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Par Thami Afailal,4/5/2014
Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, ancien correspondant du quotidien espagnol El Pais pour le Maroc, a décidé de quitter le journal où il a travaillé pendant trois décennies.
El Pais, qui vient de changer de directeur en plaçant Antonio Caño à sa tête, garde le silence sur ce départ.
Cembrero a démissionné de ce journal autrefois fois porte-drapeau des
nobles principes de démocratie, liberté d’expression et de droits de
l’homme, devenu depuis une entreprise espagnole en difficulté comme les
autres qui essaye de se rapprocher du gouvernement en place (même s’il
est conservateur de droite !) pour ne pas être balayé par la crise.
Cembrero vient de l’annoncer par un message qu’il a envoyé à ses amis
et dans lequel il explique son départ par le refus de sa direction de
le soutenir après la plainte déposée par le chef du gouvernement
marocain, Abdelilah Benkirane, surnommé Kika (ou ce que vous voulez!).
Cembrero croit que la plainte de Benkirane sera prochainement archivée.
Ce qui est probable. Le Maroc n’a jamais gagné un procès devant une
juridiction qu’il ne contrôle pas. Le seul procès gagné momentanément
est celui intenté par Hassan II contre le journaliste José Luis Gutiérrez, directeur de Diario 16, qui avait publié une information sur l’interception en Espagne par la Guardia Civil d’un camion des Domaines royaux rempli de haschich.Une
information vraie mais écrite de telle manière que les juges ont
supposé une animosité de la journaliste qui l’a écrit envers le
souverain alaouite aujourd’hui défunt.
Mais ce procès aussi, le Maroc l’a finalement perdu devant la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg qui a donné raison à M. Gutiérrez, décédé depuis.
En ce qui concerne Ignacio Cembrero, s’il est quasi certain que l’ancien premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, devenu un hôte de marque du Makhzen depuis son départ du pouvoir (comptez le nombre de fois où il a été invité au Mirage,
le superbe hôtel-restaurant qui donne sur le détroit de Gibraltar), est
impliqué dans les malheurs de Cembrero, la main de l’actuel président
du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, n’est pas non plus étrangère à l’éloignement du journaliste.
Les relations se sont tellement réchauffées entre Rabat et Madrid ces derniers mois que le Makhzen ne permet plus aux « patriotes » de monter des manifestations « patriotiques » devant les postes frontaliers de Sebta et Melilla comme il y a quelques années.
L’un de ces « patriotes », Saïd Chramti, qui a été à
l’origine de plusieurs incidents diplomatiques graves entre le Maroc et
l’Espagne, vient d’être condamné par un tribunal de Nador à 18 mois de prison ferme.
Donne-moi Cembrero, je te donne Chramti ! Bien entendu, les deux ne se valent pas.
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