Par Kisito Ndour 9/9/2014
Les conditions d’application de la Convention
internationale des droits de l’enfant (CIDE) mises en place par le Maroc
ont été examinées les 3 et 4 septembre courant devant le Comité des
droits de l’enfant de l’ONU (CDE). Les représentants de la société
civile marocaine ayant pris part à cet examen à Genève, ont fait part de
plusieurs regrets, notamment de l’absence de ministres de plusieurs
départements concernés directement par l’enfance.
Le collectif Kafala, le Collectif droit de l’enfant à la protection
familiale, le Collectif pour l’éradication du travail des «petites
bonnes» et la Coalition éducation pour tous ont décidé de prolonger le
débat de Genève sur les droits de l’enfant au Maroc (3 et 4 septembre).
En leur qualité d’observateurs, ces quatre associations et collectifs
ont, dans un communiqué, regretté que les conditions d’application de
la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) mises en
place par le Maroc, aient été remises au Comité des droits de l’enfant
de l’ONU (CDE) « avec 14 ans de retard ».
Ces associations et collectifs ont aussi salué « l’objectivité, la
pertinence des experts du CDE dans leur examen de la situation des
droits de l’enfant dans notre pays et l’usage professionnel qu’ils ont
fait des nombreux rapports remis par la société civile ». Ils soulignent
de même « la convergence des observations et des questionnements de ces
experts avec les observations et les revendications de la société
civile dans notre pays ».
Absence de ministre concernés de prime abord
Ces associations et collectifs associatifs regrettent cependant que
« des ministres en charge de secteurs essentiels et déterminants pour le
respect et le développement des droits de l’enfant n’aient pas estimé
utile d’être présents à cette session : Santé, Education, Justice,
Intérieur, Jeunesse et Sport ».
Nous regrettons le caractère générique et volontairement quantitatif des réponses de la délégation du gouvernement aux questions des experts sur des aspects fondamentaux en relation avec l’intérêt supérieur de l’enfant et sur les détails des nombreuses dispositions et autres plans d’action annoncés.
Exrait du communiqué des associations et collectifs
associatifs signataires du rapport alternatif « Commentaires des
réponses du gouvernement du Maroc aux questions des experts du CDE sur
l’application de la CIDE ».
Ils regrettent aussi que « les informations détaillées que les
représentant(e)s du gouvernement ont déclaré avoir remis (ou à remettre)
aux expert(e)s n’aient pas été mises à la disposition des
représentant(e)s de la société civile ».
Ils soutiennent qu’ils feront connaître « leur position détaillée et
leur plan d’action », après publication du rapport du Comité des droits
de l’enfant de l’ONU.
Pour rappel, le Maroc était représenté à cette rencontre de l’ONU par
la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du
développement social, Bassima Hakkaoui, le délégué interministériel aux
Droits de l’Homme, Mahjoub El Hiba et 21 responsables de 12 départements
ministériels.
Le travail des enfants, des «petites bonnes», le mariage des mineurs
et l’éducation ont été notamment au cœur des débats devant le Comité de
l’ONU.
Sur le travail des enfants, le Maroc a donné son accord de principe
aux experts de l’ONU pour que l’âge de travail soit fixé à 18 ans au
lieu de 15 ans actuellement.
L’éducation des enfants, un « bien public »
Sur la question de l’éducation, la délégation marocaine a aussi été
interpellée sur la privatisation de l’enseignement qui gagne du terrain
dans notre pays. Bassima Hakkaoui et la délégation marocaine ont dit à
ce sujet « promouvoir une compétition libre entre les écoles», à en
croire Sylvain Aubry, chercheur sur le droit à l’éducation pour la Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights (GI-ESCR), une ONG internationale de défense des droits de l’Homme.
La GI-ESCR a mené une étude d’un an sur les effets de la
privatisation de l’éducation au Maroc. Elle explique que « depuis 15
ans, le gouvernement a encouragé le développement de l’enseignement
privé. Mais aujourd’hui, beaucoup de Marocains se sentent obligés de
faire de lourds sacrifices pour scolariser leurs enfants dans des écoles
privées chères, et cela crée des grandes inégalités et une fracture
dans la société, entre ceux ont accès à ces écoles, et les autres, qui
se sentent laissés pour compte ».
Ainsi, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU n’a pas manqué
d’attirer l’attention du Maroc sur le fait que l’éducation est un « bien
public »
Quelques regrets qui ne manqueront pas d’interpeller le Comité de
l’ONU, dont le rapport est attendu à la fin du mois, avec notamment une
partie sur les droits de l’enfant au Maroc.
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