisse, assassiné
par les forces de police alors qu’il participait au rassemblement contre le
projet de barrage de Sivens dans le Tarn le week-end dernier, plusieurs
centaines de personnes, ont manifesté hier samedi 1er novembre dans les rues de
Toulouse.
Ensemble ! 31, mouvement pour une
alternative de gauche, écologiste et solidaire et membre du Front de Gauche,
regrette et condamne le dispositif policier totalement disproportionné qui, une
fois de plus, a conduit à des affrontements inutiles. Il n'est plus possible
dans ce pays de s'exprimer, de manifester contre l'injustice sociale, la
destruction de notre environnement sans être en butte à la répression et aux
violences policières. La brutalité des forces de répression contre les
manifestants ce week end contraste singulièrement avec la mansuétude dont ont
bénéficié les destructeurs de portiques il y a quelques mois.
Ensemble ! 31 ne s’associe pas au
bal des pleureuses - et en premier lieu du Premier Ministre, qui, toute honte
bue, est allé jusqu’à se réclamer de la mémoire de la victime de la violence
policière !
Ensemble ! 31 rappelle que la
responsabilité première est celle des responsables politiques qui, contre l’avis
des populations et des expertises indépendantes, s’acharnent à vouloir imposer
des projets dispendieux et écologiquement désastreux, comme c’est le cas pour le
barrage du Testet et pour le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes à
Nantes.
Ensemble ! 31 appelle les mouvements
de gauche et écologistes à unir leurs forces pour, dans l’unité, organiser les
nécessaires mobilisations de masse contre la répression et les projets inutiles
et imposés. Après le tournant libéral du gouvernement socialiste sur le plan
économique et social, celui-ci opère désormais un tournant autoritaire des plus
inquiétants pour la démocratie.
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