@Déclaration
Citoyenne Et la République à travers ses silences et les fabuleux
contrats signés avec le le Qatar et l'Arabie Wahhabite, occulte
totalement le rôle de ces deux États dans la mondialisation de la
barbarie et en particulier celle qui frappe la France! Les observateurs
avisés et les services de renseignements savent tout cela mais sont
contraints à une forme de myopie institutionnelle et de soumission à la
raison d'État. Tôt ou tard les sociétés civiles comprendront ce jeu de
dupes et appelleront à des mobilisations citoyennes; pour l'heure les
Valls et les Juppé s'inclinent devant les États géniteurs de
l'islamo-fascisme en pensant aux élections présidentielles, mais gare à
l'effet boomerang.
Le Monde
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Soyons réalistes, demandons l’impossible, clamaient dans les rues de Paris les utopistes de mai 1968. Etre réaliste aujourd’hui, c’est réclamer à ceux qui gouvernent d’aller aux racines de ce mal qui, le 13 novembre, a tué au moins 129 personnes dans la capitale française. Elles sont multiples, et il n’est pas question d’en faire ici l’inventaire. Nous n’évoquerons ni l’abandon des banlieues, ni l’école, ni la reproduction endogamique d’élites hexagonales incapables de lire la complexité du monde. Nous mesurons la multiplicité des causes de l’expansion de l’islamisme radical.
Comme nous savons à quel point l’étroitesse des rapports entretenus dans tout le monde arabe entre les sphères politique et religieuse a pu faciliter son émergence, nous n’avons aucune intention simplificatrice. Mais, aujourd’hui, c’est la politique internationale d’une France blessée, et de l’ensemble du monde occidental, que nous voulons interroger.
Sur
l’islamisme d’abord. Depuis le début de sa montée en puissance, dans
les années 1970, les dirigeants occidentaux se sont convaincus qu’il
devenait la force politique dominante du monde arabo-musulman. Addiction
au pétrole aidant, ils ont renforcé le pacte faustien les liant aux Etats qui en sont la matrice idéologique, qui l’ont propagé, financé, armé. Ils ont, pour ce faire, inventé l’oxymore d’un « islamisme modéré » avec lequel ils pouvaient faire alliance.
Le djihadisme est avant tout l’enfant des Saoud et autres émirs auxquels elle se félicite de vendre à tour de bras ses armements sophistiqués. On ne veut pas voir que la même idéologie les anime
Le
soutien apporté ces derniers mois au régime turc de M. Erdogan dont on
connaît les accointances avec le djihadisme, et qui n’a pas peu
contribué à sa réélection, en est une des preuves les plus récentes. La
France, ces dernières années, a resserré à l’extrême ses liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite, fermant les yeux sur leur responsabilité dans la mondialisation de l’extrémisme islamiste.
Le
djihadisme est avant tout l’enfant des Saoud et autres émirs auxquels
elle se félicite de vendre à tour de bras ses armements sophistiqués,
faisant fi des « valeurs » qu’elle convoque un peu vite en d’autres
occasions. Jamais les dirigeants français ne se sont posé la question de
savoir ce qui différencie la barbarie de Daesh de celle du royaume saoudien. On ne veut pas voir que la même idéologie les anime.
Cécité volontaire
Les
morts du 13 novembre sont aussi les victimes de cette cécité
volontaire. Ce constat s’ajoute à la longue liste des soutiens aux
autres sanglants dictateurs moyen-orientaux – qualifiés de laïques quand
cela convenait – de Saddam Hussein à la dynastie Assad ou à Khadafi –
et courtisés jusqu’à ce qu’ils ne servent plus. La lourde facture de ces
tragiques inconséquences est aujourd’hui payée par les citoyens
innocents du cynisme à la fois naïf et intéressé de leurs gouvernants.
L’autre
matrice du délire rationnel des tueurs djihadistes est la question
israélo-palestinienne. Depuis des décennies, les mêmes dirigeants
occidentaux, tétanisés par la mémoire du judéocide perpétré il y a
soixante-dix ans au cœur de l’Europe, se refusent à faire appliquer les résolutions de l’ONU susceptibles de résoudre le problème et se soumettent aux diktats de l’extrême droite israélienne aujourd’hui au pouvoir, qui a fait de la tragédie juive du XXe siècle un fonds de commerce.
On
ne dira jamais assez à quel point le double standard érigé en principe
politique au Moyen-Orient a nourri le ressentiment, instrumentalisé en
haine par les entrepreneurs identitaires de tous bords. Alors oui,
soyons réalistes, demandons l’impossible. Exigeons que la France mette
un terme à ses relations privilégiées avec l’Arabie saoudite et le
Qatar, les deux monarchies où l’islam
wahhabite est la religion officielle, tant qu’elles n’auront pas coupé
tout lien avec leurs épigones djihadistes, tant que leurs lois et leurs
pratiques iront à l’encontre d’un minimum décent d’humanité.
Exigeons
aussi de ce qu’on appelle « la communauté internationale » qu’elle
fasse immédiatement appliquer les résolutions des Nations unies
concernant l’occupation israélienne et qu’elle entérine sans délai la
création trop longtemps différée de l’Etat palestinien par le retour d’Israël dans ses frontières du 4 juin 1967.
Ces
deux mesures, dont riront les tenants d’une realpolitik dont on ne
compte plus les conséquences catastrophiques, n’élimineront pas en un
instant la menace djihadiste, aujourd’hui partout enracinée. Mais elles
auront l’immense mérite d’en assécher
partiellement le terreau. Alors, et alors seulement, les mesures
antiterroristes prises aujourd’hui en l’absence de toute vision
politique pourraient commencer à devenir efficaces.
Sophie Bessis et Mohamed Harbi (Historiens)
Sophie Bessis est l’auteur de La Double Impasse. L’Universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014) ; Mohamed Harbi est ancien membre puis historien du Front de libération nationale algérien (FLN).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/17/nous-payons-les-inconsequences-de-la-politique-francaise-au-moyen-orient_4811388_3232.html#CXmCw57LraFCRdTM.99
Lire aussi : http://www.alternativelibertaire.org/?Appel-unitaire-Leurs-guerres-nos
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