Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

samedi 13 février 2010

L'AMDH, CONSCIENCE D'UNE SOCIÉTÉ

Par Ali Fkir, 13/2/2010
L’AMDH, cette conscience vivante de notre société ne cesse de nous agréablement surprendre. Depuis sa naissance juridique, en juin 1979, ce phare du Maroc de demain, et malgré tous les coups bas qu’elle reçoit, malgré les dénigrements (tantôt de droite, tantôt de « gauche »), et surtout malgré son harcèlement par les divers services de l’Etat et la répression qui s’abat sur ses militant-es à travers le Maroc, la lumière de ce phare du Maroc de demain, ne fait que se renforcer.
Si au départ, l’AMDH avait centré ses activités sur les violations politiques (il ne faut pas oublier que le mouvement des familles des détenus politique avait joué le rôle principal dans la création de l’AMDH), celle-ci a élargi par la suite ses préoccupations aux autres droits de citoyenneté: droits sociaux, droits économiques, droits culturels…
Aujourd’hui, les militant-es de l’AMDH, se retrouvent sur tous les fronts de résistance face aux violations des droits des citoyen-nes, violations dont les auteurs ne sont autres que l’Etat marocain, les patrons, les grands propriétaires terriens…
Des « amis » lui reprochent de fourrer son nez partout, de prendre des positions politiques, d’être inféodée politiquement…comme si la défense de la laïcité, de la langue et de la culture amazighe, la revendication d’une constitution démocratique garantissant la liberté d’expression, le droit de culte, le droit d’organisation, le droit de grève, tous les droits de la femme…constituent un champs réservé uniquement aux politiciens. C’est un dénigrement de droite, c’est le dénigrement de ceux qui sont à la recherche des compromis honteux avec les auteurs et autres commanditaires des violations des droits humains. Ces « amis » se trompent lamentablement. Le politicien, et au nom de la « tactique », peut faire des concession, mais pas le militant conséquent des droits humains.
D’autres dénigreurs de « gauche » reprochent à l’AMDH d’être réformiste, de ne pas s’engager dans la lutte « révolutionnaire »…et que la lutte pour les droits humains est une invention de la bourgeoisie.
Il est vrai que l’AMDH n’est pas « révolutionnaire » au sens marxiste du terme car, comme toute association, elle ne cherche pas à s’emparer du pouvoir. Elle a essentiellement comme objectif, de dénoncer les violations dont sont victimes les marocain-es, de se solidariser avec les victimes, de les assister, de contribuer à la prise de conscience des marocain-es de leurs légitimes droits (légaux et illégaux)… or à ce que je sache, ce sont les travailleuses et les travailleurs, les chômeuses et les chômeurs, les exclus, les marginalises, les femmes …qui sont les victimes de l’arbitraire au Maroc. Je ne pense pas que les bourgeois, les généraux, les grands propriétaires terriens et autres mafieux soient les victimes du système répressif dominant.
Je tiens à rappeler à ces messieurs que la lutte économique (le syndicalisme), n’a pas pour but de supprimer l’exploitation de l’Homme par l’Homme, mais de la rendre « plus humaine ». La suppression du capitalisme, et l’édification d’un nouveau mode de production (le socialisme sur la voie du communisme) est essentiellement l’affaire du parti de la classe ouvrière.
Le mouvement des droits humains, le mouvement syndical, le mouvement culturel…renforcent la résistance contre l’arbitraire, contre l’exploitation, contre la ségrégation…contribuent à la création des conditions propice pour une prise de conscience des masses populaires, pour bâtir un large front des classes populaires, face au bloc des classes réactionnaires dominantes, pour radicaliser les luttes de masses, pour isoler l’ennemi principal, pour renverser les rapports de force et chambouler l’ordre établi. La lutte ferme de masses conscientes et organisées est la seule voie du salut, cette lutte doit revêtir toutes les formes possibles.
Pour illustrer ce que je viens de dire, je vais me limiter à citer 5 exemples :
- En septembre 2007, les militants de l’AMDH, section de Sefrou, avaient appelé à manifester contre la hausse des prix. Les habitant-es de Sefrou ont répondu présent-es . La répression était féroce. L’AMDH, les forces de gauche avaient imposé la libération des détenu-es
- En été 2009 les militants de l’AMDH, section de Beni Mellal avaient épaulé les paysan-nes de la région des Aït Abdi dans leur légitime mouvement pour leurs droits élémentaires. Ce fut une épopée extraordinaire.
- Depuis six mois, l’AMDH, section de Khouribga, n’a pas cessé d’exprimer (en parole et par les faits) sa solidarité avec les 850 mineurs licenciés abusivement par l’OCP.
- Depuis des semaines, l’AMDH, section de Casablanca, est dans le cœur du mouvement pour le droit à l’habitat de dignité. Des milliers de citoyen-nes de divers quartiers populaires, ne parlent que de ce mouvement et du soutien de l’AMDH
- Ces dernières années, l’AMDH, section de Khénifra (au cœur du fief des « féodaux »), mène une résistance exemplaire contre l’arbitraire, contre les violations de toutes natures…Des paysans pauvres ont rejoint les rangs de l’AMDH. Des paysans pauvres et autres travailleurs rejoignent la résistance contre les violations des droits, contre le pillage des ressources naturelles de la région par des mafieux…
Le combat pour la sauvegarde de la cédraie de la région de Khénifra est un combat de droits humains, combat qui prendra certainement des dimensions politiques si toutefois des forces politiques prennent leur responsabilité.
L’AMDH, section de Khénifra, est aujourd’hui dans le collimateur des divers services de l’Etat : la dénonciation des pratiques féodales de la tante du roi, la condamnation de la déforestation de la région, l’ouverture de l’AMDH sur des couches sociales « sensibles » (paysans pauvres, ouvriers…), toute cette « nouvelle orientation » ne peut que dévoiler le vrai visage de l’Etat, en tant qu’appareil de répression, le grincement des dents de tous ceux qui misent sur « la nouvelle » ère, et le dénigrement de ceux qui ne croient qu’en lutte politique pure et dure.
Aziz Akkaoui, Addari, Aït Aziz Saïd Ouhaddou… à Khénifra, Ahansal, Abbassi, Bougrine… à Beni Mellal, Abounasr, Saïd Chihab, Khadija Abnaou… à Casablanca, Assal Hajjaj, Housbi… à Khouribga…ils, elles sont des milliers comme eux à se ranger à travers le Maroc du côté des victimes de l’arbitraire. C’est la fierté du peuple marocain. C’est notre fierté nous autres forces progressistes. La lutte pour les droits humains fait partie du mouvement pour un monde meilleur. Ce mouvement ne peut être que progressiste. Il est progressiste et doit le rester. Face à ce choix, il ne peut y avoir que la récupération makhzanienne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire