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mardi 19 janvier 2010

Israël et la « Petite-Bretagne »

par Abdelbari  ATWAN     عبد الباري عطوان
18/1/2010
Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala
Le gouvernement britannique se penche actuellement sur l’introduction d’une nouvelle législation  abrogeant la compétence universelle de la justice britannique dans le cas de dignitaires étrangers accusés de crimes de guerre qui viendraient en visite. Il est prévu que le gouvernement travailliste de Gordon Brown, qui a été complice de la guerre en Irak, sur la base de mensonges fabriqués, va saisir le parlement la semaine prochaine pour faire passer ces modifications législatives avant les élections de mai prochain.

Le ministère de la Justice britannique, dirigé par l’ancien ministre des Affaires étrangères Jack Straw, veut transférer le pouvoir de délivrer des mandats d’arrêt des juges aux procureurs, sous prétexte de mettre à l’abri les dignitaires étrangers visitant la Grande-Bretagne d’une arrestation et d ‘une traduction en justice comme criminels de guerre.

Les seuls dignitaires étrangers accusés de crimes de guerre susceptibles de visiter la Grande-Bretagne sont israéliens. Les modifications législatives envisagées sont donc  faites sur mesure pour eux et sont le résultat de la campagne de pressions organisées par le gouvernement de Benjamin Netanyahou et son défenseur, le lobby juif britannique, après qu’un groupe d’avocats respectés ont demandé à un tribunal l’arrestation de Tzipi Livni, l’ancienne Première ministre israélienne accusée d’avoir commis des crimes de guerre lors de la dernière agression de son armée contre la Bande de Gaza, au début de l’année dernière.
Le chantage israélien a réussi à atteindre les résultats souhaités : en changeant la législation britannique, adoptée pour punir les nazis sur la base des Conventions de Genève et des  droits humains et sous la pression des Juifs, qui continuent à vouloir venger les victimes de l’Holocauste commis par les criminels de guerre allemands à l’époque nazie.

Plus de 70 députés ont déposé une requête à la Chambre des Communes, critiquant sévèrement ces propositions d’amendements. Ils ont été rejoints par des dizaines de lords, acteurs, écrivains et juristes souhaitant empêcher leur adoption. Ces propositions constituent en effet une insulte à la justice et aux valeurs de la démocratie occidentale.

La pétition signée par ces députés, avocats et défenseurs de droits humains dit : « Nous avons été choqués par les propositions du ministre des Affaires étrangères Ivan Lewis et du secrétaire d’État David Miliband pour modifier la législation britannique afin d’éviter à l’avenir toute tentative de poursuivre des personnes accusées d’avoir commis des crimes de guerre, qu’elles soient israéliennes ou autres, devant des tribunaux britanniques. Nous rejetons toute tentative de porter atteinte à l’indépendance de la justice britannique et tout juge disposant de preuves de crimes de guerre devrait avoir le pouvoir d ‘ordonner l’arrestation d ‘un suspect. »

Le célèbre avocat britannique John Hardy relève que l’abrogation de cette loi permettant de poursuivre les criminels de guerre est une décision politique qui constitue une ingérence dangereuse dans les droits fondamentaux des citoyens.
Ce que Hardy n’a pas dit, c’est qu’Israël et ses criminels de guerre sont au-dessus de toute loi, et que leur protection est plus importante que les droits des citoyens britanniques et que l’indépendance du pouvoir judiciaire, source de fierté et modèle pour le monde entier.

Madame Scotland, procureur général, s’est exprimée très clairement, lors d’un discours à l’Université de Jérusalem la semaine dernière : « Notre gouvernement examine en toute urgence les moyens de changer le système judiciaire afin d’éviter l’arrestation des responsables israéliens, qui devraient avoir la possibilité de visiter la Grande-Bretagne en permanence et sans entraves. »

Si les criminels de guerre étaient arabes ou du Tiers Monde, et particulièrement hostiles aux USA ou au Royaume-Uni, ces lois ne seraient pas modifiées mais appliquées sans retard, mais il semble que les criminels de guerre israéliens sont sur le point d’obtenir un blanc-seing du Royaume-Uni et de tous les pays occidentaux pour tuer qui ils veulent et quand ils veulent, des enfants de Gaza au Liban, utiliser des civils comme boucliers humains – comme indiqué dans le Rapport Goldstone – sans être craindre d’être traduits en justice.

L’odieux chantage israélien et l’humiliante soumission britannique conduiront peut-être la Grande-Bretagne à rejoindre les États du Tiers Monde et  à lui faire perdre ses meilleurs traits distinctifs civilisationnels, car ce n’est que dans les pays qui ne connaissent pas de justice indépendante ni le principe de la séparation des pouvoirs ni les traditions démocratiques occidentales, que l’on modifie les lois suite à des pressions extérieures, sans étude idoine ni clarification minutieuse fondée sur l’intérêt du pays et des citoyens.

Les lois contre les criminels de guerre ne sont pas des lois britanniques à l’origine, mais des lois universelles élaborées par le « monde libre » après la Deuxième Guerre Mondiale. Ce monde libre a enjoint tous les États à les adopter. Le Royaume-Uni n’a donc pas le droit de les modifier tout seul, car ces amendements sont contraires aux Conventions de Genève et au droit humanitaire international.

Le monde entier a pris fait et cause pour les victimes du nazisme et il a pris les dispositions nécessaires pour châtier les criminels de guerre en les traduisant en justice, ceci afin que ne se reproduisent plus leurs crimes et un Holocauste collectif. Pourquoi donc ce monde est-il de connivence avec les criminels de guerre israéliens ? Tout simplement parce que leurs victimes sont des Arabes et des Musulmans ? Cette sélectivité odieuse révèle un effondrement de la morale et des valeurs.

La Grande-Bretagne, qui prévoit de modifier sa législation cette semaine afin de protéger les criminels de guerre israéliens, prend une responsabilité morale et juridique vis-à-vis du peuple palestinien, en permettant une effusion de son sang et en donnant le feu vert pour que le carnage continue.
Le Royaume-Uni, par ce geste,  réitère son agressivité à l’encontre du peuple palestinien et continue à la persécuter, même dans son exil, en s’alignant de manière honteuse sur ses bourreaux, que la Grande-Bretagne a aidé à installer leur État sur son dos. Le gouvernement britannique, plutôt que d’expier son grand crime contre le peuple palestinien – il est responsable de ses Nakbas depuis 60 ans -, il continue encore ce crime, en fournissant une protection légale et politique à ceux qui ont pris sa terre de force et l’ont marginalisé sur la terre entière, se faisant ainsi leur complice.

Nous joignons notre voix à celles des parlementaires, politiciens, artistes, militants des droits humains et de tous les Britanniques honorables qui s’opposent à ce changement de loi visant à maintenir l’impunité pour les criminels de guerre israéliens.

Et s’il y a vraiment un besoin urgent de modification législative, ce serait pour conserver un minimum d’indépendance à la justice.
Livni, la Belle du Mossad, par Omaya Joha

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