Mohamed Bennour, porte-parole tunisien du mouvement rebelle Tamarrod en conférence de presse à Tunis le jeudi 3 juillet 2013 © Reuters - Zoubeir Souissi
Suivant le succès des mouvements protestataires en Egypte, certains Tunisiens ont décidé de s'organiser pour contrer les dirigeants islamistes en place. La version tunisienne du mouvement Tamarrod, lancée en juin dernier et bien moins importante qu'en Egypte, mobilise de nombreux opposants au régime islamiste. Un mouvement de démocratisation que le président Hollande, qui en visite d'Etat pour deux jours en Tunisie, entend encourager.
Le mouvement rebelle Tamarrod, fort de son succès de mercredi avec la chute du président Morsi, se propage et traverse les frontières égyptiennes.
Prenant exemple sur le mouvement rebelle de leurs voisins et se remémorant le départ de leur ancien président Ben Ali en janvier 2011, des Tunisiens
lancent jeudi leur propre version du mouvement Tamarrod. Les chefs de file du
mouvement comptent profiter des évènements du Caire pour s'opposer à leur
propre gouvernement.
"Tamarrod", ou rébellion en arabe. Tout comme l'Egypte l'était jusqu'à mercredi, la Tunisie est
dirigée par des mouvements islamistes. Arrivés au pouvoir après la
"révolution du Jasmin", premier acte du "printemps arabe",
ils sont fortement critiqués, notamment par les laïcs. Mis en place depuis
octobre 2011, l'assemblée constituante tunisienne n'a toujours pas adoptée de
Constitution.
Les grandes dates de le révolution tunisienne © IDÉ
Selon Mohammed Bennour, l'objectif de cette
seconde vague de révolte est la formation d'un nouveau gouvernement
intérimaire. Le porte-parole du mouvement rebelle estime également que
l'Assemblée constituante s'apprête à ancrer la religion dans la loi
fondamentale. Il espère une dissolution rapide. En Tunisie comme en Egypte, le
mouvement reproche aux dirigeants islamistes de vouloir instaurer un régime
théocratique liberticide et d'aggraver la crise économique.
"La jeunesse tunisienne marche dans les pas des jeunes Egyptiens." (Porte parole du mouvement Tamaroud)
Une tentative pas encore aboutie
D'après un jeune rebelle tunisien, 180.000 signatures tunisiennes auraient
été récoltées contre le gouvernement islamiste. C'est environ cent fois moins
qu'en Egypte où une pétition similaire a réuni deux millions de signatures. Les
chefs de file tunisiens comptent tout de même appeler rapidement à de grandes
manifestations. "Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe dans le pays,
qu'il s'agisse des atteintes aux libertés ou des difficultés économiques et
sociales",
a déclaré Mohamed Bennour, porte-parole du mouvement Tamaroud.
François Hollande, en
déplacement jeudi en Tunisie pour la première fois depuis les révoltes de 2011, entend lui
encourager ce mouvement de démocratisation.
Peu d'inquiétude côté islamiste
Le parti islamiste Ennahda,
jusqu'à présent majoritaire à l'Assemblée tunisienne, est parvenu à apaiser le
mouvement de contestation en faisant entrer des personnalités sans étiquette
dans le gouvernement formé en mars. Ces dirigeants ont également renoncé à
toute mention de la loi islamiste dans la nouvelle Constitution.
Estimant que son
parti avait "adopté une sérieuse
stratégie d'entente entre les courants islamiste et moderniste",
le
chef d'Ennahda ne semble pas inquiété par l'arrivée du mouvement Tamarrod. "Certains jeunes rêveurs peuvent
croire qu'il est possible de rééditer en Tunisie ce qui s'est passé en Egypte,
mais ce sera une œuvre vaine", a-t-il déclaré jeudi
dans un quotidien arabe.
http://www.franceinfo.fr/politique/le-mouvement-egyptien-tamarrod-arrive-en-tunisie-1053427-2013-07-04#main-content
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