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dimanche 22 mai 2016

L’exil forcé

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Mohammed Larbi, 22/5/2016

Les regards sont braqués sur la Méditerranée et plus particulièrement sur ces fameux couloirs qui rapprochent deux continents. Là, une précision s’impose : il ne s’agit que d’une proximité géographique, ceci n’étant rien d’autre qu’un drame humain.

C’est ce passage qu’empruntent les candidats en quête de bonheur, du moins le croient-ils, mais toujours est-il que pour eux, ce nouvel horizon sera bien mieux que l’enfer qu’ils vivent dans leurs pays respectifs. Car ils sont nombreux, les candidats en question, et ils ne fuient pas uniquement les zones de guerre.
Un pari risqué et tous n’ont pas la chance de fouler le sol d’en face. Il y a tout juste un mois, un bateau rempli de migrants en provenance de Libye faisait naufrage au large des côtes italiennes, provoquant la mort de plus de 900 personnes. L’Union européenne a bien décidé de tripler l’aide octroyée à l’Italie pour qu’elle puisse faire face à l’afflux de migrants. Est-ce suffisant pour dissuader les candidats à la migration, voire à l’exil tant il faut encore une fois appréhender les causes ? L’ONU a tenté de le faire au début de ce millénaire en décrétant une décennie pour le développement. Qu’en est-il au juste ? Des engagements ont bien été pris, mais dans bien des cas, l’échec est là, des calculs strictement politiques échappant à la logique ont faussé ce qu’on allait considérer comme des rapports nouveaux, supposés apporter paix et prospérité, et surtout stabiliser les populations. D’aucuns diront avec une certaine indulgence que le bilan en est bien maigre car il fallait par ailleurs agir en amont : la migration, devenue un gros business, n’étant que la conséquence de politiques locales. Il n’est pour cela que de se pencher sur l’identité de ceux qui veulent quitter leurs pays. Quelques milliers viennent de pays  en guerre où ils sont en danger de mort, mais le plus grand nombre fuit la misère.
L’Europe, réunie la semaine dernière autour de cette question, a bien montré tout l’intérêt à agir en amont, et ne plus se contenter d’ériger des barrières, il reste que l’approche porte en elle quelques limites. Que peuvent en effet produire quelques milliards d’euros, même si le montant en ces temps de crise paraît effectivement important ? Tout dépend de l’usage qui en est fait, et nul doute que cela intéressera de nombreuses capitales africaines. Mais à l’inverse, l’effet pourrait être nul, et même négatif, car il faut penser aux moyens de rembourser ce qui deviendra une future dette, si toute entreprise de développement est contrariée et mise  en échec par des politiques globales dans leur approche, et puissantes au double plan économique et financier.
C’est bien cela qui a mené à l’échec les précédentes politiques de développement. Des millions de personnes qui fuient le continent africain n’y ont connu que la ruine et le désespoir. Comment donc y remédier, sachant qu’en l’absence de solution durable, la Libye demeurera ce port d’embarquement vers l’Europe ? Le chef de la diplomatie italienne laisse entendre que le sommet européen de juin pourrait prendre des décisions concrètes sur des «projets spécifiques dans sept à huit pays africains, ceux les plus touchés par les phénomènes migratoires». Il pourrait s’agir d’«un pacte euro-africain en échange de grands investissements, mais alors là vraiment de grands investissements» sans rapport avec les 1,8 milliard d’euros promis en novembre dernier. Il s’agirait d’investissements structurels d’une valeur de 10 milliards d’euros dans les sept pays africains d’où proviennent la majorité des migrants. Ce qui déjà témoigne de l’existence d’une autre approche car, finit-on par constater, rien ne dissuadera les candidats à l’exode, pas même les guerres. Il était vraiment temps.
Mohammed Larbi

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