Source : Cadena SER, Le Post, 11/3/2011
post non vérifié par la rédaction
La convocation massive de manifestations pour le 20 mars est maintenue
Les jeunes du Mouvement du 20 février maintiennent la convocation massive de manifestations dans tout le pays pour le 20 mars prochain malgré le discours prononcé ce mercredi par Mohamed VI dans lequel il a promis soumettre à un référendum une réforme profonde de l'actuelle Constitution.
"Le discours n'a rien changé, nous allons continuer à manifester le 20 mars prochain avec les mêmes revendications", soutient Oussama Khlifi, l'un des jeunes qui a initié à Facebook le Mouvement du 20 février, instigateur des mobilisations de protestation de dernières semaines au Maroc. Khlifi assure même que dimanche prochain, 20, "les gens qui sortiront dans la rue seront plus ombreux qu'en février".
Ce mercredi, Mohamed VI a bougé une fiche devant ces protestations avec un discours dirigé à la nation dans lequel il qui a promis soumettre à un référendum une réforme profonde de l'actuelle Constitution, qui date de 1996, quand son père Hassan II régnait encore. Avec l'excuse, d'avoir besoin des changements pour pouvoir réaliser le processus de régionalisation, le monarque "a voulu profiter de l'occasion pour annoncer une réforme globale de la constitution marocaine qui se concentre sur la séparation des pouvoirs, sur la garantie de liberté collective et individuelle et sur la protection des droits de l'homme", comme a assuré ce matin dans une conférence de presse Omar Azziman, président de la Commission Consultative pour la Régionalisation (CCR) et ancien ambassadeur marocain en Espagne.
Mohamed VI a assuré dans son allocution être disposé à ne pas nommer au doigt le premier ministre - comme il faisait jusqu'à présent - et à donner à celui-ci la "Responsabilité totale du gouvernement". De plus, il affirme qu'avec ces réformes il essaiera "d'ériger en pouvoir indépendant la justice" et de céder au Parlement les "fonctions de représentation, de législation et de contrôle". Tout avec le désir de consolider "le principe de séparation et l'équilibre de pouvoirs". De plus, le monarque a chargé une commission présidée par l'expert en droit constitutionnel Abdelatif Mennouni de l'étude de ces réformes possibles pour célébrer en juin le référendum. "La commission a été désignée et non choisie. Pour réaliser une constitution démocratique nous devons choisir cette commission, qui inclura tous les partis politiques, une ONG et pourquoi pas de jeunes membres du Mouvement du 20 février", se plaint Nizar Bennamate, membre du groupe convocateur des manifestations.
En réponse à cette demande, Mennouni assure que la réforme sera réalisée dans "une communion avec les partis politiques, les syndicats, les organisations de la société civile et de la jeunesse, les acteurs associatifs et scientifiques".
Il s'agit d'un discours complètement innovateur qui, cependant, n'arrive pas à convaincre certaines couches de la société civile. L'Association Marocaine de Droits de l'homme (AMDH) reconnaît le positivisme de l'initiative, mais elle se plaint du fait qu'il y a encore beaucoup de choses à traiter " la question de la sainteté du roi n'est pas abordée", affirme Khadiya Ryadi, présidente de l'AMDH, par ce que le monarque continue d'être "commandeur de tous les croyants". Selon l'opinion de Ryadi, "cela peut annuler toutes les progressions". Pour elle, on doit complètement abroger l'article 19 de l'actuelle Constitution, qui sanctifie le roi; si non, "tous ces changements ne serviront à rien".
Ali Anouzla pense la même chose, journaliste, fondateur et directeur du portail web indépendant Lakome.com, qui souligne que le fait de que Mohamed VI continue d'être le leader religieux de tous les Marocains "lui attribue des pouvoirs absolus et l'impossibilité de le critiquer, de le controverser". Pour Anouzla, le roi doit renoncer aussi à cette position, pour que le Maroc ne continue pas à vivre une "monarchie absolue". Durant le discours d'hier, le souverain n'a pas fait de référence à cet aspect, ou au "mot magique que tout le monde attendait", selon les termes d'Anouzla, "qui est la monarchie parlementaire".
De l'autre côté, celui de ceux qui soutiennent le discours, se trouvent les partis politiques présents au Parlement, qui se sont déjà prononcés à ce sujet. "C'est le commencement d'une nouvelle étape de modernisation et de réhabilitation des structures de l'État", a affirmé le premier ministre et secrétaire général du parti Istiqlal, Abbas Fassi. Tous les partis coïncident que c'est une initiative "historique", bien que ce soit le Parti Socialiste Démocratique qui affirme même que "c'était un discours plus ambitieux que les revendications de réforme exprimées par l'ensemble des sensibilités nationales", selon son secrétaire général Zhor Chekkafi.
L'ensemble de ces organisations politiques applaudissent ainsi l'initiative du monarque alaouite en plus d'assumer leur engagement dans ce processus qui " établit une feuille de route d'un nouveau Maroc fort dans son identité et ouvert à un avenir démocratique", soutient Abdelilah Benkirane, leader du Parti islamiste Justice et Développement (PJD). Une feuille de route qui selon l'opinion du Parti Authenticité et Modernité (PAM), gagnant des dernières élections municipales marocaines, "annonce de nouveaux horizons dans la construction de l'État démocratique moderne, en situant le citoyen dans le coeur de cette dynamique", dans les termes d'un communiqué du parti.
Le Maroc bouge. Au niveau politique, économique et social. Roi et Gouvernement bougent des fiches pour éviter des contagions possibles, au moins à un haut niveau, du reste de révolutions arabes. Cependant, les jeunes du Mouvement du 20 février et les associations qui l'appuient ne font pas marche derrière. Ils veulent plus. Et surtout ils veulent des faits et non pas des paroles.
Projet de régionalisation
Le motif que Mohamed VI a avancé pour annoncer ces réformes se concentre sur les changements dont la Carta Magna a besoin pour mettre en place le projet de régionalisation que le monarque alaouite avait annoncée l'année passée. Après un an de travaux de la CCR, ce jeudi a été présenté le rapport de conclusions. S'y démarquent des sujets comme la composition du Maroc en 12 régions, en incluant deux dans les territoires du Sahara Occidental. Précisément ces zones, appelées par le Maroc "Provinces du sud", seront les premières à expérimenter ce processus, à condition que "le plan d'autonomie n'arrive pas avant que la régionalisation avancée ne s'implante", affirme Omar Azziman. Dans le cas de report dans l'accord du plan d'autonomie, soumis aussi aux négociations avec les Nations Unies, la régionalisation serait "une étape transitoire", conclue Azziman.
Ce nouveau modèle d'État octroiera de plus grands pouvoirs exécutifs aux présidents des Conseils Régionaux, nouvelle figure politique créée au détriment des "walis" ou des gouverneurs qui, selon Azziman, "ne disparaîtront pas" mais ils occuperont d'autres fonctions. De plus, le rapport met en exergue l'engagement du Gouvernement à renforcer le rôle de la femme dans les institutions régionales, dont l'objectif est de garantir son accès "au tiers des fonctions électives, aux bureaux et à d'autres instances des conseils des collectivités territoriales", comme l'on peut lire dans le rapport. Y manque, par exemple, la possibilité ou non de créer des partis régionaux, surtout au Sahara Occidental. Pour Azziman c'est "encore trop tôt" pour savoir cela, parce que ce processus vient de naître et que c'est un aspect que devra discuter la commission chargée de l'élaboration des propositions pour les réformes de la Constitution.
Traduction de l'espagnol : SPS-RASD
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