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vendredi 30 août 2013

Hamza Mahfoud, plume du M20F, critique roi qui a décoré le rappeur "BIG" non-opposant à la grâce pour "Daniel"


Hamza Mahfoud



L’instigateur de l’événement Facebook anti-grâce  DanielGate, Hamza Mahfoud réagit aux attaques du rappeur Bigg qui a qualifié les manifestants de "moutons suivistes"
Hamza Mahfoud, (premier activiste a avoir créé un événement Facebook pour manifester contre le scandale de la grâce royale profitant au violeurs d'enfants marocains) a été surpris par les propos acerbes du rappeur Taoufiq Hazib, de son nom de scène "Bigg"  à l’encontre des personnes qui se sont opposées à la grâce royale, et que le chanteur a qualifié de "moutons suivistes".
 Contacté par Lakome, Mahfoud a commenté les propos tenus par "Bigg" lors d’une interview télévisée en disant : "cette personne (Bigg) nous a habitués à ce type de déclarations de bas étage et à son manque de respect vis-à-vis d’autrui".
Mahfoud a par ailleurs déclaré que "les véritables moutons suivistes sont ceux qui défendent les erreurs du pouvoir et s’entêtent à les justifier même lorsque ce même pouvoir reconnaît ses fautes comme dans le cas du DanielGate."
Et Mahfoud d’ajouter : " si le communiqué du Cabinet royal n’avait pas reconnu l’erreur, Bigg et ses semblables auraient continué à défendre l’indéfendable. Ces gens là ne font preuve d’éloquence qu’à mesure des instructions qu’ils reçoivent".
Mahfoud considère que les attaques de Bigg n’expriment pas sa conviction personnelle mais simplement la volonté de ses mentors. A ce propos Mahfoud a déclaré :"ceux qui vivent de la rente et de flagorneries ne peuvent avoir d’avis indépendant de leurs maîtres"
Dans ce qui ressemble être un défi lancé au rappeur (qui vient d'être décoré par le roi le 21 août dernier, ainsi que d'autres artistes) et à "ses mentors", Hamza précise que "ceux qui sont sortis contre ce crime de grâce accordée par le roi au criminel Daniel, sortiront chaque fois que la monarchie commettra de nouvelles erreurs pour faire savoir que le roi est, comme le reste du monde, susceptible de commettre des fautes"… "Il n’ y a pas d’autre alternative à une réelle séparation des pouvoirs dans ce pays que nous aimons" a-t-il ajouté.
Par ailleurs, lors de cet entretien avec Lakome, Hamza Mahfoud s’est inquiété du silence des autorités marocaines sur le résultat de l’enquête judiciaire concernant les violences policières qui ont accompagné la manifestation du vendredi 2 août au cours de laquelle des manifestants anti-grâce ont été violemment agressés par les forces de l’ordre. Pour Mahfoud, "ce silence pourrait être un nouveau message du pouvoir pour creuser encore plus le manque de confiance entre la rue et les institutions officielles".
Rappelons que Bigg a été décoré d'un "Ouissame" par le roi Mohammed VI, à l'occasion de la célébration de son 50ème anniversaire. Plusieurs autres personnalités du monde de l'art et du sport ont été également décorées.

 http://fr.lakome.com/index.php/maroc/1293-les-betises-de-bigg-et-la-reponse-de-hamza-mahfoud

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 MAROC Hamza Mahfoud, la plume du 20 février

Par : Courrier International, 30/8/2013


Etudiant en philosophie, âgé de 25 ans, Hamza Mahfoud signe les slogans des marches de protestation et donne de la voix dans le haut-parleur pendant les manifestations. Itinéraire d’un militant de la première heure du “printemps marocain
   

Hamza Mahfoud - Mamfakinch 
 Hamza Mahfoud - Mamfakinch


Hamza MahfoudHamza Mahfoud est de toutes les manifestations du Mouvement du 20 février 2011 à Casablanca. Son credo est la non-violence. Son objectif, une monarchie parlementaire

Au lendemain d’une raclée reçue pendant une manifestation à Sbata [quartier populaire à Casablanca], Hamza Mahfoud trouve le temps de s’attabler avec nous dans un café de son quartier, Bournazel, à Casablanca. Cet étudiant en philosophie est l’un des ténors des marches du Mouvement du 20 février. A chaque manifestation, on le voit s’époumoner dans le haut-parleur, dressé sur le pick-up Honda qui mène le cortège. Mais Hamza n’est pas seulement une voix du mouvement, il est aussi la plume qui signe la majorité des slogans scandés par les jeunes. “Wal lhall lwahid, iskat al hokouma” (La seule solution, c’est la dissolution du gouvernement), c’est lui. “Wa lmakhzen yatla’ barra” (Le makhzen dehors), c’est encore lui. Pendant que la discussion va bon train sur l’avenir du “printemps marocain”, son téléphone sonne plusieurs fois. “C’est vicieux. Plusieurs militants sont en train de se faire pirater leur compte Facebook. Ils ont déclenché une guerre totale contre nous sur le Net”, lance-t-il d’une voix calme et dans un arabe digne d’un présentateur d’Al-Jazira [chaîne satellitaire arabe]. http://youtu.be/PiDrpTv3LZE

