Par Ali Benacher, 12/11/2013
Momo le sixième est le seul chef d’Etat au monde qui fuit les journalistes comme la peste. Le site Goud, qui
n’a pas froid aux yeux, nous apprend que le protocole de la Maison
Blanche sera entièrement chamboulé pour satisfaire aux desiderata du
monarque. Non pas qu’il ait demandé qu’on lui installe un Jacuzzi dans
le Bureau ovale pendant les deux petites heures que lui consacre Barack Obama lors de sa visite officielle à Washington (à partir du 23 novembre),
ni même une dérogation expresse de faire du Jet-ski sur le Potomac,
non, il a tout juste demandé à ce que soit annulée la traditionnelle
conférence de presse qui doit normalement clôturer l’entrevue.
Mais enfin, where is le King quoi ?!
Mais pourquoi diable se refuse-t-il à se plier à cet exercice, somme
toute banal pour un chef d’Etat investi de tous les pouvoirs ?
Dommage ! Il aurait pu rabattre le caquet à ses détracteurs qui disent
que tout ce qu’il dit en public, il doit l’apprendre par cœur la veille.
Et puis que vont penser de notre roi bien-aimé les journalistes des
grands médias américains accrédités à la Maison Blanche et qui auraient
été ravis de poser quelques questions bien senties au « King of
Morocco » ?
Tiens par exemple, Il aurait pu saisir le micro pour rabrouer ces ignares du Washington Post qui viennent le mois dernier de lui consacrer un édito pour le moins insolent l’accusant – quel lèse-majesté !- d’avoir « renoncé aux réformes ».
On aurait tant aimé voir le rédacteur en chef de ce journal prétentieux
s’enfoncer dans ses petits souliers alors que le souverain chérifien
lui ferait la leçon !
Bon, on avait compris qu’il ne voulait pas nous faire cet honneur à
nous pauvres gratte-papiers marocains qui sont relégués à la condition
servile de sujets-de-Sa-Majesté-qui-doivent-filer-droit, autrement on pourrait comme par enchantement atterrir dans une cellule humide pour dangereux terroristes…
L’esprit Paris Match ou rien
La seule fois qu’il a invité la presse marocaine à une entrevue,
c’était pour faire la pose face aux photographes de Femmes du Maroc et
de Citadine. Ca fait plutôt Caroline de Monaco que « Commandeur des croyants »,
vous ne trouvez pas ? D’ailleurs les méchantes langues ne comprennent
pas pourquoi il accorde des séances de photos-famille aux seules revues
de papier glacé comme Paris Match à la manière des têtes couronnées sans
empire et des familles princières désuètes ? Mais passons…
Ok, nous on ne mérite pas de débattre avec lui, cloportes que nous
sommes, mais aux Etats-Unis, face à de vrais journalistes avec calepins
noirs et visières vissées sur le crâne comme dans les films !,
n’était-ce pas là l’occasion rêvée de dire à l’opinion publique
américaine tout ce qu’il pense du Département d’Etat et de ses câbles
diplomatiques orduriers que Wikileaks a osé
rendre publics ? Et de sermonner ces viles ONG qui n’aiment pas le Maroc
et qui rédigent sur le plus-beau-pays-du-monde de méchants rapports sur
les droits de l’Homme ?
L’occasion aussi de crier haut et fort toute la vérité sur le DanielGate, d’expliquer le procès tragi-comique de ce fichu Ali Anouzla,
et bien sur de ce qu’il entend faire au juste du Sahara occidental.
Vous ne trouvez pas ? Faut croire que Mohamed VI, grand seigneur, leur a
épargné cette terrible humiliation.
Hassan II lui au moins nous faisait marrer !
Il aurait pu au moins nous faire marrer et faire la gueule comme son
père Hassan II qui traitait les journalistes étrangers comme des moins
que rien en leur mentant comme un arracheur de dents ou en les
villipendiant parce-qu’il leur paie des séjours à La Mamounia.
