Par Gilbert Sinoué, 6/7/2013
Voilà que, depuis quelques jours, la Presse Internationale, nous
bassine avec l’expression « coup d’État ». Quarante-huit heures, que les
diplomates (dont on connaît l’esprit visionnaire), poussent des cris
d’orfraies en évoquant la déposition de M. Morsi « président élu
démocratiquement ».
« Coup d’État ! » crie la planète. « Coup d’État ! »
La Turquie de Monsieur Erdogan condamne. Y aurait-il un lien avec les
événements récents de la place Taksim ? Non bien sûr. La Russie «
appelle à la retenue », l'UE « désapprouve l'intervention militaire »,
l'Allemagne la considère « dangereuse » M. Obama, de plus en plus
amnésique depuis son brillant discours du Caire du 4 juin 2009, se dit
très « préoccupé ». Le Quai d’Orsay, s’est contenté de « prendre acte ».
Le ministres des Affaires étrangères britannique, qui a oublié que le
ridicule tue, nous dit : « Le Royaume-Uni ne voit pas dans les
interventions militaires un moyen de régler des conflits dans un système
démocratique. » Bien sûr, la douce Angleterre n’a jamais usé d’un
processus aussi brutal, ni aux Malouines, ni en Palestine, ni en Inde,
ni en Égypte, ni en Irak, et sûrement pas en Afrique du Sud, quand elle
massacrait allègrement les Boers et les Zoulous, ni ailleurs dans le
monde.
Bref… je pose une question : de qui se moque-t-on ? À
quoi jouent nos chers « démocrates » ? Ont-ils jamais appris la
véritable définition du coup d’État ? Elle est pourtant claire et sans
équivoque: « Prise du pouvoir de façon violente et illégale » ou encore «
renversement du pouvoir par une personne investie d'une autorité, de
façon illégale et brutale. »
Est-ce donc ce qui s’est passé en
Égypte le 3 juillet 2013 ? N’a-t-on pas vu un peuple en marche comme
jamais dans l’histoire, exiger le départ d’un dirigeant qu’il jugeait
d’une incompétence nobélisable, doublé d’un pyromane ? N’a-t-on pas vu
que c’était le peuple et lui seul qui faisait son « coup d’État », et
non les chefs militaires, ces derniers n’ayant agi que pour empêcher un
bain de sang.
Mais où donc va le monde ? Hier, sur RMC dans
l’émission d’Éric Brunet, (formidable journaliste au demeurant) j’ai dû
livrer combat pendant une heure pour tenter de tordre le cou à cette
réaction internationale aussi stupide que dangereuse : « coup d’État. »
Lorsque Moubarak fut destitué à quelque chose près dans les mêmes
circonstances, a-t-on entendu cette expression, une fois, une seule ?
Jamais. Bizarre non ?
Peu importe. Je veux conclure par ceci :
Si seulement en 40 le peuple allemand avait eu les c… s du peuple
égyptien en destituant un homme « démocratiquement élu », cela nous
aurait évité des millions de morts et la Shoah. Mais cet argument,
l’Occident ne l’entend sûrement pas. Il ne veut pas l’entendre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire