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vendredi 5 avril 2013

Que vous dire de la visite de Hollande au Maroc?


L'autre France


Que vous dire de la visite de Hollande au Maroc? Qu'elle nous ennuyait au double sens de lasser et embêter. Que nous allions encore nous entendre dire que le Maroc est sur le bon chemin sous la conduite d'une monarchie visionnaire. Qu'on allait nous fourguer quelque contrat juteux pour les entreprises françaises et ruineux pour le Maroc, à l'image de ce véritable crime économique qu'est le TGV. Et ça allait vous tartiner de la prose verbeuse à n'en plus pouvoir. Dépêche nord-coréenne de la MAP, éditoriaux enflammés du Matin du Sahara et analyses pharisiennes de l'Economiste. La routine.

Aboubakr Jamai
Il faut dire qu'on avait presque repris espoir. On s'était dit qu'après l'ignominieuse gestion de la révolution Tunisienne, qu'après que des centaines de milliers de marocains ont défilé pour demander plus de respect de dignité, elles avaient compris, ces élites françaises. Compris que Marrakech ce n'était pas que des Riads luxueux, les jardins de la Mamounia et un festival de cinéma. Qu'elles finiraient d'avoir honte de jouer les idiots utiles et (souvent) rémunérés de nos potentats. Et puis plus rien. Ou pire, le laïcisme anti/Islam qui a longtemps servi de justification au soutien aux régimes autoritaires a refait surface. La gestation douloureuse des démocraties tunisiennes et égyptiennes lui a redonné de l'énergie. L'autoritarisme de la monarchie alaouite avec sa mafia économique et son appareil sécuritaire tortionnaire redevenait respectable. Il avait domestiqué ses islamistes à moindre frais.
Et puis, il y a eu les affaires Bettencourt et Cahuzac. Et on s'est rappelé pourquoi on n'arrivait pas à la haïr cette France. Il a fallu la moustache sentencieuse d'Edwy Plenel et la diligence obtuse du juge Gentil pour qu'on se souvienne que l'expression « démocratie française » n'est pas un oxymore. Une presse qui révèle, une justice qui enquête et met en cause les puissants quand il le faut. Ça a réveillé des souvenirs. Celui de cet autre juge, Patrick Ramael, qui a montré infiniment plus de respect envers les citoyens marocains en poursuivant son enquête sur l'affaire Benbarka, que les politicards qui ont tenté de le faire taire. De cet auteur, Gilles Perault, qui a révélé la monarchie marocaine sous un jour que beaucoup refusaient de voir. On s'est souvenus de ces journalistes, ces juges, ces militants des droits de l'homme, de tous ceux qui font qu'on n'arrive pas à désespérer de cette France-là.

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