Les forces marocaines démontent les tentes de protestataires, près de Laayoune, dans le Sahara occidental |
Par (AFP) , 8/11/2010
LAAYOUNE — Les forces marocaines sont passées à l'assaut lundi contre un camp abritant des milliers de contestataires au Sahara occidental, et Rabat a assuré que trois membres des forces de sécurité ont été tués.
Cette démonstration de force de Rabat intervient alors que doit s'ouvrir à New York sous l'égide des Nations unies une nouvelle session de négociations sur le futur de cette zone contestée, aux confins du Maroc, de l'Algérie et de la Mauritanie.
Selon une source officielle marocaine, un gendarme, un policier et un sapeur pompier ont été tués lorsque les forces de l'ordre ont attaqué le campement, qui abritait des milliers de contestataires.
L'assaut a été lancé à l'aube en utilisant des canons à eau et de violents incidents se sont produits par la suite dans la ville même de Lâayoune, à 1.200 km au sud-ouest de Rabat, selon cette source officielle.
Cette même source a fait état de 70 blessés sans préciser si ces victimes étaient dans les rangs des forces de l'ordre ou parmi les contestataires. Plusieurs ambulances transportant des blessés vers Lâayoune ont été aperçues par le correspondant de l'AFP.
"Vers 06H15 (GMT) des hélicoptères ont survolé le campement. Ils ont appelé les femmes et les enfants à quitter le campement en précisant que des autocars sont mis à leur disposition", a assuré un témoin joint par l'AFP.
Le camp avait été dressé le 19 octobre par des habitants de cette région pour dénoncer "la détérioration" de leurs conditions de vie et réclamer "des emplois et des logements". Selon des ONG sur place, il abritait au moins 12.000 personnes.
Le Front Polisario, joint par l'AFP depuis Alger, a fait état de la mort d'un jeune Sahraoui Babi Mahmoud El Guerguar, âgé de 26 ans. Il a accusé les militaires marocains d'avoir tiré "à balles réelles" et d'avoir fait "des centaines de blessés".
Selon le ministre des Affaires étrangères sahraoui Mohamed Salem Ould Salek, interrogé par l'AFP à Alger, le camp abritait 28.000 personnes et a été attaqué par "voies terrestre et aérienne, à l'aide d'hélicoptères".
Il a accusé les forces marocaines d'avoir "réprimé d'une manière féroce et sans discernement les populations civiles sans défense qui s'y trouvent" et appelé "la Communauté internationale, en particulier le Conseil de la sécurité des Nations Unies à exiger du Maroc de mettre un terme à cet acte barbare".
Selon le représentant du gouvernement marocain (le Wali) de Lâayoune, Mohamed Guelmous, les deux premiers tués --un gendarme et un pompier-- ont trouvé la mort dans l'assaut contre le camp.
Par la suite, un responsable du gouvernement marocain a assuré que "des manifestants ont mortellement poignardé dans le centre-ville de Lâayoune un agent des forces de l'ordre et attaqué des cafés et des agences bancaires".
Selon un témoin, "le camp est pratiquement dispersé. Les jeunes qui avaient refusé de le quitter ont été dispersés par la force".
Une troisième session de négociations entre le Maroc et le Front Polisario sur l'avenir du Sahara occidental doit débuter lundi sous l'égide des Nations unies, près de New York, à Greentree, en présence de l'Algérie et de la Mauritanie.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc. Le Polisario, soutenu notamment par l'Algérie, réclame l'indépendance de ce territoire via un référendum d'autodétermination.
Rabat propose un plan de large autonomie sous sa souveraineté, refusant toute indépendance.
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