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samedi 16 novembre 2013

Le Maroc en 2018: quand le cousin du roi fait de la politique-fiction

« L’AUTRE MAROC »

 Ecrit par Anaïs Lefébure - publié le 19/4/2013

Le Prince Moulay Hicham Ben Abdallah El Alaoui, cousin du roi du Maroc Mohammed VI, a livré pour la revue trimestrielle française « Pouvoirs » une vision futuriste et utopique du pays, tel qu’il serait dans cinq ans. Extraits.
Le prince Moulah Hicham (à droite) devant le tribunal de Casablanca, le 17 septembre 2012 © Magharebia / flickr-cc
« Je sais que cette date restera gravée dans ma mémoire : nous sommes le jeudi 8 février 2018. Pour la première fois depuis le « changement », l'euphémisme français pour ce que mes compatriotes arabophones appellent plus justement thawra, « révolution », je suis de retour au Maroc ». Ainsi commence le texte intitulé « L'autre Maroc » écrit par Moulay Hicham, cousin du roi marocain, dans la dernière parution de la revue française Pouvoirs.

Un Maroc idéal

L'auteur plante dès lors le décor futuriste du royaume chérifien : après des années de soulèvements, la protestation révolutionnaire monte dans tous les coins du royaume, forçant la monarchie à se retirer : « Face à une vague de contestation […] confondant militaires et civils, Arabes et Berbères, laïcs et islamistes, le roi s'est mis à l'écart in extremis – en demandant également à tous les membres de sa famille de se tenir à l'écart », écrit l’auteur.
Le roi obéit à la voix de la population, et cède tous ses pouvoirs à une Assemblée constituante représentant le peuple. Les palais royaux sont transformés en musées et en hôpitaux, les lois sont appliquées par un pouvoir judiciaire indépendant, les politiciens répondent aux masses, les journalistes travaillent librement et sans crainte de représailles... « Au terme d'un débat sans fard, le Maroc est devenu une monarchie constitutionnelle, une démocratie couronnée d'un symbole. Le roi incarne l'unité nationale et la volonté de vivre ensemble. La gestion de la cité relève des citoyens et de leurs élus ».
« C'est le rêve de tout militant révolutionnaire. Sauf que l'auteur est un prince, celui qui se trouve en troisième position dans la lignée monarchique du Maroc », peut-on lire sur le site Free Arabs, qui rappelle que Moulay Hicham est bien connus des Marocains – et du roi – pour son esprit dissident et ses idées démocratiques. « Toutefois, son article est sans doute le plus dur de ses critiques », note le journaliste.

Le réveil des Marocains et la « révolution du cumin »

Et en effet, le cousin du roi ne fait pas dans la dentelle, lorsqu’il « prophétise » en annonçant la « révolution du cumin » qui débarrasserait le pays du Prince Rouge – le roi –  et du « makhzen tentaculaire » [le « makhzen » qualifie, dans le langage courant marocain, l’ensemble des institutions régaliennes].
« Ce n'est pas pour rien que les bouleversements au Maroc, venant bien après le Printemps arabe et le Mouvement du 20 février, ont été surnommés « révolution du cumin » : comme l'aromate dans leurs tajines, les Marocains donnent seulement le meilleur d'eux quand on les frotte fortement… », écrit l’auteur. « Maintenant, tous semblent s'être réveillés à l'idée que notre « histoire multiséculaire », dont nous sommes légitimement fiers, n'est pas seulement la vie morte à laquelle nous tournons le dos mais, aussi et surtout, la matière première devant nous qu'il faut travailler », continue-t-il.

De roi-soleil à roi-citoyen

Même si en 2018, le Maroc est toujours une monarchie, dans le scénario fictif du prince Moulay Hicham, le roi, en tant qu’institution du nouvel ordre politique, « réconcilie enfin légitimité historique et populaire ».
Et reprenant une métaphore utilisée par un analyste du Monde en 2001, qui reprochait aux Marocains « d’être habitués à se définir par rapport au roi tel un champ de tournesols qui s’orientent par rapport au soleil », l’auteur conclut : « À présent, ce roi-soleil est devenu roi-citoyen. Les êtres héliotropes ont perdu leur orientation. Au lieu de tourner la tête, ils apprennent à s'en servir ».

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