| Par Ronan Chérel, Sud-Ouest, 26/2/2011
Ils défendent Fatima
L'avocate Franscesca Satta et Emmanuelle Stroesser, pour la Ligue des droits de l'Homme, plaident la cause de Fatima. PHOTO RC.
Une semaine après l'expulsion de Fatima Aouad, une jeune marocaine de 26 ans renvoyée le 17 février dans son pays, la Ligue des droits de l'Homme, le Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade) et de nombreuses associations ne décolèrent pas. À leurs yeux, la mesure qui a frappé la jeune femme constitue « un bâton de plus dans la sinistre comptabilité des expulsions », déplore Emmanuelle Stroesser, présidente de la LDH du Pays royannais, « mais elle est aussi l'illustration de ce que nous dénonçons, à savoir la double peine infligée aux femmes étrangères, qui peuvent être victimes en France de violences conjugales tout en étant menacées à tout moment d'expulsion ».
Fatima Aouad a été interpellée le jeudi 16 février à Royan, dans l'appartement où l'hébergeait depuis septembre l'association Tremplin 17, qui vient en aide, notamment, aux femmes victimes de violences. « Nous ne la cachions pas, elle n'a jamais vécu dans la clandestinité », plaide aujourd'hui Maryse Laridan, éducatrice spécialisée à Tremplin 17.
La jeune femme est arrivée en France en mars 2008 à la faveur d'un rapprochement familial. Elle venait à l'époque rejoindre son mari à La Rochelle. Très vite, a raconté la jeune femme, elle a été victime de coups, violée, même, par son époux et séquestrée chez la sœur de ce dernier. « C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle elle n'a pu faire les démarches nécessaires pour renouveler son titre de séjour », avance Emmanuelle Stroesser.
Une plainte sans suite
Un premier arrêté préfectoral daté du 27 avril 2010, ordonnant sa reconduite à la frontière, a été annulé par le tribunal administratif. La cour administrative d'appel de Bordeaux a finalement donné raison au préfet de Charente-Maritime le 17 novembre 2010, décision justifiée par la rupture de la communauté de vie entre Fatima et son mari, qu'elle a effectivemment quitté en décembre 2009. Le 7 mai 2010, la jeune femme a porté plainté auprès du parquet de La Rochelle pour violences, viol et séquestration.
Cette plainte vient d'être classée sans suite, peut-être le jour même de l'expulsion de Fatima Aouad, évaluent les associations qui plaident sa cause. Ces dernières, si elles avouent n'avoir à ce stade aucune prise pour contester la validité de la décision du préfet, pointent du doigt la philosophie de telles mesures. « Cette expulsion est un déni de ce qu'elle a subi. »
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