Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

samedi 6 juillet 2013

Point hebdomadaire n°30 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc




Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre


Point hebdomadaire n°30 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc, 3/7/2013

Les procès politiques au Maroc se succèdent et les condamnations à la prison ferme tombent sans répit. L’arme brandie par les autorités marocaines semble fonctionner à plein régime. Les chefs d’accusation agités par les parquets à la face de militants et participants aux rassemblements pacifiques sont d’une extrême efficacité : Rassemblement non autorisé, violence et destruction de biens publics, perturbation de la circulation et blocage de la voie publique, insultes et offenses à agent d’État, etc. sont autant d’éléments retenus par les tribunaux marocains pour jeter en prison des citoyens qui osent réclamer des droits par la voie de la protestation pacifique.
Ce point hebdomadaire est largement consacré aux derniers procès intentés aux militants d’Ifni-Aït Baâmrane.
Ce sont six militants de cette ville qui sont concernés par une série de condamnations et privations de liberté. Il s’agit de Youssef Lembidae, Karim Lembidae, Brahim Bara, Hassan Agherbi, Rachid Bouhafra et Mohamed Amzouz.
Avant de revenir aux raisons de la colère d’Ifni-Aït Baâmrane, l’ASDHOM tient à remercier les militant-e-s de droits humains, de l’UNEM, de l’ANDCM, du mouvement 20-Février et d’ATTAC-Maroc, avec une mention particulière pour Souad Guennoun, du travail d’information qu’elles et qu’ils accomplissent pour nous tenir au courant. Ceci nous permet de mettre à jour nos données concernant les listes des prisonniers politiques, candidats au parrainage, et ainsi tenir les parrains et marraines, à leur tour, informé-e-s sur la situation de leurs filleuls dans les prisons marocaines.
Revenons aux faits et aux événements qui ont secoué la ville d’Ifni-Aït Baâmrane pour comprendre le contexte.
En 2008, les jeunes, soutenus par les habitants et les militants de la ville, organisent un sit-in sur la route menant au port. Ils réclament essentiellement des emplois et le partage équitable des richesses halieutiques dont bénéficie leur ville. Ils s’estiment laissés pour-compte et marginalisés et voient cette richesse leur passer sous le nez au profit de firmes internationales. Leurs revendications portent également sur l’accès aux services publics et l’amélioration de leur mission. Au lieu de satisfaire ces revendications, les autorités marocaines envoient des escadrons de gendarmes, de forces auxiliaires et de CMI (Compagnie Mobile d’Intervention) pour disperser dans la violence le sit-in. Le samedi 7 juin 2008 restera dans les annales comme un « samedi noir » pour la population d’Ifni. Plusieurs arrestations sont opérées sans compter les blessés. Les habitants ont été traités de tous les noms par les forces de l’ordre. Ils refusent qu’on les traite de « fils d’espagnols », et de « polisariens » par exemple.
Au même moment, les mineurs de Rdeyef et Gafsa en Tunisie se mobilisent pour leurs droits. Même résistance, même combat. À Paris, un collectif Maghreb Solidarité voit le jour et organise un meeting de soutien. Il accueille Madame Rifi, la maman d’un des prisonniers politiques à Ifni, pour témoigner. Cette solidarité qui s’est organisée autour d’Ifni a fini par payer. Tous les arrêtés sont libérés la même année 2008, mais les autres revendications sociales en termes d’emplois et de service public ne sont pas satisfaites.
En 2011 et plus exactement avec le déclenchement du mouvement 20-Février, la population s’organise de plus en plus dans des structures militantes qui vont reprendre et élargir la lutte. La mobilisation ne faiblit pas et d’autres événements vont avoir lieu le 29 avril 2013 après l’organisation d’un sit-in pacifique. La répression s’abat de nouveau sur les militants et des arrestations vont être opérées suivies de condamnations.  
     
