Mokhtar Bendib, 9/11/2014
Le discours surréaliste de Mohammed VI, souverain du seul pays au monde
qui «célèbre» une occupation coloniale est émaillé de contre-vérités,
mais qui montre l’isolement du Maroc qui revient a ses litanies des
années Hassan II et des procès gratuits faits à l’Algérie.
D’ailleurs, à chaque fois qu’il est acculé sur le plan international en
raison notamment de la pugnacité du représentant du secrétaire général
de l’Onu Christopher Ross, le monarque qui montre curieusement qu’il n’a
aucune maîtrise du dossier sahraoui et qu’il s’en remet à son piètre
MAE, veut faire d’une question de décolonisation un problème bilatéral
avec notre pays.
Le recours qui lui reste, ne pouvant plus compter sur l’appui
inconditionnel de Paris, qui prend peu à peu ses distances avec la
politique coloniale de Rabat et l’intransigeance de Washington quant au
processus référendaire au Sahara occidental. Que reste-t-il donc au roi
pour essayer de faire contre mauvaise fortune bon gré appelant au
secours l’allié israélien et son bras armé le lobby sioniste l’AIPAC,
dans les arcanes du pouvoir américain. Dans le même temps, il joue sur
la duplicité en envoyant son Premier ministre à l’ambassade d’Algérie à
Rabat pour la réception du 1er-Novembre, avant de faire offense au
peuple algérien.
Il est vrai qu’il a été a bonne école. Pour ce qui est de gagner du
temps, le seul paramètre d’une diplomatie lamentable dont les arguments
sont la corruption et l’achat des consciences, le Maroc table sur les
victoires aux présidentielles, toutes hypothétiques de Nicolas Sarkozy
en France et surtout celle de Hillary Clinton aux États-Unis. Mais
revenons aux contre-vérités du roi quand il affirme que l’Algérie est
partie prenante dans le règlement de la question du Sahara occidental.
Pourquoi alors la monarchie marocaine a a-t-elle officiellement accepté
le « plan de Règlement » ONU-OUA , qui définit les modalités d’un
référendum d’autodétermination du peuple sahraoui .Un référendum accepté
par Hassan II devant ses pairs africains au sommet de Nairobi . Une
procédure référendaire réaffirmée à chaque fois par le Conseil de
sécurité dans ses Résolutions 658, 690 et 725 et approuvée par le Maroc .
Autre contradiction de celui qui a pourtant fait ses classes auprès du
rigoureux Jacques Delors et des plus grands juristes français. Lorsqu’il
affirme que le Sahara occidental est un conflit « régional » et non pas
un conflit de décolonisation. Il fait mine d’oublier que l’Assemblée
générale des Nations unies , d’une manière continue depuis 1965, avant
et après l’invasion du territoire par le Maroc, a considéré ce conflit
comme un problème de décolonisation. Plus important encore, la question
est à l’ordre du jour du Comité de décolonisation de l’Assemblée
générale sans que le Maroc en fasse objection. Il n’est pas vrai que le
Maroc ne soit pas une puissance occupante. Cependant, l’Assemblée
générale des Nations unies a officiellement qualifié la présence
marocaine au Sahara occidental comme « occupation » dans ses résolutions
34/37 et 35/19.4. Mohammed VI a déclaré que « le Maroc n’a jamais été
une force d’occupation ou une puissance administrante au Sahara ».
Pourtant, le ministre marocain, à l’époque, des Affaires étrangères de
Mohammed VI, Mohamed Benaissa, a écrit une lettre officielle au
secrétaire général (SG) de l’Onu, le 2 février 2006, où l’on attribuait
au Maroc la condition de «puissance administrant» (document officiel
Nations unies S / 2006/52). Le dernier rapport du Secrétaire général de
l’ONU au Conseil de sécurité (CS) en avril 2014, dévoile que l’Envoyé
personnel du SG, Christopher Ross, a fait une série de propositions dont
les parties se sont engagées à garder le secret. Il y a eu aussi des
spéculations sur le contenu du rapport remis par Ross au Conseil de
sécurité à huis clos le 27 Octobre 2014. Le quadruple « NON » de
Mohammed VI, à la lumière des « WikiLeaks du Makhzen» récemment révélés
semble offrir des pistes claires sur la nature de la proposition de Ross
que le Maroc rejette.
Lorsque Mohammed VI dit: «Non à la tentative visant à modifier la nature
de ce conflit régional en le présentant comme une affaire de
décolonisation», il dévoile que l’articulation du plan des Nations unies
est que nous sommes face à un «territoire non-autonome», c’est-à-dire,
une colonie. Lorsque Mohammed VI dit: » Non à toute tentative de
révision des principes et paramètres de négociation, ainsi qu’à toute
autre tentative visant à reconsidérer ou élargir le mandat de la
Minurso, y compris la question d’observation des droits de l’homme », il
révèle clairement que la proposition de solution du conflit passe par
la création d’un mécanisme international pour la protection des droits
de l’homme. Quand Mohammed VI déclare: «Non à la complaisance vis-à-vis
de la véritable partie à ce conflit et à son exonération de ses
responsabilités « , il dévoile clairement que les Nations unies refusent
de considérer comme «partie dans ce conflit » le pays que le Maroc
tente, en vain, depuis des décennies, d’en faire une «partie», à savoir
l’Algérie. Lorsque Mohammed VI dit: » Non à la tentative de mettre sur
un même pied un Etat-membre au sein des Nations unies et un mouvement
séparatiste, et non à la légitimation de l’État de non-droit qui prévaut
à Tindouf « , il nous dit que la proposition de l’ONU compte établir
des obligations similaires aux deux parties du conflit, le Maroc et le
Front Polisario. Plus révélateur encore, la phrase où Mohammed VI dit
que « Il se méprend aussi celui qui tente une comparaison entre le
Sahara d’une part, et le Timor oriental ».
Il s’agit de la première fois que Mohammed VI cite explicitement le cas
du Timor oriental. Un cas considéré comme un modèle très proche à celui
du Sahara occidental. En réalité la nomination du prix Nobel de la Paix
José Ramos Horta , l’ancien président de Timor Leste pour revoir le
fonctionnement des missions de l’Onu, dont la Minurso, affole le Maroc
et M6.
Plus isolé que jamais le Maroc va multiplier les blocages et les fuites en avant d’ici le débat et la prochaine résolution du Conseil de sécurité en avril 2015. Ne pouvant compter sur le soutien de Washington qui ne digère pas les obstacles faits a Ross ni sur la position jusque la inconditionnelle de Paris, il ne lui reste plus que l’Espagne élue au Conseil de sécurité , pays sur lequel il va exercer son chantage habituel en matière de terrorisme, de drogue et de migration.
Plus isolé que jamais le Maroc va multiplier les blocages et les fuites en avant d’ici le débat et la prochaine résolution du Conseil de sécurité en avril 2015. Ne pouvant compter sur le soutien de Washington qui ne digère pas les obstacles faits a Ross ni sur la position jusque la inconditionnelle de Paris, il ne lui reste plus que l’Espagne élue au Conseil de sécurité , pays sur lequel il va exercer son chantage habituel en matière de terrorisme, de drogue et de migration.
Mokhtar Bendib
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