Par Maya Zammit avec France Algerie.com
– «Je n’ai trouvé aucun texte qui
oblige la femme à se couvrir la chevelure. Le combat que les musulmans
ont mené pour le port du voile me désole, parce qu’il donne une image
négative de la façon dont l’islam perçoit la femme», a déclaré Tareq
Oubrou, imam de Bordeaux, dans une interview accordée à L’Express.
Religieux érudit, cet imam français d’origine marocaine, prône un islam
moins «tape-à-l’œil» et appelle à un ajustement des pratiques rituelles
avec les réalités de la société.
«Cette tendance à tout ritualiser conduit certains fidèles à parler
plus de la pratique que de Dieu lui-même», regrette-t-il. Ce fils
d’instituteur marocain, élevé aux confluents de la tradition musulmane
et de la modernité occidentale, n’hésite pas à s’en prendre aux «ignares
qui déterminent aujourd’hui ce qui est orthodoxe». Auteur du livre Un
imam en colère, Oubrou dénonce vivement «l’islam d’apparence», affirmant
que le plus important n’est ni le look ni la tenue vestimentaire, mais
plutôt la foi. «On est musulman lorsqu’on a la foi ; c’est la grâce de
Dieu qui sauve.
Le voile n’est pas spécifiquement musulman : il l’est devenu. Presque absente du Coran, c’est une prescription construite progressivement, au terme d’une histoire dont l’épisode colonial est un chapitre majeur. Si le port du voile nous choque, c’est moins en raison de l’outrage fait aux femmes ou de l’entorse à la laïcité que parce qu’il bouleverse un ordre visuel fondé sur la transparence, et lui oppose un provocant plaidoyer pour l’opaque, le caché, le secret, l’obscur.
Et pour les musulmanes qui se voilent en Occident, n’est-ce pas un jeu de dupes, une impiété nichée au cœur d’une intention religieuse ? Car en montrant qu’elles se cachent, elles cachent en réalité qu’elles se montrent ? Scrutant tour à tour la lettre du Coran, le voyeurisme de l’art orientaliste, les dévoilements spectaculaires orchestrés en Turquie ou au Maghreb, Bruno Nassim Aboudrar délivre une lecture inédite des stratégies à l’œuvre derrière le voile. Bruno-Nassim Aboudrar – Jolpress
Les pratiques cultuelles, elles, sont aménageables», martèle-t-il,
estimant que l’islam est «une religion qui évolue avec l’évolution de la
société». Il considère, à titre indicatif, que les prières peuvent être
effectuées après le travail et que le jeûne du Ramadan peut être
reporté en cas de maladie. Pour lui, l’islam se trouve confronté à un
vrai problème, celui des comportements qui relèvent de l’éthique
personnelle et qui sont devenus des marqueurs pour beaucoup de musulmans
: manger halal, porter le voile, etc. «Avec le halal, nous ne sommes
pas dans le sacré. Le fidèle a seulement pour obligation d’alléger au
maximum la souffrance de l’animal», explique-t-il. Il assure en bon
théologien que le hijab et ses dérivés (niqab, foulard, burqa…) n’ont
absolument rien de sacré.
Tareq Oubrou appelle les musulmans à ne pas confondre religion et
identité. Il demande aux musulmans de renoncer «à une certaine
visibilité» pour redorer leur blason. «Il faut que les musulmans
puissent accorder leurs gestes à leur foi sans perturber le
fonctionnement de la société par des revendications outrancières, quitte
à renoncer à une certaine visibilité», estime cet imam qui a mené une
vaste réflexion théologico-canonique sur les conditions de l’expression
et de la pratique musulmane dans un espace sécularisé.
Extraits de Comment le voile est devenu musulman de Bruno-Nassim Aboudrar (Flammarion – mars 2014)
Il est certain que le voile musulman n’a qu’une place très mineure
dans la révélation. Il se peut que Muhammad ne l’ait pas voulu et que
les circonstances seules aient suggéré le verset qui en prescrit l’usage
aux musulmanes. Il n’est guère douteux non plus que le fiqh soit une
juridiction patriarcale tardive, parfois éloignée de l’esprit du Coran
et partiale dans le choix de sa lettre. La nouvelle exégèse
« féministe » musulmane serait entièrement convaincante si elle avait
convaincu et que ses positions étaient aujourd’hui majoritaires. Mais le
moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas le cas. Le voile résiste
dans l’islam contemporain avec le patriarcat, et même sans lui. «Jolpress»
Par Maya Zammit avec France Algerie.com
http://www.tunisiadaily.org/2015/03/31/le-voile-na-rien-de-sacre-il-ny-a-aucun-texte-qui-oblige-la-femme-a-se-couvrir-la-chevelure/
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