Un mort et de nombreux blessés est le résultat de la répression aveugle qui s’est abattue hier matin sur les Sahraouis près de leurs campements à El Ayoun. Alors que l’on présageait une accalmie au moins le temps que les deux parties terminent leur réunion informelle aux Etats-Unis, le Maroc décide de passer la vitesse supérieure dans sa répression féroce contre le peuple sahraoui dans les territoires occupés. Enhardies par le discours incendiaire de leur souverain et les accusations graves qu’il a tenues notamment à l’encontre de l’Algérie, les forces de l’ordre marocaines sont donc intervenues hier matin pour démanteler un campement de tentes dressées près d’El Ayoun, au Sahara occidental. De nombreux blessés ont été recensés suite à cette intervention musclée.
Selon les agences de presse, notamment l’agence française AFP, les forces de l’ordre ont donné l’assaut aux environs de 8 heures du matin, en utilisant des canons à eau contre les habitants du campement. Plusieurs ambulances transportant des blessés vers El Ayoune ont été aperçues par les correspondants de presse sans pour autant qu’ils puissent déterminer la gravité des blessures causées.
Rappelons que ce campement avait été dressé le 9 octobre dernier par près de 12 000 habitants pour protester contre la répression, la détérioration de leurs conditions de vie et réclamer également des emplois et des logements. Bref, le droit à une vie décente. Les autorités marocaines, qui avaient présenté cet acte comme un «acte de protestation sociale sans dimension politique», ont vraisemblablement fini par être exacerbées par l’ampleur qu’a commencé à prendre la protestation des Sahraouis en territoires occupés. L’assaut a été donné par la gendarmerie et les forces auxiliaires, sous la supervision des autorités judiciaires. L’occupant marocain affirme vouloir «disperser une bande qui refusait que les gens quittent le camp après avoir bénéficié des aides de l’Etat».
Dès que la nouvelle de l’assaut s’est propagée, des affrontements ont éclaté entre les jeunes Sahraouis et les forces de l’occupant. Un barrage militaire empêche les habitants de la ville de rejoindre le campement. Des hélicoptères ont survolé le campement et appelé ses habitants, à travers des haut-parleurs, à rejoindre la ville d’El Ayoune selon les témoignages des correspondants de presse sur place. Un peu plus tôt dans la matinée, le représentant sahraoui à l’ONU avait avisé le Conseil de sécurité d’une menace imminente d’une escalade militaire marocaine qui pourrait, selon son estimation, «entraîner une tragédie humanitaire». Dans sa lettre adressée au président du Conseil de sécurité, le représentant sahraoui aux Nations unies a souligné que suite à sa précédente lettre adressée au Conseil de sécurité le 18 octobre dernier, dans laquelle il avait souligné les tensions croissantes au Sahara occidental suite à un exode massif de milliers de civils sahraouis dans un camp de tentes dans une zone désertique en dehors d’El Ayoun, il tient de nouveau «à attirer l’attention urgente du Conseil de sécurité sur la menace imminente d’une nouvelle escalade de la situation, ce qui pourrait entraîner une tragédie humanitaire et des effusions de sang». Il a rappelé que «plus de 20 000 civils sahraouis se sont déplacés dans un mouvement d’exode des grandes villes des territoires occupés pour rejoindre des camps improvisés afin de protester pacifiquement contre la discrimination persistante et la détérioration aiguë des conditions socio-économiques de la population sahraouie au Sahara occidental». Dans ce sens, il observe que «cette situation malheureuse et désespérée met en cause, une nouvelle fois, la capacité de l’ONU à remplir son obligation de protéger la population sahraouie au Sahara occidental, et met en évidence la nécessité pour le Conseil de sécurité de protéger les droits de l’Homme et de mettre en place un mécanisme de surveillance des droits de l’Homme au sein de la Minurso, protection qui a été constamment incluse dans toutes les autres opérations de maintien de la paix depuis 1978».
Le président sahraoui avait également appelé l’ONU à intervenir en urgence face à cette menace d’escalade militaire marocaine. Dans une lettre adressée à M. Ban Ki-moon, le président sahraoui a demandé aux Nations unies d’examiner en urgence «la situation qui pourrait s’aggraver davantage dans le camp des réfugiés sahraouis d’Akadim Isik, à l’est de la ville d’El Ayoune capitale du territoire du Sahara occidental». «Après avoir avisé à plusieurs reprises sur l’éventualité d’un recours par les autorités d’occupation marocaines à la violence et à une intervention brutale contre les dizaines de milliers de citoyens sahraouis, des citoyens pacifiques et de leurs familles, les indications et les informations dont nous disposons actuellement nous portent à croire qu’une attaque est imminente.» «La présence renforcée des militaires et des forces de sécurité marocains et la large mobilisation de la police et de la gendarmerie, des centaines de véhicules et d’ambulances, d’avions et d’hélicoptères pour assiéger le camp où ne résident que de paisibles citoyens isolés, sont extrêmement dangereuses et reflètent les intentions agressives des autorités d’occupation marocaines», a averti le président sahraoui.
G. H.
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