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mercredi 10 novembre 2010

Pourquoi le Conseil de sécurité doit-il intervenir d’urgence au Sahara occidental

Par Le Temps dz, 09/11/2010
35 ans après avoir occupé militairement le Sahara occidental, avec la complicité de l’Espagne, ancienne puissance coloniale de ce territoire non autonome placé sous la responsabilité de l’ONU, le Maroc continue de torpiller systématiquement tous les efforts des Nations unies en vue de trouver une solution juste et durable à un problème de décolonisation contrariée, dans le respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Cette position est celle qui recueille aujourd’hui le maximum de consensus au sein de la communauté internationale. Même un pays comme la France, soutien inconditionnel de Rabat, partage en partie ce principe et hésite aujourd’hui à cautionner une flagrante politique coloniale fondée sur le fait accompli et la répression permanente du mouvement populaire indépendantiste sahraoui.
C’est le cas également du gouvernement Zapatero qui a ménagé le Maroc jusque dans son comportement le plus brutal contre les populations civiles sahraouies et qui n’a plus d’autre choix que de prendre ses distances à l’égard d’une monarchie haïe par la société civile espagnole et pointée du doigt par l’ensemble de la classe politique, y compris dans les milieux socialistes pro-marocains.
La farouche prise d’assaut mardi à l’aube du camp de toile d’El Ayoune a été décidée lorsque le roi Mohammed VI avait acquis la certitude que les motivations des 20 000 Sahraouis qui s’y trouvaient n’étaient pas au fond sociales mais politiques. L’acte de violence en soi n’est pas inédit,mais, pour le malheur du palais royal, il a lieu à un moment le régime marocain est unanimement condamné par les organisations humanitaires internationales les plus influentes pour violation des droits de l’homme au Sahara, pour le pillage systématique de ses richesses naturelles, pour le procès sommaire des indépendantistes au tribunal de Casablanca, pour les expulsions des journalistes, avocats, membres des organisations civiles et parlementaires étrangers d’Al Ayoune. Pour avoir expatrié Aminatu Haider de chez elle vers l’Espagne, en 2000.
Pour avoir échappé jusque-là à toute impunité. Mieux, pour bénéficier, paradoxalement, de privilèges de toute nature des mains de l’Union européenne.
C’est dans de telles conditions humiliantes pour la communauté internationale que le gouvernement de Rabat veut que soit reconduit en mars 2011 l’accord de pêche élargi aux eaux territoriales sahraouies signé de 2008 avec l’Union européenne, et se présente à des négociations informelles avec le Front Polisario, près de New York, qu’il entend imposer comme unique base de travail.
Tout sur le terrain démontre donc que le roi Mohammed VI n’entend rien changer à la politique de statu quo sur fond de répression pour l’ancienne colonie espagnole depuis l’ère de son défunt père, le défunt Hassan II, encouragé dans cette voie par l’absence de réaction concrète de la communauté internationale, qui se contente chaque fois de réaffirmer des principes et de regretter le comportement violent de la force d’occupation.
Constater et déplorer ne suffit pas pour décourager la violence d’Etat d’une puissance coloniale contre les peuples colonisés ou dont les territoires sont sous occupation étrangère. Christopher Ross, qui doit présenter le 23 novembre au Conseil de sécurité le rapport de sa tournée maghrébine, le mois dernier dans la région, avait clairement laissé entendre à Alger que le «statu quo devenait intenable».
C’est là un appel clair à la communauté internationale pour l’inciter à prendre des décisions concrètes, pour imposer le référendum d’autodétermination autour de ces trois options : l’intégration au Maroc, l’autonomie ou l’indépendance.
D’autres voix se sont élevées pour réclamer d’urgence des sanctions politiques et économiques contre Rabat, obliger le régime marocain à se conformer à la légalité internationale et à cesser sa politique de violation systématique des droits de l’homme.
Parmi ces voix, il y a celles des deux parlementaires européens Meyer et Lecoq, refoulés brutalement ces derniers jours de l’aéroport d’Al Ayoune, ainsi que celles d’éminents juristes qui font valoir la résolution 331 du Conseil de sécurité sur les situations de peuples en danger de mort qui ont le droit de se défendre et de demander assistance internationale à cette fin.
En laissant la voie ouverte désormais à la reprise de la lutte armée, le mouvement sahraoui fait valoir une disposition du droit international.
Le roi du Maroc, lui, joue l’instabilité régionale en menaçant directement l’Algérie dans son discours à l’occasion du 35e anniversaire de la «marche verte», pour le soutien que le gouvernement algérien n’a jamais cessé d’apporter au principe du «droit des peuples et des territoires coloniaux à disposer d’eux-mêmes» (résolution 1514 de décembre 1960).
De ce point de vue légal, le Conseil de sécurité ne peut plus continuer, comme il l’a fait jusque là, de s’abstenir d’«imposer une solution» aux parties impliquées dans le conflit sahraoui, le Front Polisario et le Maroc.
C’est cette attitude de passivité, inspirée et défendue par la France dans le cas du Sahara, qui a encouragé le Maroc à sévir dans sa politique de rejet de la légalité internationale et de répression des populations civiles sahraouies qu’il mène depuis 35 ans dans l’ancienne colonie espagnole.
H. A.

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