N.B, h24info.ma 9/4/2014
Le torchon brûle entre Mohand Laenser et Zakaria Moumni © Photomontage H24info
L'ex ministre de l'Intérieur Mohand Laenser
reconnait avoir eu des contacts avec l'ancien champion qui affirme avoir
été torturé. Pour la partie marocaine, Zakaria Moumni fait du chantage.
L'histoire de Zakaria Moumni avec les autorités marocaines n'en finit pas. La lettre ouverte que l'ancien champion a envoyé à Mohammed VI,
et dans laquelle il affirme avoir été "torturé" dans le centre de la
DGST à Temara, a fait sortir de son silence l'ancien ministre de
l'Intérieur, et l'actuel ministre de l'Urbanisme, Mohand Laenser.
Mohand Laenser révèle à Akhbar Al Yaoum qu'il a bien eu des contacts
avec Zakaria Moumni. Le ministre explique qu'il lui a téléphoné "deux ou
trois fois, après qu'il a interpellé à plusieurs reprises l'Etat
marocain, pour savoir ce qu'il demandait. " Mais il poursuit sur un
autre ton "Par contre, ses affirmations sur la compassion du roi pour
son sort et la protection dont bénéficient ceux qui l'auraient torturé
sont de la pure fiction".
Selon Laenser, Moumni a décliné l'offre qui lui a été faite pour
travailler au ministère de la Jeunesse et des Sports et a fait une
demande d'aide financière, après la dégradation de sa situation suite à
son arrestation. Le ministre a demandé ensuite au boxeur d'envoyer sa
demande par lettre. "Le ministère a reçu une lettre qui demandait une
somme conséquente de 6 milliards de centimes, signé par Zakaria Moumni
et son épouse française" a ajouté le ministre au quotidien.
Un club sportif à Paris
La réponse de Zakaria Moumni ne s'est pas faite attendre. Dans une déclaration au site Goud,
Moumni affirme qu'il a reçu plus une vingtaine d'appels de la part du
ministre, et qu'il garde toujours les enregistrements. Il affirme que
depuis leur premier contact en mars 2012, Laenser lui aurait expliqué,
lors de plusieurs conversations, que "le roi sait qu'il est victime
d'injustice et qu'il a confié le dossier à son ministre".
Le boxeur nie également avoir demandé la somme d'argent
mentionnée par le ministre. Il déclare précisément: "Financièrement, je
n'ai jamais manqué de rien".
Réponse du berger à la bergère, cette fois par l'entremise
d'un des avocats du Maroc -qui a porté plainte contre l'ancien champion à
Paris. S'exprimant en off, l'avocat a remis des documents à Goud
qui "prouvent tout le contraire", selon le site arabophone. Il s'agit
d'une lettre envoyée le 23 avril 2012 et dans laquelle Zakaria Moumni
demande une aide financière de 4,9 millions d'euros afin de construire
un club sportif à Paris.
Aux origines de l'affaire
L'affaire de Zakaria Moumni remonte au 27 septembre 2010. Le sportif,
alors âgé de 31 ans, est arrêté à son arrivée au Maroc pour escroquerie.
Il accuse les autorités de l'avoir battu et torturé dans "'un centre de
détention secret". Zakaria Moumni affirme avoir signé sous la torture
les aveux selon lesquels il aurait soutiré à deux Marocains 1.200 euros,
contre la promesse de leur trouver du travail en Europe. Il a
finalement été gracié en février 2012.
Pour le boxeur, ce sont ses demandes insistantes pour
bénéficier d'un poste de conseiller sportif au sein du ministère de la
Jeunesse et des Sports qui lui auraient valu ces tracasseries. En 1999,
le jeune Zakaria Moumni, alors âgé de 19 ans, avait arraché le titre de
champion du monde de Light contact. Or, selon un dahir royal, les
sportifs qui ont obtenu un titre mondial ont droit à un poste au
ministère.
Zakaria Moumni fait partie des personnes qui ont porté
plainte en France contre le patron du contre-espionnage marocain (DGST).
Le Maroc a contre-attaqué, mandatant des avocats pour porter plainte à
Paris pour "diffamation".
Mise à jour:
Zakaria Moumni a réagi aux déclarations de Mohand Laenser. Il explique,
dans un communiqué publié par ses avocats, que "la seule lettre (qu'il
a) envoyé à M. Laenser c'est la lettre à la demande de M. Laenser, dans
laquelle Zakaria Moumni a cité le nom de ses tortionnaires car M.
Laenser lui a dit de ne pas les citer par téléphone". Concernant la
somme d'argent évoquée par le ministre, Zakaria Moumni parle d'une
"somme proposée (par les autorités) pour réparer les tortures subies et
son emprisonnement arbitraire de dix-huit mois". " Zakaria Moumni a
refusé toute forme de réparation car la réparation sans la justice ne
signifie rien", poursuit le communiqué.
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