Par Aziz Enhaili, facebook, 16/2/2012
Révolution au Maroc: À l'approche du premier anniversaire du mouvement du 20 février, de nombreux démocrates marocains s'activent pour en faire un Jour pas comme les autres. Et il le sera! N'en déplaise aux baltajias... À la fois joyeux et marquant une date dans l’Histoire de la lutte de notre fière nation pour sa libération d'un régime autoritaire, cruel, inique, corrompu et sans le moindre projet moderne digne de ce nom.
Mais d'ores et déjà, on peut dire qu'en l'espace de moins d'un an, le mouvement du 20 février a tenu son bout. Et cela en soi n'est pas négligeable. Il a fait ce que tous les ''partis'' politiques et syndicats réunis n'avaient pas réussi à faire. Et ce n'est pas parce qu'ils n'avaient rien tenté..
Le Mouvement du 20 février a donc largement réussi son pari.
Primo: Il a sorti le Maroc de l'état de léthargie politique et social dans lequel on l'avait enfermé soigneusement.
Secundo: Il a brisé les apparences d'un faux consensus entretenu par les soins d'une monarchie hégémonique et le concours de ses ''partis''-soutiens indéfectibles. Montrant que la société est encore vivante et qu'elle regorge d'une dynamique que la monarchie ne peut domestiquer et que ses ''partis'' ne pourraient juguler indéfiniment.
Tertio: Il a obligé la monarchie à faire ce qu'elle s'y refusait depuis 1999, à savoir la proposition d'un projet de
Constitution.
Évidemment, celle voté le 1er juillet 2011 n'est pas à la hauteur et recycle en fait celle AUTORITAIRE de 1996. Mais cette histoire constitutionnelle n'est pas fini. Et je vous parie que dans pas longtemps une Constituante sera mise en place pour élaborer une Constitution réellement démocratique. Avec la participation des différents courants politiques.
Quatro: Mais le plus important dans le cas du mouvement du 20 février, c'est qu'il a libéré la parole de tout un peuple. Et cela restera dans toutes les mémoires, y compris celles des farouches adversaires de ce mouvement démocratique. Désormais, le peuple n'a plus peur du Makhzen et de sa machine à opprimer, museler ou détruire. Le plus beau dans toute cette histoire est de voir des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes et même parfois des enfants, y compris des milieux les plus modestes et des régions les plus reculées et oubliées de la monarchie et de son élite de servitude, venir devant une caméra dire leur ras-l-bol de leur situation précaire et vomir le Makhzen et ce qu'il représente comme archaïsme et despotisme. À cette spontanéité du peuple, le Makhzen réagit, comme à son habitude lors du siècle et du millénaire écoulés, par la violence. Il croit qu'en terrorisant, en menaçant, en torturant, en emprisonnant... et même en tuant, il imagine qu'il va réussir à faire taire tout un peuple et mettre la couvercle sur la marmite, comme à son habitude, pour se consacrer encore une fois au pillage des richesses de la nation pour le bénéfice des Cent familles qui se partagent le pactole marocain. Mais ce qu'il ne réalise pas, c'est que le peuple du Maroc est passé non seulement à un autre Siècle, mais également à un autre Millénaire. Ce qu'il n'a pas encore compris, c'est que l'Âge des indignés a commencé, y compris au Maroc. Mais comment aurait-il pu réaliser ce changement historique de civilisation, lui qui s'est enfermé à double tour dans un monde qui a cessé d'exister depuis plusieurs siècles et a jeté les clés dans l'océan de Tazmamart...
Grâce à l'idéal de liberté, de dignité, d'égalité et d'équité, autrement dit de la modernité, dont le mouvement du 20 février est porteur, rien n'est perdu... Tout au contraire! La répression de plusieurs mouvements sociaux aux quatre coins du Maroc a d'ores et déjà montré ses limites et son inefficacité à atteindre l'objectif voulu. Le mouvement du 20 février a donc déchiré le voile du Makhzen et brisé en mille morceaux la fable de la dite ''Exception marocaine.''
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