Par
Ali Abunimah publié
le jeudi 27/11/2014.
« Ne
récompensez pas Israël pour le massacre de Gaza ».
C’est
le message que les Palestiniens demandent aux peuples du monde de transmettre
aux autorités des Nations Unies pour qu’elles cessent d’être complices du siège
israélien de Gaza qui continue.
Cet
appel intervient alors qu’il est de plus en plus clair que le soi-disant
Mécanisme de Reconstruction de Gaza négocié entre Israël et l’ONU a
échoué.
La
fermeture du territoire, qui abrite près d’1,8 millions de Palestiniens, imposée
en 2007, est restée aussi stricte que jamais en dépit de promesses de 5,4
milliards de dollars pour l‘aide à la reconstruction à la suite de l’attaque
israélienne de l’été qui a tué plus de 2 200 personnes et laissé Gaza presque
totalement dévasté.
La
complicité de l’ONU et des entreprises criminelles
Alerte
par mail du BNC (comité national du boycott) aujourd’hui : « il est temps que
l’ONU se rende compte de l’ampleur de l’indignation au moment où des précisions
se font jour sur la complicité de l’ONU dans le maintien de Gaza en état de
siège et sur la façon dont les entreprises israéliennes vont profiter de la
reconstruction de Gaza »
Le
BNC, le groupe dirigeant de la campagne palestinienne de boycott,
désinvestissement, sanctions, a prévenu que « les entreprises qui sont prêtes à
empocher des profits par la fourniture de matériaux de reconstruction sont des
entreprises criminelles ».
Cela
comprend des entreprises telles que les cimentiers Nesher & ReadyMix qui
« pillent les ressources naturelles palestiniennes et participent à la
construction des colonies illégales » a déclaré le BNC.
Pas
de reconstruction
En octobre, l’Intifada électronique a révélé les détails du Mécanisme de
Reconstruction de Gaza, négocié avec Israël par Robert Serry, le coordinateur
spécial de l’ONU pour le Processus de Paix au Moyen Orient
(UNSCO).
L’Intifada
électronique a révélé que l’arrangement secret met effectivement l’ONU en
position d’autorité sur la poursuite du siège de Gaza.
Sous
couvert de la reconstruction, l’ONU pilote et rassemble des informations
précises d’ordre privé sur les familles palestiniennes à prendre en charge par
Israël qui a un droit de veto sur le choix des familles qui peuvent obtenir de
l’aide pour la reconstruction de leur maison.
Et,
en dépit des promesses selon lesquelles l’accord permettrait au moins aux
Palestiniens devenus sans abri à cause des bombardements israéliens de
reconstruire rapidement, le mécanisme ne marche pas.
Les
28 camions de ciment entrés aujourd’hui à Gaza ne sont que la deuxième livraison
de matériaux de construction pour le secteur privé depuis l’assaut de l’été,
selon l’agence de presse Ma’an News.
C’est
une petite goutte d’eau dans le seau, qui suit une précédente livraison, petite
également, de 75 camions il y a plus d’un mois.
L’ONU
estime que plus de 100 000 maisons ont été endommagées ou détruites dans les
attaques israéliennes, ce qui a touché plus de 600 000 personnes - un tiers de
la population de Gaza.
Raes
Fattuh, un responsable de l’autorité palestinienne basée à Gaza, a dit à
l’agence Ma’an que les livraisons ont été interrompues par Israël depuis
octobre.
Le
coup de sifflet de l’UNWRA
Même
l’UNWRA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, qui a au départ
accueilli avec précaution le Mécanisme de reconstruction de Gaza, y va
maintenant de son coup de sifflet.
Pierre
Kräkenbuhl, commissaire général de l’UNWRA, a dit la semaine dernière que
« malgré de premiers résultats, le processus de reconstruction s’avère beaucoup
trop lent et particulièrement inefficace ».
« Si
cela continue, nous arriverons à l’hiver sans progrès dans la reconstruction des
maisons de ceux, nombreux, qui sont encore déplacés, dont ceux qui se trouvent
encore dans les écoles de l’UNWRA. Les habitants de Gaza méritent plus et mieux
que cela » a-t-il ajouté.
La
patate chaude
L’accord
négocié par Serry pour l’ONU a nourri la colère parmi les Palestiniens et le
trouble dans les organisations internationales d’aide. Mais ces dernières ont
largement échoué à se faire entendre.
Au
cour des dernières semaines, les grandes organisations d’aide ont gardé le
silence sur la critique du Mécanisme de Reconstruction de
Gaza.
Par
exemple, Oxfam, l’une des plus grosses ONG d’aide qui travaillent dans les
territoires occupés de Cisjordanie et à Gaza, a, à plusieurs reprises, décliné
les demandes de commentaires consistants de la part de l’Intifada électronique
sur le Mécanisme de Reconstruction de Gaza.
