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jeudi 30 juin 2011

Mamfakach

par Sonia Terrab, Goud, 28/6/2011

Mamfakach
Je l’avoue, j’ai été parmi les premiers. En tête de fil. A attendre, imaginer la constitution. Perplexe depuis le 9 mars, je suis restée en suspens, me posant la question du futur, me disant : on verra bien, peut-être que, on ne sait jamais. Cela a duré 3 mois. Quelques coups d’éclats et de matraques plus tard, voilà le résultat : un texte, des articles, un referendum et beaucoup de blabla.

Depuis, j’ai le fou rire. Il me prend quand je m’ennuie sur facebook, ou je me perds sur twitter. Un fou rire à deux vitesses. Une blague éternelle. Un gag en continue.

Pourquoi ? Parce que la base est absurde. Comment pouvons-nous tous être focalisés sur un bout de papier. Un bout de papier indéchiffrable pour la majorité. Un vulgaire bout de tissu facile à déchirer. Et nous voila tous aux aguets, à frétiller, s’étonner, s’émerveiller ou s’offusquer, devant un produit d’Etat confectionné à la va vite, sur commande mais pas sur mesure.

Je ne nie pas l’importance d’un texte fondateur, d’un ensemble de loi auxquelles se référer, de la nécessité du partage et de l’équité. Non, ce que je nie, c’est le respect. Le respect des mots comme ils ont étés édictés. Le respect de la forme sur fond de réalité. Si la constitution de 1996 avait été « réellement » adoptée, on n’en serait pas là aujourd’hui. Et cette constitution, retouchée, ne va rien changer. Cette constitution, demain, dans quelques jours, va passer et ça ne va rien changer. Si d’abord, nous ne changeons pas.

Je suis désolée pour les plus naïfs, ceci n’est pas un tournant historique.  Ce n’est qu’un acte surjoué dans une pièce pour grand public. Une scène bis repetita démontée et remontée sans que personne ne se lasse jamais. Une constitution bâclée d’un effet show off propre au royaume des mirages. De la poudre sur des débats creux, des mots qui volent et des yeux qui se ferment. Oui, désolée, car ce n’est qu’un texte, on peut l’encadrer, prendre la pose à ses cotés, le mettre là où on sait, il peut être de multiples utilités et d’utilité aucune, s’il n’est pas appliqué.

Que les gros titres nationaux : « Rendez-vous avec la démocratie » et les petits titres internationaux : « Le roi a donné le pouvoir au peuple » se calment et que cesse ce drame que nous vivant tous, éternelles marionnettes du jeu médiatique et de l’illusion politique, pris à parti, pris au piège, par un effet baguette, une action spectaculaire, quelque chose d’assez grand pour masquer la réalité et distraire même la lucidité.

Qu’on se réveille. Qu’on arrête de nous prendre pour des cons. Et qu’on arrête de faire les cons. La responsabilité de chacun dans cette mascarade sensationnaliste est de ne pas se laisser berner, ne plus se laisser leurrer. Le combat est ailleurs. Il est dans une prise de conscience généralisée, une volonté commune de changement, le rétablissement ou la création d’un contrat de confiance, non pas écrit, mais d’abord moral. La confiance du marocain en son prochain, du peuple en ses élus, de l’acte qui suit les paroles. Ce sont les mentalités qu’il faut remanier, la classe politique qu’il faut rénover, la soumission bêtifiante qu’il faut éradiquer.

Et ce n’est pas une constitution customisée à fort budget mais seul un vrai débat, pour une vraie égalité, sur la durée, qui peut y arriver. Un débat dont le chemin est long, et pas encore tracé.

 Tant mieux si cette réforme ouvre une porte, mais ça ne sera qu’une issue, même pas un début. La solution miracle n’existe pas. La constitution miracle n’existe pas. Alors, par pitié, votez oui, votez non, ne votez pas, je m’en fous. C’est comment vous agirez demain qui importe

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