Éditorial du quotidien Sud-Ouest, 10/2/2010
Comment concilier sécurité et liberté ? Le débat est presque aussi vieux que la philosophie des Lumières ou la Déclaration des droits de l'homme. Il est tenu pour acquis que la droite privilégie généralement la première et la gauche la seconde. C'est à ce nouvel exercice que se livre donc depuis hier Brice Hortefeux, qui défend devant l'Assemblée nationale une loi fourre-tout où il est surtout question d'étendre la vidéosurveillance et les possibilités d'intrusion de la police dans les ordinateurs de tout un chacun. Sans doute la loi doit-elle s'adapter aux nouvelles techniques : il n'est pas absurde que, pour les dossiers les plus graves, une sorte d'« écoute numérique » vienne renforcer les bonnes vieilles écoutes téléphoniques. Mais il y a là un risque d'intrusion dans la vie privée qui inquiète à juste titre les défenseurs des droits de l'homme. Autre mesure envisagée : l'aggravation des peines pour les agresseurs de personnes âgées. Personne ne peut nier ce qu'il y a d'odieux à s'en prendre à des gens vulnérables. Mais on se souvient que Brice Hortefeux, reprenant ainsi la technique éprouvée de son ami et prédécesseur Nicolas Sarkozy, a proclamé cette mesure après l'horrible assassinat d'un couple de personnes âgées. Succombant ainsi au réflexe quasi pavlovien : un fait divers, une nouvelle loi. Or, la loi en discussion à l'Assemblée doit être la treizième ou quatorzième (on ne sait plus trop) depuis 2002...
Mais le débat porte aussi sur les conditions de la garde à vue, un « sport » dans lequel notre pays est devenu champion, au point que cela va finir par devenir constitutif de notre identité nationale.
Il y a visiblement de l'abus dans leur nombre (800 000 l'an dernier !) et surtout dans leur objet. Ainsi, comment des policiers peuvent-ils embarquer des adolescentes de 14 ans et les garder dix heures au poste ? Alors qu'il ne s'agit pas de délinquantes mais de jeunes filles qui ont voulu empêcher une bagarre ? Voilà qui rappelle - en pire - l'interpellation musclée d'un journaliste de « Libération » il y a quatorze mois. Mais aussi l'expulsion récente d'une petite Marocaine vers son pays. Est-ce là la France de 2010 ? Une France où l'on arrête les enfants. Une France dans laquelle certains de ceux qui devraient assurer notre sécurité, et donc notre liberté, en viennent à piétiner l'une et l'autre.
Mais le débat porte aussi sur les conditions de la garde à vue, un « sport » dans lequel notre pays est devenu champion, au point que cela va finir par devenir constitutif de notre identité nationale.
Il y a visiblement de l'abus dans leur nombre (800 000 l'an dernier !) et surtout dans leur objet. Ainsi, comment des policiers peuvent-ils embarquer des adolescentes de 14 ans et les garder dix heures au poste ? Alors qu'il ne s'agit pas de délinquantes mais de jeunes filles qui ont voulu empêcher une bagarre ? Voilà qui rappelle - en pire - l'interpellation musclée d'un journaliste de « Libération » il y a quatorze mois. Mais aussi l'expulsion récente d'une petite Marocaine vers son pays. Est-ce là la France de 2010 ? Une France où l'on arrête les enfants. Une France dans laquelle certains de ceux qui devraient assurer notre sécurité, et donc notre liberté, en viennent à piétiner l'une et l'autre.
Auteur : b.dive@sudouest.com
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