par رشاد أبوشاور Rachad Abou Chaouar, Al Quds Al Arabi, 10/2/2010. Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala
Original :أطفال العرب يولدون بأنياب
Original :أطفال العرب يولدون بأنياب
La chose la plus étrange, c’est que nous soyons en vie et continuions à vivre malgré tout, n’étant pas complètement disparus.
Si je devais énumérer toutes les merveilles de notre existence, j’en aurais pour des jours et les pages d’Al Quds Al Arabi ne pourraient suffire à contenir toutes ces merveilles, tant elles sont nombreuses. Et elles n’arrêtent pas de se multiplier, nous submergeant au fil des jours.
Pensez-vous que les merveilles saoudiennes prendront fin avec la mise en scène de la poignée de main entre l’ancien chef du renseignement saoudien Turki Al Fayçal et Dany Ayalon, l’adjoint de Lieberman ?!
Peut-être qu’à cause de cette succession ininterrompue de merveilles, plus rien ne nous étonne ni ne nous irrite.
Quelques bizarreries commencent à promettre du bien – il est inconcevable que des miracles ne se produisent pas dans notre vie pour démontrer que nous sommes vivants.
J’ai lu il y a quelques jours, au milieu d’une cascade d’informations étranges, celle-ci : un enfant arabe, dans un pays arabe donné – je reste à dessein dans le flou pour égarer les ennemis qui guettent – est sorti de l’utérus de sa mère avec toutes ses dents. Ces dents-là ne sont pas des dents de lait ni des boursouflures de gencives comme celles qu’on voit chez des personnes d’un âge avancé. Non ! L’enfant est né avec des vraies dents, comme beaucoup d’entre nous, qui avons des dents pourries – qu’il nous arrive d’avaler quand nous les serrons de colère -, espèreraient en avoir !
Un enfant sorti de l’utérus de sa mère désireuse de le voir après l’avoir porté dans sa maison de chair - nourri-logé, dormant et jouant tout seul à sa guise, se déplaçant de manière confortable sans bouchons ni déboîtement de côtes par des coups et sans courbatures attrapées dans les minibus encombrés par dAl Quds Al Arabi, Arabes, Rachad Abou Chaouar رes créatures arabes s’asphyxiant par leurs propre souffles, souffles de rancœur, de rage tout le long du trajet, minibus dont l’étroitesse obscure évoque les tombes des Arabes pauvres et miséreux dans les pays arabes.
Cet enfant a provoqué la confusion de sa mère, bien qu’elle fût contente car les dents de son enfant ne tomberont jamais, et ceci est un don de Dieu ; il est né avec des dents solides, bien qu’elles soient jaunes et sombres comme les dents des fumeurs accros.
Fumait-il dans le ventre de sa mère, écoutant les soupirs de déception de son père en train d’aspirer son narguilé en remplissant l’espace de la chambre familiale de fumée ? La famille avait-elle d’autres chambres que celle-là, et un couloir qui ressemble aux couloirs des administrations arabes ?!
L’information dans le journal s’arrête sur le fait qu’un enfant est né avec des dents et cette information n’est pas pour nous rassurer car elle ne dit rien des dispositions envisagées par les autorités concernées, qui vont certainement se pencher sur le phénomène et prendre des mesures contre la propagation et les séquelles de ce phénomène, ainsi que sur ses répercussions sur la sécurité nationale. Les médecins n’ont pas tenu de conseil pour étudier le cas, pas plus les dentistes que les généralistes ou les docteurs en psychologie, en sociologie ou en génétique.
Dans le monde « développé », les familles se contentent de donner naissance à un enfant, ou deux. Elles tiennent à vivre une vie paisible et heureuse, sans la gâcher en s’occupant d’un bataillon d’enfants et elles garantissent à la fille – ou au garçon, peu importé – une vie heureuse et un avenir sûr dans un pays dont les citoyens n’émigrent pas pour mourir en mer ou dans le désert, échappant aux bienfaits de leur patrie qui les pousse à fuir l’enfer.