On se souvient tous de sa sortie tonitruante contre un pauvre
journaliste africain qui avait eu l’outrecuidance de lui poser une
malencontreuse question sur le coût faramineux de sa grande mosquée de
Casablanca. Hassan II avait répliqué sur un ton martial et cigarette au
bec « Est-ce qu’on vous a présenté la facture de votre voyage au Maroc ? Vous avez aimé la pastilla ? ». La classe quoi ! Plus fort que Pinochet, Videla et Salazar réunis !
Lors de sa dernière conférence de presse avec Bill Clinton
sur la pelouse de la Maison Blanche en mars 1995, pour marquer son
mécontentement, il s’était accoudé au pupitre en faisant la moue. Cool !
Voilà un vrai dictateur comme on aime ! Oui, ou encore quand il
inventait des citations de Rousseau ou de La Bruyère pour épater les téléspectateurs français aussi beaufs que les nôtres et qui s’extasiaient : « Ah ce souverain chérifien arabe , qu’est-qu’il est calé en culture françaiiiiiiiiiiiiise ! ».
Non, Mohamed VI est trop gentil, il préfère raser les murs.
L’exercice est trop périlleux. Ce n’est pas comme du perchoir du
Parlement de Rabat où il fronce les sourcils et engueule tout le monde
derrière ses grosses lunettes, le maire de Casablanca, les députés qui
ne foutent rien, le ministre de l’enseignement, Abdelaziz Bouteflika etc. les yeux rivés sur ses papiers sans que personne ne puisse le questionner. Trop facile…
La cata chez Dableyou
La dernière fois qu’il a eu à parler
devant la presse américaine c’était lors de sa visite à son copain
Georges W. Bush le 23 avril 2002. Très intimidé par la forêt de micros
qu’on lui tendait, il a bafouillé : « Soyez certains, M. le Président que le Maroc fera tout pour soutenir les Etats-Unis dans sa guerre contre la terreur » provoquant un large sourire de Dableyou. « Tais-toi !, mais tais-toi donc ! » aurait répliqué Dieudonné
s’il s’agissait d’un sketch. D’ailleurs c’était comme un skectch au
fond, avec en prime une quenelle pour nous pauvres marocains.
Quelques jours après son intronisation en
1999, toute la presse internationale avait fait le pied de grue au
Palais pour décrocher une première interview. Sans succès. Aux
journalistes étrangers qui bavaient pour avoir le scoop, André Azoulay et Fouad Ali El Himma répondaient invariablement « Non », soit parce-que « le jeune roi est ingénu », soit parce-que « cela pourrait nuire à son image ».
Presque quinze ans après, la situation n’a pas évolué d’un iota, lui
qui est toujours à la peine lors de ses fastidieux discours télévisés
(mais pourquoi il n’apprend pas à déclamer face caméra équipée d’un
prompteur comme tout le monde ?) . Les rares interviews qu’il a eu à
accorder, celle à Time Magazine (il avait plus parlé de sa chaine stéréo et de sa nouvelle voiture de sport au journaliste) ou celles au Figaro et à El Pais ont été intégralement réécrites par son cabinet.
« Yes, we can…escape ! » en somme…
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=27805
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En
quatorze ans au pouvoir, Mohammed VI s'est révélé incapable de donner
la moindre interview digne de ce nom, ni produire la moindre idée pour
sortir le pays de la misère dans laquelle il s'enfonce inexorablement,
alors qu'il détient tous les pouvoirs.
Voilà le cancre dont a hérité ce
pauvre pays et qui pousse la cancrerie jusqu'à exiger qu'on éloigne les
journalistes de son giron, lorsqu'il rencontrera le Président, le 22
novembre à Washington !
Une pure honte et rien qui ne m'étonne pour un pays dont les hommes politiques ont atteint le pic de la médiocrité, de l'opportunisme, de la corruption et de la rente !
Pour le reste tout est à l'avenant: administration, santé, éducation..............Bonne chance !
Une pure honte et rien qui ne m'étonne pour un pays dont les hommes politiques ont atteint le pic de la médiocrité, de l'opportunisme, de la corruption et de la rente !
Pour le reste tout est à l'avenant: administration, santé, éducation..............Bonne chance !
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