Par Mohamed Belmaïzi, 13/2/2010
Constamment, et de plus en plus clairement, nous touchons du doigt, et surtout du cœur, la tragédie qui se prépare dans le pays du Couchant.
Un État qui pointe son collimateur sur la contestation pour l’étouffer, la punir et l’anéantir. Un État qui terrorise les forces de la Nation qui pensent, qui critiquent et qui proposent. Un État sourd aux interpellations constructives et non destructrices « haddama » comme le pense son élite. Un État qui prétend s’accaparer des principes des droits humains en imposant un « Conseil Consultatif des Droits de l’Homme » (CCDH), pour mieux détruire de l’intérieur ce combat légitime, essentiel, indispensable et consubstantiel à la société civile. Un État qui se refuse à se structurer autour d’une Constitution démocratique. Un État qui glorifie la sacro-sainte Impunité et qui célèbre les bienfaits de la Corruption. Un État qui brise la vie de 850 familles (travailleurs à l’OCP) en les licenciant sans indemnité ni couverture sociale, pour avoir osé se syndicaliser. Un État qui autorise les siens de semer le désordre et le désarroi contre une population démunie de tout État de Droit, à Khénifra, à Sidi Ifni ou ailleurs. Un État avec un dossier noir des violations très longues à détailler ici…
Cet État-là, est un État sans perspectives modernes, ni visions clairvoyantes qui projettent le pays dans un avenir vivable et enviable. Cet État-là est dépourvu de gouvernance.
Les interdictions et les censures sont devenues dans ce pays, un sport national. L’Histoire de notre pays est jalonnée de censures, de disparitions de journaux, de brutalités et torture contre les intellectuels récalcitrants qui n’ont pas la langue dans leurs poches. L’Histoire ne pardonnera jamais à cet État qui a interdit, entre autres, la revue « Souffles » dans les années soixante. Une honte d’avoir jeté en prison des intellectuels d’une race de penseurs inédite dans notre pays et à l’échelon mondial, par leur apport original et si précieux.
Et aujourd’hui, sous nos yeux, un journal unique par sa grandeur et sa contribution si frétillante d’idées neuves, qui dessillent les yeux et posent les fondements d’un débat mirifique, en vue de sortir notre pays du tunnel de l’archaïsme et du féodalisme, vient d’être terrassé, et avec lui tout un mouvement d’éveil, une sorte de Nahda (renaissance)… et quelle Nahda salvatrice !
En interdisant le « Journal Hebdomadaire », l’État porte atteinte à toute une génération qui est née, s’est émancipée et a grandi avec ce souffle novateur qui a structuré toute une démarche responsable et tout un système d’analyse des plus performants. Cette génération aura tant à dire sur l’Histoire prometteuse et promise de ce journal.
Car, au sujet de ce dernier, des témoignages, des écrits et des thèses paraîtront. Et nul doute, que la génération cultivée et formée par le « Journal Hebdomadaire », prendra le maquis de l’Internet, si ce n’est déjà fait depuis belles lurettes. Et ainsi, ce journal, non seulement il ne mourra jamais, mais il reviendra nous éclairer quand le pays sombre au fond de la nuit, puisqu’il est à prévoir une cascade d’interdiction-déluge… un tsunami balayant tout un édifice rédempteur.
L’ensemble des chancelleries, ainsi que l’opinion nationale et internationale, ont noté, avec dégoût et écœurement, la désastreuse disparition du « Journal Hebdomadaire ». Car leur conviction basée sur la reconnaissance d’un contrepouvoir destiné à faire avancer la démocratie et l’État de Droit, se trouve exterminée par les rouages d’une élite parvenue, imbue de ses prestiges et de son extrême monopolisation des richesses et du pouvoir. Et tout devient plus clair comme le jour : le Maroc de ces nantis ennemis de la démocratie et de l’État de Droit, se refuse à décoller !
« Le Journal Hebdomadaire » nous a formés et nous sommes ses enfants et ses redoutables témoins. Car notre dette de sens est immense envers ce journal qui nous a tant donné.
Mais qui pourrait nous bâillonner, sans risquer de combattre les moulins invisibles ?
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