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mardi 17 mai 2011

Au Maroc, les manifestations se multiplient avec comme cible la corruption


 Par La rédaction de Mediapart, 27/4/2011


Deux jours après des défilés rassemblant plusieurs dizaines de milliers de Marocains dans de nombreuses villes du royaume, et après plusieurs heures de négociations avec les syndicats, les autorités ont finalement cédé. 55 euros d'augmentation par mois dès le 1er mai pour les fonctionnaires quand les plus bas salaires stagnent à 200 euros: l'annonce est de taille. Le premier ministre a également annoncé que la pension des retraités ferait un « bond » de 70% pour s'établir à... 90 euros. Le roi est même intervenu pour promettre de choyer les ouvriers agricoles en « revalorisant le SMAG, le salaire minimum agricole » et en leur garantissant une couverture médicale.
Ces ouvertures du régime ont été aussitôt contestées. « Ne nous trompons pas, assure l'économiste Mehdi Lahlou, ces mesures sont un écran de fumée. Ce sont des mesures à la marge. Dans le milieu rural, qui représente plus d'un tiers de la population, les gros exploitants agricoles sont exonérés de l'impôt sur le revenu depuis 1986. Parmi ces gros exploitants, on retrouve le roi, le président de la chambre haute du Parlement, etc. Si on avait voulu une véritable réforme pour les ouvriers agricoles, on aurait rétabli cet impôt en redistribuant les richesses.»
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Casablanca, le 24 avril.© Demain Online
Pour ce professeur à Rabat, les annonces gouvernementales ont principalement pour objectif de « réagir aux demandes de la rue. Ces dernières semaines, les syndicats se sont mis dans la partie, en plus des jeunes du Mouvement du 20 février. Le gouvernement tente de réduire le décalage entre les salaires du privé et du public car on détient le triste record dans le monde arabe. Entre les rémunérations du premier ministre Abbas el Fassi et un smicard, c'est un rapport de 1 à 50 ! ». Selon l'économiste, ces annonces risquent de faire pschitt car « ces mesures concernent essentiellement ceux qui ne descendent pas dans la rue. La priorité pour les manifestants, c'est la révolution constitutionnelle et la lutte contre l'impunité ».


La corruption, justement, tout le monde avait ce mot à la bouche, dimanche 24 avril. Les auteurs, supposés ou réels, des transactions douteuses, ceux qui font partie du « Makhzen économique », les « El Himma », « Majidi », des noms des proches du monarque étaient affichés sur des pancartes avec en dessous : « Dégage ».
Dans le cortège, Aziza, chef d'entreprise dans le textile est venue avec homme et enfants. « Dans mon secteur, tous les appels d'offres sont tronqués. Si vous n'êtes pas fils de... vous n'avez aucune chance », raconte-t-elle. Lasse, elle lâche : « On en a marre, la justice ne doit pas faire de différence de traitement, ce n'est pas normal. » Aziza explique que c'est la première fois qu'elle manifeste alors que le mouvement de contestation a débuté il y a deux mois. « J'ai peur que les choses traînent, que les promesses ne soient pas suivies d'effet. Jusqu'à quand on va attendre la liberté ? J'ai 38 ans, pour moi, c'est fini. Mais c'est pour mes enfants venus avec moi que je me bats ici.»
Son mari, biologiste, acquiesce et ajoute : « Il faut changer les règles politiques et économiques. Mon fils ne doit pas être le “fils de” pour réussir. C'est contre le favoritisme et contre la corruption au niveau des tribunaux, des commissariats que je suis là. Il faut réaliser ce que l'on promet, il faut une retranscription dans nos vies. Beaucoup de gens ne savent pas ce que ça veut dire le changement de la constitution. Mais il faut que ce soit palpable.»
La corruption est vécue comme une gangrène qui touche toutes les couches de la société. Dans la santé, l'éducation ou la justice, pas un secteur au Maroc n'échappe au « bakchich ». « Des clients viennent me voir en me demandant de trouver un juge pour le payer, témoigne Zohra, avocate. On s'en sort pas. Il faut miser sur l'éducation. On n'a pas d'autre choix. En matière d'alphabétisation, on est en retard, on est bien loin de la Tunisie. »

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