Militant de la première heure du Mouvement du 20 février, Hamza Mahfoud prône la désobéissance civile pacifique, à la manière du mahatma Gandhi. Et il n’en est pas à sa première expérience. “J’ai côtoyé toutes les tendances idéologiques, mais je préfère être un électron libre et garder mon sens critique”, précise Hamza en écrasant sa cigarette. Tout a commencé à la veille de la marche du 20 février. Fasciné par les récits rapportés par ses potes militants d’Attac Maroc, dont certains étaient présents sur la place Tahrir du Caire, il se met à rêver de slogans percutants et fédérateurs. “Je griffonne des ébauches de slogans tard la nuit. Il ne s’agit pas d’inventer le fil à couper le beurre : il suffit juste de détourner une chanson, de travestir un slogan propagandiste pour en faire un truc que les gens aiment scander à l’unisson”, explique-t-il. Un mordu de lecture

Après une nuit blanche, Hamza sort, comme des milliers de Marocains, le 20 fé­vrier sur la place Lahmam de Casablanca. A partir de ce jour, il sera de toutes les marches du mouvement. Au fur et à mesure que les manifestations se multiplient, sa plume fait mouche. “Les délires de Kadhafi sont une aubaine pour moi. Placer l’expression ‘zenga zenga’[ruelle par ruelle] dans un slogan, c’est le strike garanti”, confie-t-il. Mais, au fait, qui est Hamza Mahfoud ?

Né dans le quartier de Bournazel en 1986, le jeune homme est l’incarnation même du clash des générations. Fils d’instituteur, il devient un mordu de la lecture dès l’âge de 8 ans et découvre le monde des idées par le truchement des écritures religieuses. Fervent croyant, il a 13 ans quand il croise la route du Mouvement unicité et réforme [MUR, islamiste, fondé en 1996], où il fait son premier apprentissage idéologique. “Au début, on se réunissait dans les mosquées du quartier. Ensuite, j’ai été autorisé à assister aux jalassat [réunions] d’apprentissage du Coran et de prêche”, déclare-t-il. Grâce à sa mémoire phénoménale et à son engouement pour la lecture, Hamza va vite monter en grade. Il finit par organiser ses propres jalassat, durant lesquelles il aiguise ses talents de tribun. Ce qui ne manque pas d’éveiller l’inquiétude de son père, qui le pousse à suivre un cursus scientifique au lycée pour l’éloigner de la littérature. Hamza, la mort dans l’âme, joue le jeu, mais le père se ravise quatre mois plus tard et exige que son rejeton suive une formation professionnelle. Le clash est inévitable. “J’ai fugué de chez moi à 15 ans. J’ai passé un mois à Meknès à vivre comme un chamkar [celui qui vit dans la rue et qui n’a rien à perdre dans une société dominée par l’argent]”, se souvient-il, tout sourire.
Changement pacifique

Hamza finit par reprendre ses études et dé­croche son bac à 17 ans. Pourtant, quelque chose semble brisé dans la tête de cet adolescent qui couve sa révolte et la cultive à travers ses lectures. Il dévore la littérature des Frères musulmans, ainsi que les écrits du Saoudien Khalis Jalabi [chirurgien, penseur islamique, défenseur de la non-violence et adepte de l’autocritique au sein des mouvements de l’islam politique] et du Syrien Haidar Haidar [écrivain prônant la lutte contre toutes les formes de répression et de violation des droits de l’homme], deux grands déconstructeurs du discours des courants salafistes. “Mais le choc de ma vie est certainement Nikos Kazantzakis [écrivain grec 1883-1957, lauréat du Prix international de la paix en 1950]. Bac en poche, j’ai décidé de partir une année pour travailler sur un chalutier à Martil, à côté de Tétouan. J’avais besoin de gagner un peu d’argent, de lire et de poursuivre ma quête personnelle”, raconte Hamza. De retour dans le giron familial, il a les idées plus claires. Il décide de s’orienter vers le journalisme. Pour l’heure, Hamza ne se laisse pas intimider par les coups de matraque des forces de l’ordre, qui lui ont valu une entorse au bras et des blessures au dos lors des manifestations à Sbata, les 22 et 29 mai. Avec un zèle qui frôle le masochisme, il est à chaque fois rentré chez lui poster les premières vidéos et photos de la manifestation sur Facebook. “On ne lâchera pas l’affaire tant que ce pays ne changera pas”, assène-t-il. Mais il n’est pas question de céder aux sirènes anarcho-révolutionnaires. Son credo est la non-violence et l’exigence d’une démocratisation dans le cadre d’une monarchie parlementaire. Il faut dire qu’avec son passé de militant il a vu défiler beaucoup d’illuminés et de naïfs. “Ce sont des composantes inéluctables dans chaque mouvement. Il faut même composer avec les flics en civil qui viennent à nos réunions. Mais la vérité finit toujours par triompher”, martèle Hamza, qui continue à revendiquer un modèle de changement pacifique.





REPÈRE — Manifestations


Le 20 février 2011 ont lieu les premières manifestations. Le 9 mars, Mohammed VI annonce une réforme constitutionnelle. La contestation se poursuit. Elle est violemment réprimée. Le 17 juin, le nouveau texte constitutionnel est adopté en Conseil des ministres et le roi annonce la tenue, le 1er juillet, d’un référendum sur la nouvelle Constitution. Le scrutin recueille 98,5 % de oui. Des législatives anticipées sont prévues pour le 25 novembre.
Source :    Hicham Oulmouddane, TelQuel, 15/9/2011
 http://www.courrierinternational.com/article/2011/09/15/hamza-mahfoud-la-plume-du-20-fevrier

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