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samedi 16 novembre 2013

Lettres de protestation du Bureau Syndical Provincial de Taroudant des Petits Paysans et Employés Forestiers

Par Amal Lahoucine, secrétaire général, 11/11/2013
 
Union Marocaine du Travail
Syndicat National des Petits Paysans et Employés Forestiers
Région du Souss Massat Drâa
Lotissement Monir Taflagt Taroudant
Bureau Syndical Provincial de Taroudant
   
A Monsieur l’ambassadeur de l’Allemagne
 au Maroc Rabat
Objet : lettre de protestation.
Monsieur l’ambassadeur, nous sommes désolés de vous exprimer notre colère sur ce qui se passe au sujet du projet G1 d’Aoulouz. Nous avons déjà envoyé deux lettres explicites sur les positions de nos organismes sur les revendications des petits et pauvres paysan(ne)s, en avril et aout 2013. Le jeudi 07 novembre 2013 le bureau régional du développement agricole d’Aoulouz avait organisé une réunion sur le même sujet et nous avons observé ce qui suit :
-         la participation de vos représentants à cette réunion. 
-          l’exclusion de notre syndicat et nos associations, on n’a  reçu aucune invitation à cette réunion. 
-    seule une association fabriquée par les survivances  du féodalisme y a participé pour exprimer ses revendications en contradiction avec les biens des paysan(ne)s.
-              le bureau régional du développement agricole d’Aoulouz avait lâché un débit d’eau du barrage qu’il a arrêté au moment où vos représentants ont quitté le lieu, pour les empêcher de voir  l’existence de notre propre source indépendante de l’eau du barrage. 
-               le projet G1 était basé sur l’exploitation de 18 millions de mètres cubes d’eau  à l'époque où les paysan(ne)s ont été chassés de leurs terres pour la construction de ce barrage, et vivent aujourd’hui encore dans des conditions proches de l’esclavage après avoir perdu leurs biens. Un autre lourd dossier que nous n'avons pas encore traité avec vous : où sont les droits de ces paysan(ne)s ? 
-                   les grands domaines des grands propriétaires à El Guerdan et Ouled Teima loin d’Aoulouz de 90 kilomètres ont bénéficié d’un canal souterrain amenant l’eau du barrage depuis 2008. Au moment où les terres des paysan(ne)s dans les communes de Lfid, Idaougmad et Irazan sont asséchées,  leurs terres collectives sont soumises à l’invasion des grands propriétaires d’une façon illégale qui dépouillent ces paysan(ne)s de leurs droits au développement durable, surtout la femme paysanne soumise elle aussi à l’exploitation dans des conditions proches de l’esclavage.
Pour cela, nous vous exprimons notre attachement absolu à nos revendications et à notre droit à l’eau de notre source dont l'exploitation  ne peut pas être remise en question par n’importe quel projet sans notre accord.
En outre, nous vous exprimons notre disposition à toute discussion qui soutient les droits économiques et sociaux des petits et pauvres paysan(ne)s d’Aoulouz. Et notre refus à tout projet qui ne se pose pas d'abord la question de la situation critique de ces dernières victimes de l’esclavage provoquée pas les politiques agricoles de ségrégation appliquées par l’Etat marocain.
Le secrétaire général
 Lahoucine Amal
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La position du syndicat paysan d'Aouloz sur le projet G1 soutenu par la banque allemande de développement (400 millions dirhams) !

Par le Bureau Provincial de Taroudant, 13/11/2013        

Les paysan(ne)s d'Aoulouz, comme tous les paysan(ne)s de Taroudant subissent de multiples formes d' exploitations par l'invasion des grands propriétaires sur les terre collectives, dans leurs propres domaines et  dans leurs coopératives et associations agricoles. 
Le vol des biens des paysan(ne)s par les sections de coopérative COPAG ( coopérative agricole Touksous à Aoulouz par exemple). *
Comment les voleurs des biens publics peuvent-ils arriver à la direction des organisations des paysan(ne)s pour mettre leur main sur l'argent des paysan(ne)s? Le président de la coopérative COPAG et son conseil administratif sont les premiers responsables en coopération avec le crédit agricole : ainsi tous les paysan(ne)s doivent payer l'argent volé ! Une autre façon d'exploiter les paysan(ne)s !  
Et quelle est la position de l’État envers ces lourds dossiers ? L'ensemble des coopératives et associations agricoles constitue une machine à broyer  le sang et la sueur des paysan(ne)s pour en extraire l'argent à verser au compte des grands propriétaires.
La banque allemande de développement entre en coopération avec l’État marocain sur la dite "modernisation d'irrigation" des terres des petits paysan(ne)s par la méthode du goutte-à-goutte sans savoir qu'elle entre en relation avec la mafia du vol des biens des paysan(ne)s. 
Dans la rencontre du 13 novembre 2013 sur le projet G1 d'Aoulouz, les responsables du syndicat paysan ont bien montré aux représentants de la banque comment ce marché est monté pour faciliter le vol des biens publics et comment la banque est entrain de s'introduire dans le conflit de l'eau à Aoulouz.