Nos ancêtres répétaient : l’enfant naît et la subsistance naît avec lui. Mais dans nos pays arabes, malgré les richesses du pétrole et du gaz et les innombrables trésors dilapidés, secrètement et ouvertement, la subsistance ne naît plus avec l’enfant arabe. La seule chose qui l’attend, c’est la pauvreté de la pauvreté, et la peur de l’appareil. Il naît avec la tristesse de voir le visage jaune de ses parents déprimés et d’entendre les cris de ses frères affamés, plus forts que les cris de n’importe quelle manifestation autorisée dans un pays arabe.
Dans nos pays, lorsqu’un enfant naît, ce qui l’attend, ce sont les impôts, la police secrète et judiciaire, qui l’accueillent avec des accusations interminables, dont la première est : entrée illégale dans le pays. Car les utérus des mères arabes, dans les pays arabes, sont sous haute surveillance et celui qui en sort est redoutable et bien sûr, la liste des accusations n’a pas de fin.
Dans nos pays arabes, lorsqu’un enfant naît, ce qui l’attend, c’est une cellule, mais pas pour lui tout seul, car c’est là un luxe auquel n’ont pas droit même les opposants les plus gradés, quel que soit leur niveau de formation et de culture. Car dans la démocratie pénitentiaire arabe, ils sont égaux aux autres, et ils s’entassent avec leurs frères et camarades de lutte. Ils ne peuvent dormir qu’à tour de rôle, les uns debout, les autres couchés, sans rêves, car les cauchemars ne cessent de poursuivre le malheureux Arabe, qu’il soit endormi ou les yeux ouverts, car il dort les yeux ouverts et exorbités.
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Dans nos pays arabes, lorsque naît un innocent enfant arabe, ce qui l’attend, ce sont des matraques et des costauds montrant leurs dents. S’il pense à leur échapper pour retourner là d’où il vient, ils lui feront oublier le lait de sa mère, qu’il n’a jamais goûté – et comment les mamans arabes pourraient-elles avoir du lait, elles qui souffrent d’une malnutrition héréditaire ? – mais qu’il connaît de manière innée, car le lait maternel est un droit de tout petit d’homme ou d’animal, sauf dans les pays arabes.
Par quelque cause divine, il semble que la nature, à force de bizarreries de plus en plus répandues dans le monde arabe, a doté l’enfant arabe d’une arme d’autodéfense : les dents, pour qu’il puisse entamer sa bataille pour gagner sa croûte et défendre son existence individuelle et collective.
Et comme les dents sont susceptibles d’être mises en pièces dans le monde arabe par des muscles contractés et cruels entretenus dans ce seul but, la nature a affuté ces dents pour qu’elles deviennent des canines pointues capables de se planter dans les poignets et les biceps cultivés pour assaillir tout citoyen, avec ou sans inculpation, car les régimes arabes sont protégés par les muscles et les voyous.
Les dépêches d’agence n’ont pas communiqué ce qui est arrivé à l’enfant mais de source semi-fiable, j’ai obtenu quelques informations :
Cet enfant-là est né silencieux, il ne pouvait ni rire ni pleurer, mais regardait devant et autour de lui avec fureur ! Et quand sa maman a sorti son sein tari – elle attendait ce moment depuis les premiers mouvements dans son ventre -, il a détourné son visage. Elle s’est adressée à lui avec une affection héritée de sa mère : « Au nom de Dieu, prends, mon amour, ce peu de lait-là, je l’ai économisé pour toi pour ce jour et même s’il n’y a pas de lait, mon amour, il ya de l’affection qui te rassasiera toute ta vie. »
Elle a tenu sa tête avec douceur, l’attirant vers sa poitrine et là, elle a eu peur de ce qu’elle a vu. Lui a ouvert sa bouche pour attirer l’attention de sa mère et lui montrer qu’il pouvait lui faire mal avec ses dents, lui qui avait dans son cœur un instinct d’amour pour elle. Et comment en serait-il autrement, alors qu’il a habité sa chair pendant neuf mois, installé confortablement, mieux que dans un hôtel cinq étoiles ?!