-        Karim Lambidae, 17 ans, arrêté le 2 mai, est condamné à 8 mois de prison ferme et 1000 dirhams d’amende. Condamnation confirmée le 2 juillet 2013 par le tribunal d’Agadir.
-        Youssef Lambidae, frère de Karim, militant actif d’Ifni (ANDCM, mouvement 20-Février, AMDH), arrêté le 6 mai, est condamné à 8 mois de prison ferme et 1000 dirhams d’amende. Cette condamnation a été confirmée aussi le 2 juillet par le même tribunal d’Agadir.
-        Rachid Bouhafra, arrêté le 6 juin à Ifni suite aux événements du 29 avril 2013, est présenté devant le tribunal de Tiznit le 25 juin 2013. Son procès qui a été reporté au 28 juin. Il a été condamné à 8 mois de prison ferme et 5000 dirhams d’amende.
-        Mohamed Amzouz, poursuivi dans trois affaires, est passé devant le tribunal d’Agadir le 25 juin 2013. La première plainte remonte à 2007 lorsque les habitants d’Ifni s’étaient mobilisés après le décès d’une mère, Aziza, par défaut de soins à l’hôpital de la ville. Le procès a été reporté au 2 octobre 2013. Son deuxième procès suite à sa participation aux événements du 29 avril 2013 a eu lieu le 28 juin 2013 devant le tribunal de Tiznit. Celui-ci l’a condamné en compagnie de Rachid Bouhafra à 8 mois de prison ferme et 5000 dirhams d’amende. Mohamed Amzouz dénonce un procès fabriqué de toutes pièces et l’acharnement sur lui pour lui faire payer ses positions exprimées et assumées par rapport au conflit du Sahara Occidental.
-        Hassan Agherbi, déjà arrêté en 2008, il est convoqué le 25 juin par le même tribunal et dans la même affaire que Mohamed Amzouz. Son procès et reporté au 2 octobre 2013.
-        Brahim Bara, un ancien prisonnier politique suite aux événements de 2008, est convoqué le 25 juin dans le même dossier qu’Hassan Agherbi et Mohamed Amzouz. Son procès est également reporté au 2 octobre 2013.

Toutes ces condamnations pour les mêmes chefs d’accusation énoncés plus haut ne font qu’alimenter le climat de tension et de terreur à Ifni. Au lieu de trouver des solutions satisfaisantes aux vrais problèmes dont souffrent les habitants, les autorités marocaines préfèrent jeter de l’huile sur le feu. La mobilisation ne faiblit pas et comme le dit bien Brahim Bara, l’une des victimes de cette répression, « ceux qui sont nés au milieu de la tempête, ne craignent pas le souffle du vent ».
L’ASDHOM dénonce cette avalanche de procès et apporte tout son soutien aux victimes et à leurs familles. Elle promet de tout faire pour organiser la solidarité autour de ces nouveaux prisonniers politiques en les intégrant dans un premier lieu à ses listes des parrainé-e-s.

Pour les autres informations toujours relatives aux atteintes aux droits de l’Homme, nous nous limitons (pour ne pas rallonger ce point) à quelques-unes:

Groupe Sahraouis (nouveau): Le 25 juin 2013, la Cour d’appel d’Agadir a condamné le militant sahraoui Sidi Bouâmoud à 4 ans de prison ferme après avoir passé 7 mois de détention provisoire à la prison locale d’Aït Melloul. Il a été arrêté en novembre 2012 sur la base d’un avis de recherche lancé contre lui depuis sa participation en février 2008 à un rassemblement pro-polisario à Tantan. Son procès qui n’a duré qu’une heure a connu plusieurs irrégularités. Sa défense a dénoncé un procès politique.

Groupe UNEM-Meknès : Marie-José Fressard, présidente de Solidarité Maroc 05, et Gilles Deloustal, citoyen du sud-est de la France, ont de nouveau interpellé les autorités marocaines et le ministre français des affaires étrangères sur la situation alarmante des grévistes de la faim à la prison Toulal 2 de Meknès. Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou, Mohamed Eloualki et Hassan Ahmouch, tous militants de l’UNEM sont en grève de la faim depuis le 11 mars 2013. Leur santé s’est gravement détériorée. Vous trouverez leurs courriers sur la rubrique « Témoignages et Lettres » du site de l’ASDHOM.

Écrire et correspondre avec des prisonniers politiques, victimes de violations de droits, est notre arme face à celle du pouvoir en place qui consiste à broyer toutes celles et tous ceux qui résistent et aspirent à un État de droit.
La campagne de parrainage de l’ASDHOM veut donner du sens à cette résistance et se veut un espoir et un moyen pour briser les chaines de l’isolement qui entourent ces victimes de la répression.

Pour le bureau exécutif
Ayad Ahram
Président de l’ASDHOM
Paris, le 3 juillet 2013 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire