Quatre
grosses pointures en matière des droits de l'homme ont répondu, au
Forum de la MAP, aux questions des médias sur la mise en œuvre des
droits de l'homme et l'Etat de droit au Maroc.
Le Maroc est
certes donné en exemple en matière de respect des droits de l'homme pour
avoir réalisé et mis en œuvre nombre d'acquis dans ce domaine: retour
des exilés, révision de nombre de textes législatifs, liberté de la
presse, ouverture du grand chantier de réforme de la Justice, non
comparution des civils devant un tribunal militaire, ratification de 9
conventions internationales... C'est en ces termes que Mohamed Sebbar,
secrétaire général du CNDH (Conseil national des droits de l'homme), a
qualifié les avancées du Royaume dans le domaine des droits et des
libertés, lors du Forum de la MAP (22 avril) sur le thème «Droits de
l'homme et Etat de droit au Maroc, les réalisations et les
perspectives».
Ceci ne veut
pas dire, a souligné Sebbar, que ça baigne, concernant ce volet. Il a
reconnu l'existence de contraintes et d'autres insuffisances. Lorsqu'on
évoque, par exemple, la situation de la femme, a ajouté l'orateur, il
persiste un débat, peut-être pour insuffisance de maturité, s'agissant
de la reconnaissance des droits de la femme.
Abordant
la question des droits socio-économiques des citoyens, Mohamed Sebbar
n'a pas usé de la langue de bois: «Les citoyens ne jouissent pas encore
entièrement de ces droits, outre les disparités régionales», a-t-il
estimé.
Alignement sur l'Algérie et le Polisario
Pour ce qui
est du dernier rapport du Secrétaire général de l'ONU, Mohamed Sebbar y a
décelé un grand alignement sur la thèse du Polisario et de l'Algérie,
en plus, a-t-il dit, d'un illogisme et d'une contradiction flagrante de
ce rapport quand il évoque les droits de l'homme dans la région.
Mieux s'adapter aux critiques
Rappelant que
le chantier des droits de l'homme n'est pas du tout conjoncturel, mais
constitue une part de la lutte pour ces droits à travers notre histoire,
ce qui a eu pour finalité de devenir une partie des priorités et des
choix de l'Etat et ce, malgré la persistance de quelques
dysfonctionnements, El Habib Belkouch, président du Centre d'études en
droits humains et démocratie (CEDHD), a pour sa part relevé l'absence de
complémentarité entre les différentes institutions et la mise en œuvre
sur le terrain du choix des droits de l'homme. Ces derniers n'ont pas
besoin d'être étudiés par les institutions internationales, mais d'être
débattus par les Marocains eux-mêmes du fait qu'ils intéressent toute
une nation et non une région déterminée (NDLR: les provinces
sahariennes). «Nos voisins, a encore dit Belkouch, vivent une nette
régression continue des droits de l'homme, mais la majorité des
critiques les épargne et vise le Maroc. Il faut donc que nous nous
adaptions positivement à ce genre de critiques». Et de préciser que la
meilleure réponse à ces critiques est la traduction sur le terrain de la
stratégie nationale des droits de l'homme. L'orateur a appelé à mieux
faire connaître cette stratégie par une meilleure communication qui
n'arrive pas aujourd'hui à mieux servir cet élan des droits de l'homme
au Maroc. Ce qui fait justement le jeu des adversaires qui profitent de
ces lacunes pour mieux ternir l'image du Royaume à l'international.
Pour une société en pleine mutation
Abordant le
fameux «printemps arabe» auquel le Maroc a échappé ou en est sorti à
moindres frais par rapport à d'autres pays, Mohamed Neshnash, président
de l'Organisation marocaine des droits de l'homme (OMDH), a expliqué
cela par le fait que les Marocains ont milité pour la liberté depuis la
signature du Manifeste de l'indépendance, ce qui a fait de la société
marocaine une société vivante et en pleine mutation. Pour le président
de l'OMDH, l'ère nouvelle a entamé son parcours par la revendication de
la liberté, dans le cadre de l'Etat de Droit et du nouveau concept de
l'autorité, allant jusqu'à «Equité et Réconciliation» et même jusqu'à la
mise en œuvre de la Constitution de 2011.
Pour un meilleur comportement des sécuritaires
Par ailleurs,
le président de l'OMDH a critiqué le comportement des services de
sécurité qui, selon lui, porte atteinte aux valeurs du pays édifiées sur
les droits de l'homme. Neshnash a également critiqué la réaction
souvent musclée des forces de l'ordre face aux sit-in, principalement
ceux qui ne se soucient guère d'obtenir une autorisation préalable. Le
président de l'OMDH a appelé à la nécessaire bonne gouvernance,
précisant que l'espoir pour les jeunes Marocains est que leur pays aille
à grande vitesse vers la liberté. Mohamed Neshnash a fait remarquer que
le plus grand problème du Maroc demeure la corruption, fléau devant
lequel le gouvernement reste les mains liées.
Revendiquer la sécurité d'abord
Abdelali
Hamidine, président du Forum Al Karama, a précisé que l'avancée des
droits de l'homme est liée à la maturité de la société et que, lorsque
le crime prend de l'ampleur, la revendication de la sécurité devient
plus grande que celle des droits de l'homme, aussi paradoxalement que
cela puisse paraître. En outre, plus les institutions prennent forme et
se consolident, plus le pays réalise des avancées notoires dans le volet
des droits de l'homme.
Des zones d'ombre persistent
Abdelali
Hamidine a attesté, lors de son intervention devant un parterre de
journalistes et de représentants de la société civile, que le Maroc a
certes réalisé une avancée incontestable des droits de l'homme. Mais
est-elle suffisante? s'est-il interrogé. Il est grand temps, a-t-il
souligné, de lever le voile sur la stratégie nationale pour le
développement des droits de l'homme et de la démocratie. Et de relever
qu'il existe encore quelques zones d'ombre. En attestent, selon lui, les
interventions violentes contre les manifestants et autres sit-in,
lesquelles nuisent aux avancées des droits de l'homme, mais aussi la
situation déplorable dans les prisons résultant de mentalités
rétrogrades qui sont incompatibles avec les dispositions de la loi et le
respect des droits des prisonniers. Il a donc appelé à une nécessaire
révision du rythme de la réforme du Code pénal.
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El Habib Belkouch :
Mieux gérer la liberté d'expression et les courants séparatistes dans les provinces du sud
El Habib
Belkouch, président du Centre d'études en droits humains et démocratie
(CEDHD), s'est voulu transparent lors de sa participation au Forum de la
MAP. Il a précisé en substance: «La sécurité est nécessaire pour
garantir la liberté et les droits de l'homme». En parallèle, l'ensemble
des institutions de l’État ont grand besoin de révision, telles les
institutions de la sécurité, de la justice, etc, a-t-il estimé. Il a
également appelé à faire en sorte que le Conseil supérieur de la
sécurité voie le jour.
Pour
ce qui est du dossier du Sahara, Belkouch a émis le vœu que cette
affaire ne soit plus au centre de nos préoccupations seulement au début
de chaque mois d'avril. «Il nous faudrait une stratégie particulière»,
a-t-il insisté. Il s'est prononcé, lors du débat qui a suivi les
différentes interventions, pour une «gestion de la liberté d'expression
et du séparatisme à l'intérieur des provinces du sud», pour que tous
sentent qu'ils sont partie prenante. «Nous avons grand besoin d'une
réflexion collective pour déceler les zones d'ombre. Nous avons
également besoin de réponses convaincantes aux défis et contraintes, à
l'international... Nous avons grand besoin d'un plan où chacun de nous
assumera sa responsabilité», a conclu El Habib Belkouch.
MN
http://www.lereporter.ma/actualite/a-la-une/2815-dilemme-s%C3%A9curit%C3%A9-d%E2%80%99abord,-ou-droits-de-l%E2%80%99homme.html
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