Par Brahim Dehane. président de l’Association sahraouie des victimes des violations des droits de l’homme (ASVDH), 25/11/2015
Brahim Dehane
Malgré des mois de torture, Brahim Dehane continue de se battre pour le respect des droits de l’homme et en faveur de l’indépendance de son pays, le Sahara occidental. Il affirme que pas moins de 650 détenus politiques, dont 500 civils, croupissent dans les geôles marocaines. Dans l’entretien qu’il nous a accordé à Madrid à l’occasion de la tenue de la 40e session des comités européens de soutien au peuple sahraoui (Eucoco), le président de l’ASVDH évoque la situation humanitaire et politique dans les territoires sahraouis occupés.
- Vous avez subi à plusieurs reprises la répression marocaine. Comment vous portez-vous aujourd’hui ?
Mon engagement en faveur de la libération de mon pays n’a jamais changé. J’ai été torturé et emprisonné comme beaucoup de mes concitoyens. Mais cela n’entame en rien notre combat. Je fais partie des premières personnes qui ont subi la disparition forcée. Entre 1987 et 1991, j’étais traîné d’un centre de détention à un autre.
J’étais en isolement total. J’avais les yeux bandés durant 3 ans et 7 mois. Pendant une année et demie, j’étais constamment menotté. Je n’avais les mains libres que pour manger ou aller aux toilettes. J’ai été arrêté une seconde fois comme détenu politique d’octobre 2005 à avril 2006, puis une seconde fois de 2009 à 2011. Depuis cette date, je suis officiellement en liberté provisoire. Mais je n’ai jamais été jugé. Ce qui ne m’empêche pas de poursuivre mon combat de manière publique. Je ne me cache plus.
- Plus globalement, quelle est la situation sur le plan des droits de l’homme dans les territoires occupés ? La récente visite du roi Mohammed VI a-t-elle amélioré les choses ?
La situation n’a pas évolué. Le royaume du Maroc poursuit sa politique de colonisation. Cela continue depuis l’occupation des territoires sahraouis. La dernière visite du roi Mohammed VI à Laâyoune a échoué. La visite a surtout visé à dilapider les richesses du Sahara occidental et à créer des richesses aux nouveaux colons. Or, le palais royal a présenté cela comme une «politique de développement». En effectuant cette visite, le roi du Maroc a violé la Convention de Genève qui, dans son article 49, interdit à toute puissance occupante d’exploiter ou de profiter de la richesse des colonies.
- Racontez-nous comment a été organisée cette visite...
Pour cette visite, la palais a ramené, de toutes les régions du Maroc entre 120 et 130 000 sujets. Ils se sont fait passer pour des policiers, des gendarmes ou des éléments des autres forces de sécurité. Ce sont ensuite ces gens-là qui sont sortis dans la rue pour faire l’apologie du roi. Cela rappelle étrangement la marche noire (Marche verte de 1975 qui a permis au Maroc d’occuper le Sahara occidental, ndlr). Le roi Mohammed VI n’a fait que suivre l’exemple de son père. Il n’a fait que reproduire le discours de 2004 où il divisait les Sahraouis en deux catégories : les traîtres et les mercenaires.
Or, dans les deux cas ce sont les Sahraouis qui sont visés. Sur le plan économique, toutes les promesses exprimées ne sont que de la poudre aux yeux. Ce sont, en gros, les mêmes promesses formulées par Hassan II et reprises par Mohammed VI. Le premier a promis, en 1985, une ligne de chemin de fer qui devait relier Marrakech à Laâyoune. Elle n’a jamais vu le jour et son fils vient de reformuler la même promesse. Ce ne sont que des promesses en l’air.
- Ne craignez-vous pas que ces promesses fassent basculer des Sahraouis dans le camp marocain ?
