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mardi 28 juin 2011

Communiqué de Mamfakinch sur les atteintes à l’intégrité du scrutin référendaire

 Mamfakinch!  28/6/2011

Dans la droite lignée du communiqué publié par le comité de suivi du Mouvement Marocain du 20 Février, le collectif Mamfakinch appelle tous les citoyens marocains à diffuser largement le présent document afin que soient clairs pour chacun les agissements immoraux du gouvernement marocain et de pays étrangers complices qui plébiscitent une nouvelle constitution censée lancer les bases de la démocratie au Maroc.

Nous dénonçons fermement :

1 – Un processus anti-démocratique et non transparent:
La commission Menouni, qui a rédigé le projet de constitution, a été nommée par le Roi et non pas choisie par le peuple, elle n’a pas été composée de manière pluraliste, et ses travaux et débats n’ont pas été publics – on ne sait ainsi toujours pas avec certitude quelles sont les modifications apportées au projet rédigé par cette commission par le Roi.

2 – Un débat constitutionnel bâclé:
Il a fallu à la commission Menouni trois mois pour rédiger son projet, mais le peuple marocain a moins de deux semaines pour en débattre et se former une opinion – nous mettons quiconque au défi de nous citer le cas d’un seul référendum constitutionnel tenu dans un pays démocratique où le projet de révision constitutionnelle aurait été divulgué que deux semaines avant le vote. Il ne s’agit pas d’un référendum mais d’un plébiscite. Le peuple marocain n’est pas censé discuter sérieusement du projet constitutionnel mais seulement répondre OUI à la personne le lui ayant soumis.

3- Un manquement du Roi à son rôle d’arbitre :
En appelant explicitement lors de son discours du 17 juin 2011 à voter OUI le Roi Mohamed VI a très clairement manqué à son rôle d’arbitre, alors même que des membres de la commission Menouni ont publiquement défendu le projet en affirmant qu’il consacrait le Roi-arbitre au lieu du Roi-décideur.

Le fait que le Roi dans son discours insinue que voter OUI permettra de trouver une solution à l’affaire du Sahara est scandaleux., d’autant plus que les dispositions relatives à la régionalisation sont de l’avis général particulièrement décevantes. Ce raisonnement induit en effet que les personnes qui voteront NON seraient des traîtres à la nation :« Je dirai donc OUI à ce projet, car Je suis convaincu que, de par son essence démocratique, il donnera une forte impulsion à la recherche d’une solution définitive pour la juste cause de la marocanité de notre Sahara, sur la base de notre Initiative d’autonomie »

La citation coranique en fin de discours (“Voici ma voie, j’appelle les gens (à la religion) d’Allah, moi et ceux qui me suivent”) peut également être interprétée comme faisant de ceux ne votant pas OUI au projet des mécréants.

4 – Un non respect des lois de la campagne pour le référendum :
La propagande pour le « OUI » a démarré le soir même du discours, le vendredi 19 juin, alors que la campagne pour le référendum était censée démarrer le mardi 21 juin 2011 à minuit, selon le communiqué rendu public par le ministère de l’intérieur.

5 – Une instrumentalisation irresponsable et dangereuse de la religion :
Dans la lignée du discours royal du 19 juin, ce vendredi 24 juin 2011, les imams des plus grandes mosquées du Maroc ont lu un texte, après la prière du vendredi, appelant explicitement à voter OUI. Ce texte, publié par mamfakinch.com, leur a été fourni par Ministère des Habous et Affaires Islamiques. Cette instrumentalisation à géométrie variable de la religion à des fins politiques – alors même que l’article 7 du projet de Constitution interdit les partis fondés sur la religion – est désastreuse et compromet sérieusement la pérennité du pays. Est-il nécessaire de rappeler que le gouvernement a déjà suspendu un imam par ce qu’il a parlé de politique pendant son prêche?

6 – Des actes d’agression et de harcèlement :
Ces actes extrêmement inquiétants visent principalement des membres du 20 Février ou des personnes sympathisantes du mouvement. A l’image de Samira Kinani, militante de l’AMDH, molestée par une foule galvanisée .
Encore plus inquiétant, sont les agissements de « baltajias » qui se baladent armés dans les rues de plusieurs villes marocaines – sans se faire arrêter par la sureté nationale – et qui obligent les gens à scander des slogans patriotiques.
7 – Une répartition du temps à l’antenne inégalitaire :
Le collectif Mamfakinch a déjà appelé à ce que le gouvernement garantisse une répartition du temps égalitaire entre le « OUI » et « NON » et qu’au cas contraire le référendum aura perdu d’avance toute sa crédibilité. Or le gouvernement n’a absolument pas du tout donné suite à cette demande légitime.

8 – Une atteinte dangereuse à la liberté d’expression :
Non seulement le gouvernement marocain mène une propagande pour le « OUI » mais il empêche en plus les gens d’aborder l’option du BOYCOTT dans les médias comme le démontre la circulaire suivante :

9 – Des fraudes électorales à craindre:
Les élèves officiers réserve de l’Ecole Mohammedia des Ingénieurs se sont vu récupérer leur Carte d’Identité Nationale par le commandement afin d’être inscrits de force sur les listes électorales, et ils craignent que ce soit pour voter oui à leur place.

10 – Violations flagrantes du Code électoral:
Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) auront la possibilité de voter avec n’importe quelle pièce d’identité, contrairement à l’article 135 du Code électoral qui dispose que ”la carte d’immatriculation consulaire tient lieu de carte de vote”.

D’autre part, certains citoyens racontent que des « moqadem » (“agents d’autorité”) font le tour des maisons afin de distribuer les cartes électorales alors que, là aussi, l’article 40 du Code électoral dispose que le détenteur de la carte doit la retirer personnellement après émargement sur les listes.

11 – Des actes de corruption des citoyens afin de les inciter à voter OUI : et ceci à ciel ouvert comme le démontrent les vidéos suivantes :

12 – Des versements de sommes importantes à des partis politiques pour soutenir le OUI :
Plus de 7 milliards de centimes (70 millions de dirhams) ont été versés à des partis politiques pour soutenir le OUI. Ce gouvernement qui est donc censé combattre la corruption voit les partis qui le composent en devenir les premiers bénéficiaires !

13 – Une ingérence étrangère inacceptable :
A commencer par les déclarations de Nicolas Sarkozy qui s’est permis d’exprimer son soutien aux réformes insultant au passage la souveraineté du peuple marocain.

Viennent ensuite les déclarations proprement scandaleuses de la Haute Représentante de l’Union Européenne, la baronne Ashton, qui a déclaré que « nous nous félicitons de l’annonce du Roi du Maroc des principales dispositions de la nouvelle constitution qui sera soumise à référendum le 1er Juillet 2011 », « la réforme constitutionnelle proposée (par le Roi) est conforme aux ambitions du statut avancé », et a insisté sur le fait que « l’Union européenne est prête à soutenir le Maroc dans les efforts qu’il déploie pour mettre en œuvre ces réformes d’envergure ».

Les principales organisations marocaines de défense des droits de l’homme ont condamné ces ingérences dans un communiqué commun rendu public ce samedi.

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