Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire double (n°16 et 17) sur la campagne de
parrainage
Le vendredi 29 mars, un vent de liberté a soufflé sur Casablanca
quand les portes de la prison d’Oukacha se sont ouvertes pour laisser sortir les
deux figures emblématiques du mouvement 20-Février, le poète Younes Belkhdim et l’artiste rappeur Mouad
Belghouat, alias Elhaqed. Les autorités pénitentiaires ont préféré
les faire sortir très tôt dans la nuit du jeudi à vendredi (minuit passée de
quelques minutes) pour éviter tout attroupement et rassemblement devant les
portes de la prison. Tou-te-s leurs ami-e-s et camarades du mouvement
attendaient effectivement ce jour après exactement un an de détention. L’ASDHOM
qui les avait mis sur ses listes des parrainés, tient à les féliciter d’avoir
retrouvé les leurs la tête haute. Elle félicite également leurs familles, le
mouvement 20-Février au Maroc sans oublier leurs parrains et marraines qui,
depuis la France, n’ont cessé de leur apporter le soutien dans le cadre de cette
campagne de parrainage. Leurs parrains et marraines peuvent désormais se tourner
vers d’autres prisonniers du 20-Février, comme par exemple ceux d’Al-Hoceima ou
de Tanger au Nord du Maroc ou encore ceux d’Agadir dans le Sud, qui, eux,
restent malheureusement derrière les barreaux.
Si Mouad et Younes ont quitté la
prison, d’autres militants du mouvement 20-Février y sont récemment condamnés
pour des motifs fallacieux comme la plupart des chefs d’accusation portés
dernièrement contre les participants aux mouvements de protestation : trafic de
drogue, violences à l’égard d’agents de la force publique, destruction de biens
publics, etc.
C’est le cas du militant Mohamed El-Houari, arrêté le 18 mars et
conduit à la prison locale de Tanger
où il va découvrir qu’il a été condamné par contumace à 6 mois de prison ferme sans aucune
explication ni possibilité de faire appel. Il a publié un communiqué le 28 mars
où il explique les conditions de son arrestation, dénonce le déni de droit à un
procès équitable et où il entend entamer une grève de la faim pour réclamer ses
droits.
D’autres arrestations et
condamnations ont eu lieu à travers le pays. Nous les résumons et insérons parmi
les informations que l’ASDHOM reçoit régulièrement sur les groupes proposés au
parrainage :
El-Jadida (Jorf
Al-Asfar, nouveau) : Les habitants des communes
voisines du complexe chimique de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) à Jorf
Al-Asfar, non loin d’El-Jadida, se sont rassemblés, le 11 mars, devant ledit
complexe pour protester contre leurs conditions de vie et réclamer des emplois
ainsi que des indemnisations pour l’expropriation dont ils étaient victime. Les
forces de l’ordre se sont intervenues avec violence et ont procédé à des
arrestations parmi les jeunes présents. Six jeunes ont été traduits devant le
tribunal le vendredi 22 mars et condamnés à
des peines allant de 2 mois à un an de prison ferme. Il s’agit de Nourdine
Al-Asri, Saïd Semlali, Abdelkrim Jarmoun, Abdelhaq Jarmoun, Ahmed El-Khaldi et
Rachid Makhlas. Les avocats de la défense ont dénoncé un procès
injuste et réclamé leur libération immédiate. L’ASDHOM déplore cette justice aux
ordres qui fabrique des victimes de violations de droits. Elle recueillera les
informations et les données concernant ces six jeunes pour les proposer bien
évidemment au parrainage.
Meknès- Groupe
UNEM : Les cinq prisonniers politiques de l’Union Nationale des
Etudiants du Maroc, en attente de procès à la prison Toulal 2 de
Meknès, ont entamé une grève de la
faim depuis lundi 11 mars pour alerter l’opinion publique sur leurs
conditions de détention, réclamer un procès équitable au plus vite, demander de
les isoler des prisonniers de droit commun, bénéficier des soins et de visites
et pour dénoncer la mise au cachot ainsi que les insultes et les agressions dont
ils sont régulièrement victimes. Rappelons que M. Gilles Deloustal, leur parrain français, a saisi et
interpellé récemment les autorités marocaines sur leurs conditions
carcérales. (Voir Rubrique
Témoignages et lettres)
Agadir- Groupe
UNEM (Nouveau) : Comme à la prison Toulal de
Meknès et au même moment, un autre groupe de quatre militants de l’UNEM à Agadir mène
une grève de la faim de soutien. Il s’agit de Nourdine Abdelouahab, arrêté à Mhamid El-Ghizlane et
condamné à 2 ans et 8 mois pour sa participation aux protestations des habitants
de sa ville ainsi qu’au mouvement 20-Février à Agadir où il étidie, d’Omar
Labtah (2 ans, de Balghit Lakdimi (2 ans) et de Boubker Lahbib (2
ans). L’ASDHOM les ajoutera à ses listes de candidats au parrainage
dès qu’elle aura reçu tous les éléments les
concernant.
