Par Solidmar, 4/7/2013
Lettre ouverte à Messieurs Le
ministre de la Justice du Maroc, Le ministre de l’Intérieur du Maroc,
Le
ministre des Affaires Extérieures de France,
Le
président du CNDH, Le président de l'Asdhom,
L’ambassadeur du Maroc en
France,
Messieurs,
Au Maroc il n’y a plus de
prisonniers politiques et la torture, c’était il y a 30 ans, a affirmé le chef
du gouvernement sur Tele5Monde
Pur mensonge ! Année après année nous constatons la
banalisation et l’aggravation des violations des droits de l’Homme au Maroc et
au Sahara Occidental, surtout depuis que la jeunesse marocaine, à travers le
Mouvement du 20 février et l’Union des Etudiants du Maroc, réclame la justice
sociale, la liberté, la dignité… en un mot la démocratie, « crime » que le
Maroc, auto-proclamé exemplaire dans la défense des droits de l’Homme, ne
devrait pas sanctionner par la prison, la torture et autres traitements
dégradants !
Comme il serait mal vu d’emprisonner
officiellement pour soif de démocratie ces militants qui
luttent pour un État de droit, il est d’usage dans ce
pays modèle d’extorquer par la torture des aveux, prétextes à accusations
diverses comme troubles à l’ordre public, entrave à la circulation, atteinte au
sacré… voire tentative d’homicide. C’est ainsi que plusieurs centaines de
prisonniers d’opinion, militants de droits de l’Homme et syndicalistes ouvriers
et paysans, survivent dans les geôles du royaume où les conventions internationales ne sont pas
respectées.
Cinq prisonniers politiques militants de l’UNEM,
arrêtés en décembre 2012 et incarcérés sans
jugement, risquent de mourir à la prison
Toulal 2 de Meknès. Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou, Mohamed
Eloualki et Hassan Ahmouch ont entamé leur troisième mois de grève de la faim
dans des conditions de santé déplorables : perte de poids, vomissements,
évanouissements, tension anormale, hémorragies. N’obtenant aucun changement, ils
refusent aussi de s’alimenter en eau et en sucre… Le 2 juin trois
d'entre eux ont été transférés d’urgence à l'hôpital Mohamed V à Meknès où ils
ont subi des mauvais traitements pendant 5 jours… menottés, alors
qu'ils sont incapables de bouger. Hassan Koukou a été hospitalisé
une deuxième fois, le 17 juin.
Leurs revendications portent d’abord sur
l’amélioration de leurs conditions de détention conformément aux conventions
internationales que le Maroc a signées, ainsi que sur la reconnaissance
de leur statut de prisonnier politique qui accorde l'accès aux soins et aux
visites, l'arrêt des mises au cachot et des tortures, l’interdiction des
insultes et des agressions de la part des gardiens et des prisonniers de droit
commun dont ils sont régulièrement victimes. Et bien sûr, la
libération.
Deux autres prisonniers détenus à Taza, Abdessamad
AL HAYDOUR dont c’est la deuxième longue grève, et Tarik AL HAMANI
également très affaiblis, ont suspendu leur grève de la faim à Fès, grâce
à l’intervention du CRDH auprès de l’administration pénitentiaire qui a
également permis la libération provisoire de trois étudiants accusés d’atteinte
à l’ordre public. Ces améliorations obtenues prouvent que leurs demandes sont
légitimes.
Vous avez été interpelés par des députés français,
des militants de droits de l’Homme, des parrains de prisonniers politiques,
inquiets de cette situation. Vous êtes au courant de la situation des droits de
l’Homme au Maroc, vous savez que celle que rapporte la presse aux ordres de la
monarchie est mensongère… Obtenir la libération de ces victimes
devrait être pour
vous une question d’honneur et d’humanité, et pour eux la réparation d’une
injustice
La France affirme son
attachement au plein respect des droits de l’Homme partout dans le monde, et
continue à cautionner la politique répressive
de la monarchie chérifienne, véritable insulte pour ses citoyens qui souhaitent
que le ministre des affaires étrangères révise sa position et contribue à la
libération de ces hommes afin qu’ils retrouvent santé et vie normale, s’il est
encore temps
Je vous prie de croire,
Messieurs, en ma considération.
Marie-José
Fressard
Présidente de Solidarité Maroc 05
Marraine de Hassan Dah, prisonnier politique sahraoui de 26
ans,
journaliste, militant de droits de
l’Homme
condamné à 30 ans de prison
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