Pour
ceux et celles qui viennent juste de prendre connaissance de l'affaire de Rita,
voici la lettre de Mr Aboubakr Jamai par laquelle, il nous a alerté de son cas
:
Je partage avec vous une lettre, un cri. Celui que mon frère et ma belle
soeur lancent vers un être qui leur est cher, qui nous est cher. Rita. Rita a
élevé leurs enfants, mes neveux, pendant 4 années. Puis elle est partie chercher
pitance ailleurs. Mardi dernier, le sordide l'a rattrapée. Nous a rattrapés. Je
vous en conjure. Lisez.
Par Mohammed &
Imane JAMAI
Chère Milouda,
Ce soir, je ne vais pas
m’adresser à toi par le surnom par lequel ton père a choisi de t’appeler depuis
ta naissance, Rita, mais par ton nom de l’État civil Milouda. Je m’adresserai
ainsi à la petite fille qui a grandi dans la campagne de Fès, pauvre mais libre
et digne.
Le vendredi 25 avril, tu es revenue à la maison pour garder nos
enfants l’espace d’une nuit. Radieuse et heureuse, tu nous as parlé de tes
projets de mariage. Nos enfants étaient alors surexcités à l’idée de retrouver
leur « copine ».
Et puis le cauchemar. Un cauchemar en forme de SMS reçu le
mardi 29 avril à 1h du matin: «crois moi, je n’ai rien fait, stp je n’ai que toi
nhat 3lih Rassi sinon mostakbali kolo mcha. Ana flabriguade dial Dar Bouazza.
3takni Afak ». Un quart d’heure plus tard, in situ, on te découvre effrayée,
incapable d’articuler, dans un état de terreur absolue. On nous explique que ta
maîtresse de maison a porté plainte contre toi pour vol. On omet de nous décrire
le traitement qui t’a été réservé dans la soirée à ton arrivée au poste de
gendarmerie. Nous pensions alors que ta forte personnalité avait alimenté une
banale guéguerre entre une employée et la maitresse de maison.
Nous t’avions
toujours reproché ton pessimisme, ta certitude qu’au Maroc rien n’était
possible. Nous t’avions poussé à acquérir un appartement, à organiser ta vie, à
commencer à la construire et nous étions tellement fiers d’observer, à ton
départ, la transformation de la petite Milouda timide en une femme sure d’elle,
déterminée à réussir.
As-tu pensé à nos remontrances lorsque les coups d’un
gendarme psychopathe s’abattait sur toi ? Tu nous raconteras plus tard que ce
gendarme, ami de ton employeuse, t’a conduite à la brigade de gendarmerie et t’a
sauvagement battue. A la cruauté physique, il ajoutait le vice des mots. Après
les gifles qui te faisaient perdre connaissance, il te répétait « Je vais te
défoncer avant de t’envoyer à ton futur mari ».
Faire mal physiquement ne lui
suffisait pas, il lui fallait casser tes rêves, te broyer, restaurer à coup de
baffes l'idée qu’au Maroc une nounou est d’abord une esclave, un être de classe
inférieure dont on pouvait disposer à sa guise. Le lâche. Sache, Milouda, que
s’il n’a pas réussi à te souiller, il a réussi à souiller ceux qui font honneur
à leur uniforme. Tu nous expliques aussi qu’il l’a fait à l’abri des caméras,
mais sache qu’il ne l’a pas fait à l’abri de Dieu.
Nous n’avons ni la
puissance financière de ta maitresse la notaire, ni l’autorité du tortionnaire
qui t’a passée à tabac, mais il nous reste notre voix pour porter tes
souffrances devant l’opinion publique. Nous continuons de penser qu’il y a dans
ce pays des responsables publics qui en prenant connaissance de ton calvaire,
auront ce réflexe qui caractérise les femmes et les hommes d’honneur et de cœur. Ce réflexe d’imaginer l’espace d’une seconde que c’est leur fille ou leur
sœur qui a subi cette nuit en enfer.
Milouda, ta douleur est nôtre parce que
tu nous es précieuse. Parce que pour nous et nos enfants, tu n’es pas une nounou
ou une servante, et certainement pas un être inférieur. Tu es des nôtres. Ce que
tu as fait pour nos enfants, nous ne l’oublierons jamais. La joie que tu as
apportée à notre maison, nous ne l’oublierons jamais.
Ce soir, tu te bats
pour préserver ta dignité, tes tortionnaires ont déjà perdu la leur. Après le
passage à tabac, tu nous as révélé que tu avais repoussé une tentative de viol.
L’horreur. Ils ont voulu te salir jusqu’au bout. Pourtant, les coups et les
insultes n’y ont rien fait. Tu as eu le courage de refuser de signer un procès
verbal où ils te faisaient avouer un crime que tu n’avais pas commis. Nous
t’avions toujours reproché d’être têtue. Ce soir nous sommes fiers de ton
entêtement.
Laisse-nous t’expliquer pourquoi ils t’ont fait vivre ce calvaire.
Parce qu’ils ont l’argent et le pouvoir dans un pays où l’impunité n’est pas
encore éradiquée. Parce que tu es orpheline de père et sans fortune. Parce
qu’ils considèrent que tu es « mal née », et que pour une « mal née »,
l’ambition est assimilée à l’arrogance et, lâcheté suprême, parce que tu es
inaudible. Enfin, parce qu’ils ne craignent pas une justice dont ils pensent ne
fera pas grand cas d’une « mal née ». Aujourd’hui, tu es en détention
provisoire, nous avons mandaté un avocat pour ta défense, présenté une lettre de
bonne conduite détaillant les quatre merveilleuses années passées avec notre
famille, nous avions proposé de payer une caution pour ta liberté provisoire
pour te permettre de préparer sereinement ton procès. La justice a décidé que tu
devais rester incarcérée.
Aujourd’hui était pour nous une journée tout aussi
difficile : à nos enfants, tes « copains », qui ne comprenaient pas pourquoi on
te préparait les affaires pour ta première nuit de prison, nous n’avions pas pu
leur expliquer ce qu’était « l’injustice ».
Sois forte.
Mohammed &
Imane JAMAI
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Voici
la page créée pour soutenir Milouda. Dorénavant, les informations
concernant son cas seront publiées sur cette page.
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qu'elle recueille le plus de "j'aime" possible. Par vos commentaires et
en partageant en très grand nombre les posts concernant Milouda, vous
avez donné à cette affaire la dimension qu'elle mérite et qu'elle
n'aurait pas eu sans vous.
Milouda est toujours en prison et a toujours
besoin de votre appui. Vous pouvez continuer à exprimer votre soutien en
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