Communiqué de presse : L’ONU rappelle que l’éducation est un « bien public » et demande au Maroc de s’expliquer sur la privatisation de l’éducation
Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU (CDE) a interrogé cette semaine à Genève le gouvernement Marocain sur les effets de la privatisation de l’éducation au Maroc et a apparu regretter le manque de réponse claire des autorités.
Le gouvernement marocain était examiné mercredi et jeudi à Genève par le Comité d’experts de l’ONU qui est en charge de vérifier la mise en œuvre de la Convention International des Droits de l’Enfant, ratifiée par le Maroc en 1993.
Les membres du CDE ont posé pas moins de quatre questions relatives à l’impact de la privatisation
de l’éducation sur le droit à l’éducation au Maroc.
Après que la délégation marocaine n’a pas répondu à la première question, deux autres membres du CDE ont exprimé leurs inquiétudes quant, entre autres, au transfert des enseignants du public vers le privé, aux risques de discriminations posées par la privatisation de l’éducation, et au système éducatif promu par le Maroc.
Après que la délégation marocaine n’a pas répondu à la première question, deux autres membres du CDE ont exprimé leurs inquiétudes quant, entre autres, au transfert des enseignants du public vers le privé, aux risques de discriminations posées par la privatisation de l’éducation, et au système éducatif promu par le Maroc.
Le gouvernement, dont la délégation était menée par la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Mme Bassima Hakkaoui, a indiqué «
promouvoir une compétition libre entre les écoles» et espérer atteindre
rapidement « 20% d’enfants scolarisés dans le privé ». Devant cette
réponse, un membre du CDE s’est senti dans l’obligation de poser, fait
inhabituel, une quatrième question sur le sujet.
Le Comité a tout d’abord rappelé que l’éducation est un bien public
garanti en tant que tel depuis la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme de 1948. Il a ensuite demandé à la délégation marocaine, à
l’appui d’une citation d’un discours du roi du Maroc qui dénonce les
inégalités créées par le développement de l’enseignement privé, s’il y
avait au moins deux problèmes liés à la privatisation qu’ils pouvaient
identifier. Ce n’est qu’après cette question que le délégué
interministériel pour les droits de l’Homme, qui était membre de la
délégation gouvernementale, a fini par concéder qu’il y avait un
problème et que le gouvernement travaillait à une réforme du système
éducatif.
« Les réponses apportées par le gouvernement aux questions du Comité des
droits de l’enfant ne répondent pas aux problèmes structurels
essentiels de discriminations dans le système éducatif posés notamment par la privatisation de l’éducation dans le pays » a insisté Sylvain Aubry, chercheur sur le droit à l’éducation pour la Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights (GI-ESCR), une ONG internationale de défense des droits de l’Homme.
La GI-ESCR, qui a mené avec ses partenaires Marocain une recherche d’un
an sur les effets de la privatisation au Maroc, a publié trois rapports
auprès du Comité, qui mettent en exergue l’impact négatif de la
privatisation de l’éducation soutenue par le gouvernement Marocain sur
la réalisation du droit des enfants au Maroc.
Lucy Mc Kernan, qui représente la GI-ESCR au Maroc, a expliqué que «
depuis 15 ans, le gouvernement a encouragé le développement de
l’enseignement privé. Mais aujourd’hui, beaucoup de marocains se sentent
obligés de faire de lourds sacrifices pour scolariser leurs enfants
dans des écoles privées chères, et cela crée des grandes inégalités et
une fracture dans la société, entre ceux ont accès à ces écoles, et les
autres, qui se sentent laisser pour compte ».
Bret Thiele, co-directeur de la GI-ESCR a ajouté : « Nous espérons que
le Comité des droits de l’enfant rappellera au Maroc qu’il a
l’obligation, en droit international, de fournir une éducation publique
de qualité pour tous, de façon à lutter contre les inégalités, plutôt
que d’encourager l’enseignement privé, qui est un facteur de
d’inégalités territoriales et socio-économiques et de ségrégation ».
A la suite de son examen du Maroc, le Comité des droits de l’enfant
publiera à la fin du mois des recommandations pour la mise en œuvre de
la Convention des droits de l’Enfant. La GI-ESCR et ses partenaires ont
indiqué qu’ils suivront avec attention la mise en oeuvre de ces
recommandations.
Documents :
Le portail E-joussour contient un dossier spécial sur la CMEPT et son
travail sur la privatisation de l’éducation :
http://www.e-joussour.net/node/13370
Le dernier rapport de la GI-ESCR sur la privatisation de l’éducation
au Maroc est disponible sur http://globalinitiative-escr.org/?p=1415
Contacts :
Lucy Mc Kernan / lucy@globalinitiative-escr.org / +41 (0)79 103 7719
Sylvain Aubry / sylvain@globalinitiative-escr.org / +41 7 91 79 69 55;
ou +33 7 81 70 81 96; ou +212 6 22 37 86 37; ou +254 7 88 28 96 34
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