Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM
79, rue des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°30 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au
Maroc, 3/7/2013
Les procès politiques au Maroc se succèdent et les
condamnations à la prison ferme tombent sans répit. L’arme brandie par les
autorités marocaines semble fonctionner à plein régime. Les chefs d’accusation
agités par les parquets à la face de militants et participants aux
rassemblements pacifiques sont d’une extrême efficacité : Rassemblement
non autorisé, violence et destruction de biens publics, perturbation de la
circulation et blocage de la voie publique, insultes et offenses à agent
d’État, etc. sont autant d’éléments retenus par les tribunaux marocains pour
jeter en prison des citoyens qui osent réclamer des droits par la voie de la
protestation pacifique.
Ce point hebdomadaire est largement consacré aux derniers
procès intentés aux militants d’Ifni-Aït
Baâmrane.
Ce sont six militants de cette ville qui sont concernés
par une série de condamnations et privations de liberté. Il s’agit de Youssef Lembidae, Karim Lembidae, Brahim
Bara, Hassan Agherbi, Rachid Bouhafra et Mohamed Amzouz.
Avant de revenir aux raisons de la colère d’Ifni-Aït
Baâmrane, l’ASDHOM tient à remercier les militant-e-s de droits humains, de
l’UNEM, de l’ANDCM, du mouvement 20-Février et d’ATTAC-Maroc, avec une mention
particulière pour Souad Guennoun, du travail d’information qu’elles et qu’ils accomplissent
pour nous tenir au courant. Ceci nous permet de mettre à jour nos données
concernant les listes des prisonniers politiques, candidats au parrainage, et
ainsi tenir les parrains et marraines, à leur tour, informé-e-s sur la
situation de leurs filleuls dans les prisons marocaines.
Revenons aux faits et aux événements qui ont secoué la
ville d’Ifni-Aït Baâmrane pour comprendre le contexte.
En 2008, les jeunes, soutenus par les
habitants et les militants de la ville, organisent un sit-in sur la route
menant au port. Ils réclament essentiellement des emplois et le partage
équitable des richesses halieutiques dont bénéficie leur ville. Ils s’estiment
laissés pour-compte et marginalisés et voient cette richesse leur passer sous
le nez au profit de firmes internationales. Leurs revendications portent
également sur l’accès aux services publics et l’amélioration de leur mission.
Au lieu de satisfaire ces revendications, les autorités marocaines envoient des
escadrons de gendarmes, de forces auxiliaires et de CMI (Compagnie Mobile
d’Intervention) pour disperser dans la violence le sit-in. Le samedi 7 juin
2008 restera dans les annales comme un « samedi noir » pour la
population d’Ifni. Plusieurs arrestations sont opérées sans compter les
blessés. Les habitants ont été traités de tous les noms par les forces de
l’ordre. Ils refusent qu’on les traite de « fils d’espagnols », et de
« polisariens » par exemple.
Au même moment, les mineurs de Rdeyef et Gafsa en Tunisie
se mobilisent pour leurs droits. Même résistance, même combat. À Paris, un
collectif Maghreb Solidarité voit le jour et organise un meeting de soutien. Il
accueille Madame Rifi, la maman d’un
des prisonniers politiques à Ifni, pour témoigner. Cette solidarité qui s’est
organisée autour d’Ifni a fini par payer. Tous les arrêtés sont libérés la même
année 2008, mais les autres revendications sociales en termes d’emplois et de
service public ne sont pas satisfaites.
En 2011 et plus exactement avec le
déclenchement du mouvement 20-Février, la population s’organise de plus en plus
dans des structures militantes qui vont reprendre et élargir la lutte. La mobilisation ne faiblit pas et d’autres
événements vont avoir lieu le 29 avril 2013 après l’organisation d’un sit-in
pacifique. La répression s’abat de nouveau sur les militants et des
arrestations vont être opérées suivies de condamnations.
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Karim Lambidae, 17 ans, arrêté le 2 mai, est condamné à 8 mois de prison ferme et 1000
dirhams d’amende. Condamnation confirmée le 2 juillet 2013 par le tribunal
d’Agadir.
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Youssef Lambidae, frère de Karim, militant actif
d’Ifni (ANDCM, mouvement 20-Février, AMDH), arrêté le 6 mai, est condamné à 8 mois de prison ferme et 1000
dirhams d’amende. Cette condamnation a été confirmée aussi le 2 juillet par
le même tribunal d’Agadir.
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Rachid Bouhafra, arrêté le 6 juin à Ifni suite
aux événements du 29 avril 2013, est présenté devant le tribunal de Tiznit le
25 juin 2013. Son procès qui a été reporté au 28 juin. Il a été condamné à 8 mois de prison ferme et 5000 dirhams d’amende.
-
Mohamed Amzouz, poursuivi dans trois affaires,
est passé devant le tribunal d’Agadir le 25 juin 2013. La première plainte
remonte à 2007 lorsque les habitants d’Ifni s’étaient mobilisés après le décès
d’une mère, Aziza, par défaut de soins à l’hôpital de la ville. Le procès a été
reporté au 2 octobre 2013. Son deuxième procès suite à sa participation aux
événements du 29 avril 2013 a eu lieu le 28 juin 2013 devant le tribunal de
Tiznit. Celui-ci l’a condamné en compagnie de Rachid Bouhafra à 8 mois de prison ferme et 5000 dirhams
d’amende. Mohamed Amzouz dénonce un procès fabriqué de toutes pièces et
l’acharnement sur lui pour lui faire payer ses positions exprimées et assumées
par rapport au conflit du Sahara Occidental.
-
Hassan Agherbi, déjà arrêté en 2008, il est
convoqué le 25 juin par le même tribunal et dans la même affaire que Mohamed
Amzouz. Son procès et reporté au 2 octobre 2013.
-
Brahim Bara, un ancien prisonnier politique
suite aux événements de 2008, est convoqué le 25 juin dans le même dossier
qu’Hassan Agherbi et Mohamed Amzouz. Son procès est également reporté au 2
octobre 2013.
Toutes ces condamnations pour les mêmes chefs d’accusation
énoncés plus haut ne font qu’alimenter le climat de tension et de terreur à
Ifni. Au lieu de trouver des solutions satisfaisantes aux vrais problèmes dont
souffrent les habitants, les autorités marocaines préfèrent jeter de l’huile
sur le feu. La mobilisation ne faiblit pas et comme le dit bien Brahim Bara, l’une des victimes de
cette répression, « ceux
qui sont nés au milieu de la tempête, ne craignent pas le souffle du
vent ».
L’ASDHOM dénonce cette avalanche de procès et apporte tout
son soutien aux victimes et à leurs familles. Elle promet de tout faire pour
organiser la solidarité autour de ces nouveaux prisonniers politiques en les
intégrant dans un premier lieu à ses listes des parrainé-e-s.
Pour les autres informations toujours relatives aux
atteintes aux droits de l’Homme, nous nous limitons (pour ne pas rallonger ce
point) à quelques-unes:
Groupe Sahraouis (nouveau): Le 25 juin 2013,
la Cour d’appel d’Agadir a condamné le militant sahraoui Sidi Bouâmoud à 4 ans
de prison ferme après avoir passé 7 mois de détention provisoire à la prison
locale d’Aït Melloul. Il a été arrêté en novembre 2012 sur la base d’un avis de
recherche lancé contre lui depuis sa participation en février 2008 à un
rassemblement pro-polisario à Tantan. Son procès qui n’a duré qu’une heure a
connu plusieurs irrégularités. Sa défense a dénoncé un procès politique.
Groupe UNEM-Meknès : Marie-José
Fressard, présidente de Solidarité Maroc 05, et Gilles Deloustal, citoyen du
sud-est de la France, ont de nouveau interpellé les autorités marocaines et le
ministre français des affaires étrangères sur la situation alarmante des
grévistes de la faim à la prison Toulal 2 de Meknès. Hassan Koukou, Soufiane
Sghéri, Mounir Aït Khafou, Mohamed Eloualki et Hassan Ahmouch, tous militants
de l’UNEM sont en grève de la faim depuis le 11 mars 2013. Leur santé s’est
gravement détériorée. Vous trouverez leurs courriers sur la rubrique
« Témoignages et Lettres » du site de l’ASDHOM.
Écrire et
correspondre avec des prisonniers politiques, victimes de violations de droits, est notre arme
face à celle du pouvoir en place qui consiste à broyer toutes celles et tous
ceux qui résistent et aspirent à un État de droit.
La campagne de parrainage de l’ASDHOM veut donner du sens
à cette résistance et se veut un espoir et un moyen pour briser les chaines de
l’isolement qui entourent ces victimes de la répression.
Pour le bureau exécutif
Ayad Ahram
Président de l’ASDHOM
Paris, le 3 juillet 2013
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