Un
représentant d’Oxfam a donné une réponse dans ces termes : « nous n’estimons pas
être les mieux placés pour donner des commentaires sur le
mécanisme ».
« Pour
des informations plus précises » a-t-il ajouté, « nous suggérons de contacter
AIDA ou UNSCO qui ont négocié l’accord ».
Mais
lorsque l‘Intifada électronique a contacté AIDA, l’association des agences de
développement international basée à Jérusalem occupée, il lui a été dit qu’AIDA
n’est qu’un organe de coordination qui n’a pas à faire de commentaires. La
suggestion était de s’adresser à ses membres, dont Oxfam fait
partie.
Joint
par téléphone, Nick O’Reagan, directeur régional de l’UNOPS, le bureau de l’ONU
pour les services d’appui aux projets qui est le responsable opérationnel pour
le plan de Gaza, s’est refusé à parler de ce sujet avec l’Intifada
électronique.
Il
semble que les agences d’aide rivalisent dans l’art de se passer la patate
chaude et sont - pour quelle raison ? – réticentes à critiquer l’échec d’un
mécanisme qui a été facturé par l’ONU comme étant le salut pour les victimes
palestiniennes du dernier spasme de violence d’Israël.
L’ONU
reconnaît des défaillances
Nicole
Ganz, porte-parole de l’UNSCO, a refusé de s’exprimer directement sur les
critiques du BNC mais a orienté l’Intifada électronique vers les deux
déclarations précédentes de Robert Serry ce mois-ci.
Dans
une déclaration du 21 novembre, Serry a reconnu – bien que de façon allusive –
l’échec de son mécanisme à relancer la reconstruction à
Gaza.
Serry
a aussi annoncé que l’ONU, Israël et les services de Ramallah de l’Autorité
palestinienne, étaient arrivés à une « meilleure compréhension » en vue de
commencer à débloquer le flux de matériaux de
construction.
C’est
ce qui a sans doute abouti à la petite livraison de ciment d’aujourd’hui, mais
même Fattuh de l’AP a dit à l’agence de presse Ma’an qu’il ne savait absolument
pas si cette livraison n’était pas faite une fois pour
toutes.
Serry
a aussi déclaré que « des précautions spéciales ont été prises pour éviter
l’utilisation abusive de renseignements personnels sur ceux qui souhaitent
accéder au mécanisme ». C’est une réponse vague à l’indignation palestinienne
face à la possibilité pour Israël d’utiliser des informations obtenues via
l’établissement par l’ONU des besoins sur des familles palestiniennes dans le
but d’opposer son veto sur qui obtient de l’aide.
Le
manque de transparence de l’ONU sur le mécanisme signifie qu’il est impossible
d’évaluer les allégations de Serry sur les
« précautions ».
Mais
Serry a aussi admis que les « ressources existantes » ne suffisent pas et a
exhorté les États donateurs à « mettre à disposition d’urgence » les fonds sur
lesquels ils s’étaient préalablement engagés.
Ce
responsable de l’ONU a également fait appel « à toutes les parties concernées à
apporter leur plein soutien pour rendre le mécanisme opérationnel à l’échelle
nécessaire » - suggérant ainsi qu’on en est loin.
Serry
continue à présenter l’ONU comme simple soutien de l’Autorité palestinienne dans
la mise en place d’un accord dont l’AP serait responsable en dernière analyse.
Mais en réalité, c’est Serry lui-même qui a négocié et promu le Mécanisme de
Reconstruction de Gaza ; c’est pourquoi la colère palestinienne est dirigée de
façon croissante contre l’ONU.
Serry
dit qu’il « continue à croire que s’il est mis en œuvre de bonne foi, (le
Mécanisme de Reconstruction de Gaza) serait un pas en avant vers la possibilité
de lever les fermetures qui demeurent ».
C’est
une croyance que peu de Palestiniens partagent. Nombre d’entre eux croient
plutôt, avec le désespoir croissant à Gaza tandis que la température hivernale
baisse, que l’ONU aide Israël à donner une couverture internationale à son siège
et aussi bien à en tirer des profits.
Agir
maintenant
Le
message du BNC est que les Palestiniens de Gaza ne peuvent plus attendre et
qu’ils ne vont certainement pas compter sur la « bonne foi »
d’Israël.
Le
BNC propose, sur son site internet, un formulaire simple permettant d’envoyer
des messages aux plus hauts responsables de l’ONU, Serry
compris.
« Agissez
tout de suite en envoyant un message aux responsables clef de l’ONU, les
pressant d’empêcher Israël de tirer profit de la destruction de Gaza et
d’adopter une politique d’achats excluant les entreprises criminelles des appels
d’offres pour la reconstruction de Gaza » c’est la demande du
BNC.
Le
BNC en appelle aussi aux Européens pour qu’ils exigent la suspension de l’accord
d’association UE-Israël, l’accord de libre-échange qui permet à Israël l’accès
aux marchés et aux financements européens.
Traduction
SF pour l’Agence Media Palestine
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