Personnellement, je prévois que de nombreuses femmes, dans les jours à venir, donneront naissance à des enfants arabes pourvus de dents pointues et je prévois aussi – et c’est un avertissement aux parents arabes de veiller à cacher tout enfant né avec des dents pointues – l’ouverture de la chasse aux enfants et de leur enlèvement pour les transporter dans des endroits où on ne connaîtra jamais leur sort, le tout sous prétexte de lutte contre le terrorisme ! Les régimes arabes concernés ne s’y opposeront pas, car ils seront effrayés par le phénomène et au contraire, ils verront d’un bon œil que les « milieux gouvernementaux amis » fabriquent des vaccins pour les mamans arabes afin que les dents de leurs enfants ne poussent jamais, car le remède le plus efficace contre les Arabes est qu’ils aient une nation sans dents.
L'auteur
Rachad Abou Chaouar (Rashad Abu Shawar)
Écrivain, journaliste et militant palestinien.
• Né dans le village de Dhakrine, dans le district d’Al Khalil(Hébron), le 15/6/1942.
• Émigre avec sa famille en 1948
• Vit avec son père – sa mère est morte un an avant la Nakba - au camp de réfugiés de de Dheisheh près de Bethléem jusqu'en 1952.
• Déménage avec son père dans le camp de Nouiamma près d’Ariha (Jéricho) où ils vivent jusqu’en 1957.
• En 1957 son père fuit vers la Syrie, où il obtient l'asile politique. Rachad le rejoint et vit à Damas jusqu’en 1965, puis retourne à Nouiamma, où il vit jusqu’en juin 67.
• Il démissionne de son emploi dans une banque après juin 67 pour se consacrer au militantisme national.
• Travaille dans les médias palestiniens unifiés et dirige un quotidien à Beyrouth.
• Vit à Beyrouth jusqu’en 1982, à Damas jusqu’en 1988, puis, avec sa famille, en Tunisie jusqu'en 1994 ...
• Vit depuis cette date dans la capitale jordanienne, Amman.
Membre d’organisations professionnelles de journalistes et écrivains palestiniens, du Conseil national palestinien depuis 1983, il écrit dans les principaux journaux et magazines arabes, dont le quotidien Al Quds Al Arabi depuis 1990.
Il a publié cinq romans, une pièce de théâtre, de nombreux récits et nouvelles ainsi que trois livres pour enfants.
Rachad Abou Chaouar (Rashad Abu Shawar)
Écrivain, journaliste et militant palestinien.
• Né dans le village de Dhakrine, dans le district d’Al Khalil(Hébron), le 15/6/1942.
• Émigre avec sa famille en 1948
• Vit avec son père – sa mère est morte un an avant la Nakba - au camp de réfugiés de de Dheisheh près de Bethléem jusqu'en 1952.
• Déménage avec son père dans le camp de Nouiamma près d’Ariha (Jéricho) où ils vivent jusqu’en 1957.
• En 1957 son père fuit vers la Syrie, où il obtient l'asile politique. Rachad le rejoint et vit à Damas jusqu’en 1965, puis retourne à Nouiamma, où il vit jusqu’en juin 67.
• Il démissionne de son emploi dans une banque après juin 67 pour se consacrer au militantisme national.
• Travaille dans les médias palestiniens unifiés et dirige un quotidien à Beyrouth.
• Vit à Beyrouth jusqu’en 1982, à Damas jusqu’en 1988, puis, avec sa famille, en Tunisie jusqu'en 1994 ...
• Vit depuis cette date dans la capitale jordanienne, Amman.
Membre d’organisations professionnelles de journalistes et écrivains palestiniens, du Conseil national palestinien depuis 1983, il écrit dans les principaux journaux et magazines arabes, dont le quotidien Al Quds Al Arabi depuis 1990.
Il a publié cinq romans, une pièce de théâtre, de nombreux récits et nouvelles ainsi que trois livres pour enfants.
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