Par ANTOINE POCHOLLE, Menapost, 10/9/2014
En septembre 1991 prenait fin la lutte armée entre le front polisario et les forces marocaines au Sahara occidental. Un cessez le feu à durée indéterminée ainsi que la prévision d’un référendum sur l’autodétermination des Sahraouis ont été alors proclamés sous la médiation active des Nations Unis. Aujourd’hui ce fameux référendum, sans cesse repoussé, n’a toujours pas eu lieu, et les tensions sont toujours fortement présentes au moment du 23ème anniversaire de ce cessez le feu.
C’est en théorie la MINURSO, force d’interposition de l’ONU qui est en
charge de l’organisation du référendum sur l’autodétermination du Sahara
Occidental, mais le Maroc considère qu’il n’est pas envisageable que ce
territoire devienne un État indépendant et repousse à chaque fois
l’organisation du référendum. Une telle attitude ne fait rien pour
apaiser les tensions, surtout au sein d’un front Polisario qui se sent
offensé d’une part par le Maroc et d’autre part par les Nations Unis qui
n’ont toujours pas tenu parole et juge encore que le plan de paix de
l’ONU établi en 1991 est une arnaque, un énorme mensonge.
Des tensions palpables
Alors que le 23ème anniversaire du cessez le feu a été fêté le 6
septembre dernier, les Sahraouis ont la rancune tenace envers l’ONU et
notamment, Javier Perez de Cuellar, secrétaire général en 1991, accusé
d’avoir été corrompu par les Marocains car il n’a pas tenu sa promesse
d’organiser dans les six mois qui ont suivis le plan de paix un
référendum sur l’autodétermination.
Au banc des accusés on retrouve aussi la France. Une France à qui le front Polisario reproche de soutenir la colonisation marocaine du Sahara Occidental par nostalgie coloniale.
Au banc des accusés on retrouve aussi la France. Une France à qui le front Polisario reproche de soutenir la colonisation marocaine du Sahara Occidental par nostalgie coloniale.
Par ailleurs, le coordinateur sahraoui avec la MINURSO, M. M’hamed
Khadad, a réaffirmé à la veille de l’anniversaire du cessez le feu, que
la mission des Nations Unis dans la région demeurait l’organisation en
bonne et due forme du référendum. Il a en ce sens critiqué l’attitude du
gouvernement marocain, trouvant que sa tentative d’imposer « des
solutions coloniales périmés » « reflète sa crainte des résultats de ce
référendum et sa conviction de l’attachement du peuple sahraoui à son
unité autour de ses droits légitimes à l’autodétermination et à
l’indépendance ».
Les tensions sont présentes car toute manifestation de sympathie envers
l’indépendance du Sahara Occidental est fortement réprimée par le régime
Chérifien. Ce dernier n’hésite pas à bafouer les droits de l’homme,
envoyant en prison des pro Sahraouis, sans procès équitable. L’exemple
d’Abdeslam Loumadi, qui a été condamné à une peine de prison par un
tribunal marocain après avoir manifesté en faveur de l’autonomie du
Sahara Occidental étaye ces propos. L’ONG Human rights Watch tente elle
de faire pression d’un côté sur les autorités marocaines pour qu’elles
cessent ce type de pratique, et d’un autre côté sur les gouvernement
français et espagnol qu’elle juge ayant une responsabilité non
négligeable dans ce qui se trame dans la région. Ce 23ème anniversaire
parait donc être, plus que le symbole de la paix, celui de la soumission
de force et continue du peuple Sahraoui au régime marocain qui refuse
encore et toujours tout référendum sur l’autodétermination.
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