Depuis le début de la construction du barrage d'Aoulouz en 1985 les paysan(ne)s sont entrés dans une  ère d'exploitation sauvage, véritable esclavage pour réserver l'eau aux grands propriétaires au Souss. Le soutien de la banque ne peut être que l'appui à la politique des classes suivies par l’État dans le domaine agricole. Le syndicat paysan d'Aoulouz lutte depuis 13 ans pour le droit des paysan(ne)s à l'eau, à la terre et aux ressources naturelles, et il refuse tout projet qui ne met pas en considération le développement durable du travail de la femme paysanne,  exploitée dans les champs dans des conditions d'esclave. La femme qui passe toute sa journée à travailler pour une ou plusieurs vaches, pour offrir le lait à la coopérative COPAG qui récolte des milliards sur la sueur de 13000 familles paysannes à Taroudant.
*Une vidéo sur le vol d'argent de la coopérative 
Touksous d'Aoulouz : section de COPAG
https://www.youtube.com/watch?v=GV5p9C16U7w
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Union Marocaine du Travail ,                 
 Taroudant le 15/11/2013 
Syndicat National des Petits Paysans et Employés Forestiers
Région du Souss Massat Drâa
Lotissement Monir Taflagt Taroudant
Bureau Syndical  provincial de Taroudant
   A Monsieur l’ambassadeur de l’Allemagne  au Maroc
à Rabat
Objet : Pour ne pas introduire la banque allemande de développement dans le conflit de l’eau d’Aoulouz.
Monsieur l’Ambassadeur, nous sommes désolés de vous exprimer notre colère sur ce qui se passe au sujet du projet G1 d’Aoulouz. Nous avons déjà envoyé des lettres explicites sur les positions de nos organismes à propos des revendications des petits et pauvres paysan(ne)s, en avril, août et le 11 novembre 2013. Le mercredi 13 novembre 2013 nous avons participé à une rencontre avec les représentants de la banque allemande de développement qui soutient le projet G1 d’Aoulouz. Nous avons bien exprimé nos positions sur ce sujet comme suit :
1-     Il faut avant tout prendre en considération les revendications des associations Tafarzazte et Timilte qui sont constituées depuis cinq ans à l’initiative des paysan(ne)s et avec le soutien de notre syndicat. Les autorités et  le bureau régional du développement agricole de Taroudant s'opposent toujours à l’organisation des associations  paysannes indépendantes de l’Etat,ce qui est contradictoire aux libertés de la société civile, alors qu' un procès leur a donné le droit au reçu de dépôt,  (les deux associations ont tous les reçus de dépôts de leurs dossiers obtenus des autorités depuis quatre ans), elles sont donc légales.
2-               Il faut savoir que les paysan(ne)s de Tafarzazte et Timilt ont leurs propres sources au sein de la rivière Souss qui n’ont aucune relation avec le barrage Aoulouz, et seules nos associations ont le droit de les exploiter, selon leur droit depuis des millénaires. Le programme G1 soutenu par votre banque ne doit pas modifier nos sources naturelles ni exploiter ses eaux.
3-     Il faut savoir que nos ressources sont  biologiques, il  n’est pas  question d'y introduire  des modifications génétiques, ce que doit exiger le programme G1 sur les cultures dans l’avenir. Les paysan(ne)s sont attachés  aux cultures biologiques et en particulier celle de notre olivier de caractères purement bio. Votre banque, par son soutien à ce projet contre le caractère biologique de nos produits va commettre une grave faute  qu’elle ne pourra pas récupérer une fois que les cultures génétiquement modifiées auront envahi nos terres.
4-              Il faut savoir que notre point de vue  sur le développement durable de notre région ne peut être réalisée sans l’intégration de l'avis de la femme paysanne qui vit aujourd’hui dans des conditions proches de l’esclavage . Votre banque, par son soutien au programme G1, sera complice du crime d'introduire  la femme paysanne dans l’enfer de l’esclavage du 21ème siècle.
5-               Il faut savoir que les paysan(ne)s évacués agressivement du site du barrage Aoulouz depuis 1990,  qui ont perdu leurs terres et leurs biens, sont toujours attachés à leurs droits violés par l’Etat marocain. Votre banque, par son soutien au programme G1 pour l’exploitation de 18 millions mètres cubes d’eau du barrage, sera complice des violations des droits des paysan(ne)s pauvres d’Ouzioua qui vivent aujourd’hui dans des groupements d’habitats dignes du Moyen Âge.
Nous avons précisé là-dessus nos positions décisives qui vont mettre en marche un vrai développement durable dans notre région, pour lesquelles  nous luttons depuis la constitution du barrage Aoulouz en 1985 et pour lesquelles  nous serons prêts à lutter fortement dans l’avenir. Nous sommes organisés légalement et pacifiquement au sein de la société civile et nous luttons pour la liberté et la vraie démocratie au Maroc.
La constitution d’une autre association Timilte le 06 août 2013 dans des conditions anti-démocratiques montre bien les tendances dictatoriales de l’Etat marocain (présence des gendarmes et des forces de répression dans la salle de l’assemblé générale,  élimination des femmes paysannes des listes des associations, falsification des listes des paysans…). Les autorités décident aujourd’hui de continuer le viol des droits de nos associations malgré nos positions exprimées pendant la rencontre du 13 novembre 2013 où nous avons bien montré notre bonne volonté avec une large souplesse, ce qui ne veut pas dire que nous sommes convaincus par d'autres options.
Le président de la chambre agricole a convoqué des paysan(ne)s pour la constitution d’une autre association Tafarzazte le 21 novembre 2013 sur nos terres, un acte que nous considérons comme une insulte aux paysan(ne)s organisés dans leur propre association Tafarzazte depuis 2009, acte qui détruit tout ce qu’on avait démontré lors de notre rencontre le 13 novembre 2013.
Pour cela nous décidons de lutter contre le programme G1 jusqu’à ce que les choses soient sur la bonne voie. Si votre banque décide de soutenir ce programme dans ces conditions inacceptables nous serons obligés de nous adresser au parlement européen et à d’autres institutions de droits humains européennes.
En attendant votre réponse veuillez recevoir, Monsieur l'Ambassadeur, nos salutations et notre respect.
Le secrétaire général
Lahoucine Amal




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