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lundi 27 septembre 2010

France-Roumanie, l’amère route du Rom : ALLERS-RETOURS

Par CLOTILDE WARIN, Bakchich, 27/9/2010
Mardi débutera l’examen du projet de loi sur l’immigration, dont certains amendements ciblent explicitement les Roms.
Reportage dans un village roumain à majorité Rom.
Le long de la rue principale du village de Calvini, des femmes lavent des tapis à même le sol, des charrettes tirées par des chevaux stationnent à côté de voitures immatriculées en Roumanie, en France ou en Espagne.
Des maisons en bois côtoient de belles bâtisses, l’une peinte en rouge framboise, une autre très haute qui comporte des tourelles en aluminium brillant. Le village, situé à trois heures de route à l’est de Bucarest, compte 4800 habitants dont 1800 Roms.
« C’est une zone de collines et de montagne, il n’y pas beaucoup de terres arables et les Roms n’ont pas de terrain », explique Mircea Stoica, représentant des Roms à la mairie. Depuis la fin du communisme, les Roms, pour trouver du travail, ont commencé à partir à l’étranger, en France mais aussi en Italie et en Espagne. « Au moins 30% des Roms de Calvini sont installés en France. S’ils ne partaient pas, ici, ce serait le chaos au vu de la pauvreté », affirme le leader de la communauté Rom, Gheorghe Ursaru. Parfois en famille, parfois seuls, les Roms partent un ou deux mois à l’étranger puis reviennent au village quelques semaines avant de repartir.
L’économie de Calvini a toujours vécu de ces déplacements de population. Du temps du communisme, les Roms ne pouvaient sortir de Roumanie, mais ils partaient en équipes travailler dans des coopératives agricoles dans tout le pays. Catlin Stanciu a, lui aussi, dès l’adolescence, participé à la récolte des pommes.
"JE PEUX ENVOYER DE L’ARGENT À MA SOEUR"
Mais, en 2006, à 18 ans, il a choisi de quitter Calvini pour la France car « j’ai entendu dire que c’était bien là-bas ». Au début, Catlin a dormi à la belle étoile dans des parcs de la capitale, puis dans une voiture avant de se retrouver dans différents campements en banlieue. Au Bourget, au Blanc-Mesnil, à la Courneuve, à Tremblay-en-France… « Je gagne en France 30 à 40 euros par jour en faisant les poubelles pour y récupérer la ferraille, explique ce jeune homme de 22 ans. C’est bien et je peux envoyer de l’argent à ma sœur restée ici ». Catlin, qui parle désormais un peu français, a même fait venir ses parents en Ile-de-France l’an dernier.
« Mais depuis 2009, c’est devenu plus dur, confie-t-il. On a souvent dû changer de camp. Les policiers viennent et cassent tout, ils détruisent les caravanes ». Catlin a refusé les 300 euros que lui proposaient les policiers qui, fin août, ont détruit la cabane en bois qu’il s’était aménagé à côté d’une caravane. « 300 euros c’est rien, je n’ai pas envie de les prendre et d’être mis en prison quand je reviens en France. Ce n’est pas bien de nous singulariser, que ceux qui se comportent mal, ils leur mettent les menottes mais pas à tout le monde », explique-t-il.
Catlin est revenu de France en voiture, il y a quelques jours, avec des cousins. Devant la maison familiale en bois, où une seule pièce est achevée, deux voitures portant des plaques françaises sont garées, une vieille Ford et un utilitaire Renault.
Catlin a déjà programmé son retour en France. Il prendra cette fois le bus Eurolines, un trajet de trois jours qui lui coûte 120 euros. Soit trois jours de salaire en France. Mais la moitié du salaire moyen en Roumanie…
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http://www.bakchich.info/France-Roumanie-l-amere-route-du,11949.html

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