Groupe Sahraouis-Gdeim Izik à Salé
1 : Un groupe
d’organisations, indignées par les condamnations lourdes prononcées le 17
février dernier par le tribunal militaire de Rabat à l’encontre des 25 militants
sahraouis de Gdeim Izik, a adressé le 25 mars une déclaration
sous forme de plaidoyer à plusieurs institutions et personnalités diplomatiques
dont Mrs. Ban Ki Moon et Christopher Ross. La lettre,
signée par l’ACAT, l’ASDHOM, l’AIJD, l’AMDH,
le BIRDSHO, le CCFD, la CIJ-Suède et le MRAP, demande
entre autres « que
les accusés soient immédiatement remis en liberté et que si une nouvelle
procédure devait être engagée, elle le soit devant les juridictions de droit
commun, dans le respect des droits de la défense et des règles de
preuve. »
Vous trouverez cette lettre sur la
rubrique Témoignages et lettres du
site de l’ASDHOM.
S’agissant du groupe, l’ASDHOM a
reçu les nouveaux numéros d’écrou après les condamnations et elle va procéder à
la réactualisation des fiches de tous les
concernés.
Par ailleurs, Naâma Asfari, l’un du groupe, condamné à 30
ans, a publié une lettre relative au procès dont il était victime. Vous
trouverez également sa lettre traduite au français sur la même rubrique Témoignages et lettres. Sa femme,
Claude Mangin, lui rendra visite
dans les mois prochains et profitera de l’occasion de lui transmettre ainsi
qu’aux autres membres du groupe vos sympathies et mots de soutien. N’hésitez pas
à la contacter à travers l’ASDHOM.
Toujours concernant ce groupe,
Hassan Dah, un jeune de 26 ans,
lui aussi condamné à 30 ans de prison ferme, entretient dans le cadre de notre
campagne de parrainage une correspondance avec sa marraine, Marie-Josée Fressard, de l’association Solidarité Maroc 05 à Gap. Elle vient de
publier sur son blog un témoignage reçu récemment sur son expérience carcérale.
Voir le blog suivant :
Groupe
Sahraouis Aït-Melloul : L’Association des Travailleurs Maghrébins de
France-section Rennes (35) a décidé de parrainer le prisonnier
sahraoui Mohamed El Bassraoui,
incarcéré à la prison d’Aït-Melloul, non loin d’Agadir. Une lettre dont l’ASDHOM
a reçue une copie lui a été adressée dans ce sens. Voir rubrique Témoignages et lettres.
Zayou-Nord-Est
du Maroc : Nous avons signalé dans nos
précédents points hebdomadaires l’arrestation de sept militants du 20-Février et de l’ANDCM (Diplômés
Chômeurs) à Zayou au début de mars et qui devaient être traduits en
liberté devant le tribunal de Nador. L’AMDH
de la région orientale a organisé, le samedi 23 mars, une caravane de solidarité avec ces militants.
Cette caravane, partie de Berkane, avait pour but de dénoncer le siège dont fait
l’objet la ville de Zayou depuis la marche de protestation de la population et
de réclamer la libération des sept militants et le respect des libertés
fondamentales.
Groupe Belliraj
à Salé 2 : Plusieurs artistes belges se
joignent au comité de soutien à Ali
Aarrass pour organiser le 1er avril : 5 heures pour Ali Aarrass parce que 5 ans de détention
arbitraire, ça suffit !
Rappelons que ce Belgo-Marocain a
été extradé par l’Espagne au Maroc alors que le juge Baltasar Garzon avait mené
une instruction qui l’avait innocenté de tout fait de « terrorisme » que lui
reproche l’Etat marocain.
Pour clore ce double point
hebdomadaire, nous vous informons qu’au même moment où des membres de l’ASDHOM
se trouvaient à Tunis pour le Forum Social Mondial 2013, un de ses
administrateurs, Abid El Khattabi,
s’est rendu à Bruxelles le 23 mars pour assister à la conférence organisée par
nos amis de l’AMBDH sur « le suivi des recommandations de l’IER en matière de
disparition forcée au Maroc ». Le cas de Houcine El-Manouzi, enlevé le 29 octobre
1972 à Tunis, a été traité en présence de son frère Rachid
El-Manouzi.
Cette conférence a été suivie
d’une rencontre entre les associations marocaines des droits de l’Homme en
Europe dans le cadre du Collectif Al-Haqiqa
(Vérité) qui a été créé au moment de la mise en place par l’Etat
marocain de l’Instance Equité et Réconciliation pour tenter de solder le passif
des droits de l’Homme des années de plomb. Un
communiqué sera bientôt rendu public pour annoncer la poursuite des activités de
ce collectif qui a toujours sa raison d’être étant donné que le dossier de la
disparition forcée et les enlèvements au Maroc reste
d’actualité.
Concernant la campagne de
parrainage, l’ASDHOM continue sa tournée de sensibilisation en se rendant à
l’ATMF-Argenteuil (95) qui
l’invite lors de la réunion de son conseil d’administration du samedi 13 avril.
Pour le bureau
exécutif
Ayad
Ahram
Président de
l’ASDHOM
Paris, le 1er avril
2013
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