Considérant que jusqu’ici la lecture de l’histoire des communautés
juives en terre arabo-berbère s’est faite de manière superficielle,
parfois passionnelle, Bensoussan a réécrit cette histoire en s’appuyant
sur une documentation inédite et colossale qui provient en partie des
archives de l’Alliance israélite universelle qui possédait avant les grandes émigrations juives vers Israël un réseau d’écoles implantées dans les pays arabes.
En ce qui concerne le Maroc, pays qu’il connait bien puisqu’il y est
né en 1952, Bensoussan provoque un choc en taillant en pièces la légende
du sultan Mohamed V sauveur des Juifs marocains lors de la Seconde
Guerre mondiale.
Dans son ouvrage, Bensoussan considère que non seulement Mohamed V
n’a jamais rejeté les statuts des Juifs de Vichy en octobre 1940 et en
juin 1941 , mais qu’il a plutôt « profité de la situation ».
Bensoussan assure que le sultan a appliqué à la lettre ces deux statuts
et que c’est seulement sur le volet économique qu’il a tenté de protéger
ses sujets juifs. « Cette intervention n’est pas désintéressée, car
elle sert surtout les intérêts économiques du Makhzen (gouvernement du
Sultan). Sur l’essentiel, le sultan Mohamed n’a pas protégé les Juifs
puisqu’il a même promulgué les statuts des Juifs en Dahir (décret)
chérifien », explique Georges Bensoussan dans une interview au site Egalité et réconciliation.
D’ailleurs, enfonce l’historien français, Mohamed V ne pouvait aucunement sauver quiconque puisqu’au Maroc « la réalité du pouvoir appartient au Résident général, c’est-à-dire à la France ».
Quant à la fameuse rencontre du sultan avec les dirigeants juifs au printemps 1942, elle a eu lieu à « titre privé », rappelle Bensoussan, pour leur exprimer « en privé » qu’il est personnellement contre les mesures prises par Vichy et qu’il a pourtant promulguées au Maroc. « En
revanche, à titre officiel et publiquement, il ne prend aucune mesure
en faveur des Juifs. Pire, il traduit les statuts des Juifs en Dahir
chérifien ! », explique Bensoussan.
L’opposition du sultan au port de l’étoile jaune sur les vêtements
des Juifs marocains est une fable dit Bensoussan puisque le port de ce
distinctif n’a jamais été d’application en Zone libre, c’est-à-dire sur
l’ensemble du territoire français placé sous l’autorité du gouvernement
de Vichy. Et le Maroc (comme l’Algérie) faisait partie de la Zone libre.
Seule la Tunisie s’est vue appliquer le port de l’étoile jaune dans la
région de Sfax pendant les six mois qu’a duré l’occupation allemande.
Or, les Allemands n’entrent pas au Maroc. Le sultan Mohammed n’a donc
jamais eu le moindre contact avec les Allemands. Il n’y a donc jamais eu
d’étoile jaune au Maroc.
Il ne reste plus maintenant qu’à entendre la version historique
marocaine sur ce véritable tsunami qui met à mal ce mythe largement
entretenu par le Makhzen pour se donner une image différente des autres
autocraties arabes.
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