Qui a volé la fontaine de la Grande mosquée de Tétouan ?
La fontaine volée (Photo DR) |
Quand le roi Mohamed VI, en personne, est venu il y a
quelques semaines inaugurer la réouverture de la mosquée après des mois
de fermeture pour cause de travaux, la vieille fontaine avait disparu.
Les fidèles et le connaisseurs de cette vieille mosquée construite
par le sultan « Moulay Slimane » en 1808 se sont bien rendus compte de
sa disparition, mais ils ont préféré se taire. Pourquoi ? Parce que la
personne qui a volé cette très lourde fontaine qui fait quatre mètres de
diamètre ne l’a pas fait tout seul. Et il ne l’a pas fait sans que les
autorités locales ne l’aient détecté. Impossible de transporter dans les
ruelles de la médina ce très lourd et encombrant joyaux architectural
sans que personne ne le sache.
Le mokadem de cette partie de la médina, ainsi que son caïd, le chef
de la circonscription, le pacha et même le wali sont au courant de cette
disparition, mais ils se taisent.
Même chose pour la police qui vient pourtant d’ouvrir un commissariat
flambant neuf à ….. une vingtaine de mètres seulement de la mosquée.
Et que dire des Renseignements généraux (RG) de la
préfecture de police de Tétouan, toujours prêts à mettre la main dans
les poubelles d’autrui et à renifler les senteurs dissidentes mais qui
sont restés aveugles devant le vol de cette pièce.
Un universitaire, autoproclamé « historien de la ville », est certes
indigné par ce vol, mais il s’indigne en privé, et il n’ose pas le
dénoncer publiquement. Les gens de Tétouan sont des gens sages et
mesurés qui veulent restés éloignés des machakils, même quand on pille leur patrimoine historique. Et à la mairie de Tétouan, dirigée par un barbu du PJD,
certains « experts » avancent que la fontaine n’avait pas une valeur
historique puisqu’elle aurait été conçue et fabriquée entre la fin des
années cinquante et le début des années soixante du précédent siècle.
Or, cette assertion doit être balayée d’un revers de la main. A cette
époque là, justement, il y avait encore à Tétouan les grands
« maâlems » de la construction traditionnelle marocaine qui ont
construit des chefs d’oeuvre qu’on peut encore voir de nos jours. Des
« maâlems » qui, malheureusement, ont disparu après l’indépendance du
Maroc à cause des nouvelles techniques de construction, plus faciles
mais aussi moins perennes, mais aussi à cause de l’irruption de la
contrebande dans l’économie locale. Contrebandier est un « métier »
autrement plus rentable que celui d’aide-maâlem traditionnel pour
beaucoup de jeunes de la région.
Alors, qui a volé la grande fontaine, remplacée depuis par une horreur en toc ? Le wali de Tétouan, Mohamed El Yaâkoubi, le sait parfaitement, mais il se tait.
Pourtant, il est entreprenant ce wali. L’été dernier, quand le conseiller royal Fouad Ali El Himma
a perdu son téléphone portable après une soirée arrosée au Royal Golf
de Cabo Negro, à quelques kilomètres de Tétouan, la police de la région a
été mise à contribution pour retrouver le précieux gadget.
C’est ainsi que plusieurs journalistes ont observé, amusés, comment
le wali, le digne représentant de l’Etat dans la région, s’était mis à
quatre pattes sur le gazon du Golf pour essayer de récupérer le portable
de son patron.
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Drôles de collectionneurs, vraiment !
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