Par Mohamed Touati, 10 /11/2010
Les forces d’occupation marocaines mènent une chasse implacable contre les militants sahraouis, les maisons sont violemment perquisitionnées alors que les arrestations arbitraires se multiplient.
Le bilan de la tuerie contre le peuple sahraoui est accablant: 11 personnes tuées, 723 blessées et 159 autres portées disparues après l’intervention des forces d’occupation marocaines contre un campement de contestataires près de El Aâyoune, chef-lieu du Sahara occidental.
Le souverain marocain sème la terreur dans les territoires occupés. Contrairement à ce que veut faire croire Rabat, c’est un véritable climat de guerre civile qui règne dans la ville occupée d’El Aâyoune. «La situation y est très critique et risque de s’aggraver davantage», indique un communiqué de la Rasd rendu public hier. Les dernières informations, dont nous disposions avant de mettre sous presse, font état de 6 morts dont 5 militaires des Forces armées royales, selon une source officielle marocaine citée par l’AFP. Un premier bilan côté sahraoui signale qu’un jeune sahraoui de 26 ans a été abattu lors de l’offensive menée lundi par les forces marocaines contre le camp de Gudeim Izik alors que des dizaines de blessés, de disparus et de détenus sont déplorés.
Le Conseil des ministres sahraoui a décrété la journée du mardi 9 novembre, journée de deuil national. «Un deuil national sera observé en particulier au sein de la République sahraouie, les camps de réfugiés, les ambassades, les représentations du Front Polisario et dans les territoires libérés où le drapeau national sera mis en berne».
Pris dans la spirale d’une violence qu’il a ouvertement décrétée et qu’il ne contrôle plus, Mohammed VI ne cache pas sa volonté de mettre à genoux le peuple sahraoui qui a pris la décision de s’émanciper de sa tutelle.
Pour mater cette résistance pacifique, il a mis le paquet. Il n’a pas lésiné sur les moyens. «Les forces marocaines, qui étaient accompagnées des forces de la gendarmerie, de la police et d’auxiliaires, se sont livrées à une violence inouïe, en utilisant des hélicoptères pour larguer des bombes lacrymogènes et des canons à eau contre les citoyens sahraouis sans défense», témoigne Mohamed Salem Ould Salek. «C’est horrible ce qui se passe là-bas. Il y aura certainement un grand bilan de morts et de blessés», s’est inquiétée Aminatou Haïdar, militante des droits de l’homme et symbole de la résistance sahraouie dans les territoires occupés.
Le bilan ne peut qu’être provisoire, le pouvoir marocain a mis la ville d’El Aâyoune sous un black-out total et distille les informations à sa guise.
«Les informations disponibles actuellement sur les raisons de cette opération, le niveau de force employé, la réaction des personnes du camp, le nombre de victimes parmi les manifestants et les forces de sécurité sont vagues et contradictoires. Manifestement, il y a un certain nombre de morts et de blessés que nous regrettons», a déclaré Martin Nesirky, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, lors d’une conférence de presse.
C’est certainement foutu pour le troisième cycle de négociations informelles qui ont débuté le 8 novembre à Greentree, à Long Island, près de New York.
Le souverain marocain n’en fait qu’à sa tête dans le conflit du Sahara occidental.
Le représentant personnel de Ban Ki-moon, qui a déployé tout son savoir-faire pour tenter de renouer le dialogue entre les deux parties en conflit (Maroc et Polisario), risque de voir ces nouveaux pourparlers tourner en eau de boudin.
Les événements dramatiques du 8 novembre dans les territoires occupés sont considérés comme les plus graves depuis leur occupation par le Maroc en 1975.
Mohamed TOUATI
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