Par Kassataya, SaharaDoc : 4/7/2013
Bâillonnée par sa neutralité dans la question du Sahara occidentale,
la Mauritanie a quand même été invitée à la dernière réunion tenue sur
le territoire américain entre Marocains et Sahraouis.
Elle a fait office d’observateur au même titre que l’Algérie.
La Mauritanie officielle continue de s’enfermer dans un mutisme
total, dicté par ses engagements politiques et les excellentes relations
qu’elle entretient avec l’ensemble des acteurs concernés, Maroc, RASD
et Algérie. C’est compte tenu de sa position géographique et du rôle
historique qu’elle a joué dans la région qu’elle a certainement été
invitée à la table des négociations tenues il y a quelques jours aux
Nations Unies.
D’aucuns ont compris qu’un règlement définitif de la
question ne peut être trouvée en excluant la Mauritanie. Notre pays n’en
demeure pas pour autant neutre. Il a même, à un moment de son histoire,
essayé de s’exclure du problème.
D’abord partie prenante, la Mauritanie s’était désengagée en 1978,
quand l’Armée renversa Moktar Ould Daddah et restitua l’ensemble de ses
possessions sahraouies, des territoires que le Maroc avait
automatiquement récupérés. Un peu plus tard, elle devait revenir sur ses
positions politiques et militaires. L’amorce se produit entre 1980 et
1984, avec le soutien engagé de l’ancien Président Mohamed Khouna Ould
Haidalla aux côtés du Front Polisario, ce qui déboucha à l’époque sur
une crise ouverte avec le Maroc de Hassan II et la Mauritanie.
Depuis lors, la Mauritanie s’est réinstallée dans son fauteuil
d’observateur neutre, attentif et non désintéressé par rapport aux
évènements qui se déroulent dans ses frontières nord. Mais si une telle
attitude peut se comprendre pour un Etat qui cherche à ménager ses
alliances politiques et à sauvegarder ses intérêts géostratégiques, il
en est autrement de la société civile, de la classe politique et
intellectuelle qui doivent contribuer, par la réflexion et l’implication
directe, à la recherche d’une solution satisfaisante pour toutes les
parties. Cela ne se passe pas !
Par delà l’aspect politique qui le confine dans une neutralité de
jure, la position géographique de la Mauritanie par rapport aux parties
en conflit ainsi que l’interpénétrabilité socioculturelle et
civilisationnelle qui le lie aux populations du Sahara, en font un
acteur impliqué quelle que soit sa volonté. Ne serait-ce que pour la
question de Laguerra dont le règlement est partiellement mis en
sourdine, pour des considérations d’ordre politique voire économique ,
la Mauritanie ne peut être indifférente à toutes les solutions qui
seront apportées dans ce dossier.
Placée sur la ligne de front, face au sud marocain, au sud algérien
et aux combattants de la RASD, la Mauritanie ne serait pas à l’abri, en
cas de conflit, aux vagues de réfugiés, aux droits de poursuite sur son
territoire et à la réactivation du dossier de Laguerra, petite localité
située à quelques encablures de la cité économique Nouadhibou.
C’est dans ce cadre que l’on peut avancer que le règlement global du
conflit sahraoui ne peut se décréter par ordonnance. Il passe
nécessairement par le consensus et l’avis du peuple sahraoui à travers
un référendum d’autodétermination, tel que prôné par l’Organisation des
Nations Unies et la défunte OUA. C’est d’ailleurs ce que prônent pour
l’heure les parties directement concernées.
Débarrassés du joug colonial espagnol, les habitants sahraouis
doivent pouvoir se prononcer, après trente ans de combat politique et de
lutte armée, en toute impartialité sur leur destin : une large
autonomie au sein du Royaume marocain ou l’indépendance totale dans le
cadre d’un Etat souverain. Sinon, on continuera à cautionner une
colonisation de fait, aux corps défendant d’une population nourrie par
le cordon ombilical d’une mère nourricière certes, mais pas naturel.
C’est à ce problème que les experts se sont penchés la semaine dernière.
Pour l’heure, la réponse à la question ne semble pas être à portée de
main.
MOMS.
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