Cela ne changera rien. Pour nous, c’est une question de principe que de lutter pour l’indépendance de notre pays. Bien entendu, il y a des gens qui sont toujours tentés de collaborer avec l’ennemi. Il y a eu des supplétifs du temps de l’occupation espagnole. Il y en a eu sous la colonisation mauritanienne, et il y en a maintenant sous l’occupation marocaine. Et il y en aura toujours. Mais la très grande majorité des Sahraouis est acquise à l’indépendance et au combat libérateur. C’est la raison pour laquelle le Maroc a peur.
Mon engagement en faveur de la libération de mon pays n’a jamais changé. J’ai été torturé et emprisonné comme beaucoup de mes concitoyens. Mais cela n’entame en rien notre combat. Je fais partie des premières personnes qui ont subi la disparition forcée. Entre 1987 et 1991, j’étais traîné d’un centre de détention à un autre.
J’étais en isolement total. J’avais les yeux bandés durant 3 ans et 7 mois. Pendant une année et demie, j’étais constamment menotté. Je n’avais les mains libres que pour manger ou aller aux toilettes. J’ai été arrêté une seconde fois comme détenu politique d’octobre 2005 à avril 2006, puis une seconde fois de 2009 à 2011. Depuis cette date, je suis officiellement en liberté provisoire. Mais je n’ai jamais été jugé. Ce qui ne m’empêche pas de poursuivre mon combat de manière publique. Je ne me cache plus.
- Plus globalement, quelle est la situation sur le plan des droits de l’homme dans les territoires occupés ? La récente visite du roi Mohammed VI a-t-elle amélioré les choses ?
La situation n’a pas évolué. Le royaume du Maroc poursuit sa politique de colonisation. Cela continue depuis l’occupation des territoires sahraouis. La dernière visite du roi Mohammed VI à Laâyoune a échoué. La visite a surtout visé à dilapider les richesses du Sahara occidental et à créer des richesses aux nouveaux colons. Or, le palais royal a présenté cela comme une «politique de développement». En effectuant cette visite, le roi du Maroc a violé la Convention de Genève qui, dans son article 49, interdit à toute puissance occupante d’exploiter ou de profiter de la richesse des colonies.
- Racontez-nous comment a été organisée cette visite...
Pour cette visite, la palais a ramené, de toutes les régions du Maroc entre 120 et 130 000 sujets. Ils se sont fait passer pour des policiers, des gendarmes ou des éléments des autres forces de sécurité. Ce sont ensuite ces gens-là qui sont sortis dans la rue pour faire l’apologie du roi. Cela rappelle étrangement la marche noire (Marche verte de 1975 qui a permis au Maroc d’occuper le Sahara occidental, ndlr). Le roi Mohammed VI n’a fait que suivre l’exemple de son père. Il n’a fait que reproduire le discours de 2004 où il divisait les Sahraouis en deux catégories : les traîtres et les mercenaires.
Or, dans les deux cas ce sont les Sahraouis qui sont visés. Sur le plan économique, toutes les promesses exprimées ne sont que de la poudre aux yeux. Ce sont, en gros, les mêmes promesses formulées par Hassan II et reprises par Mohammed VI. Le premier a promis, en 1985, une ligne de chemin de fer qui devait relier Marrakech à Laâyoune. Elle n’a jamais vu le jour et son fils vient de reformuler la même promesse. Ce ne sont que des promesses en l’air.
- Ne craignez-vous pas que ces promesses fassent basculer des Sahraouis dans le camp marocain ?
Cela ne changera rien. Pour nous, c’est une question de principe que de lutter pour l’indépendance de notre pays. Bien entendu, il y a des gens qui sont toujours tentés de collaborer avec l’ennemi. Il y a eu des supplétifs du temps de l’occupation espagnole. Il y en a eu sous la colonisation mauritanienne, et il y en a maintenant sous l’occupation marocaine. Et il y en aura toujours. Mais la très grande majorité des Sahraouis est acquise à l’indépendance et au combat libérateur. C’est la raison pour laquelle le Maroc a peur.
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